| CONQUISTADOR, subst. masc. A.− Conquérant espagnol du Nouveau Monde. Dans la conquête du Nouveau Monde (...) les « conquistadores » ont été conquis par les femmes indigènes, Cortez par Marina (...); Pizarro et sa poignée de farouches aventuriers par les prêtresses des Incas; les Espagnols égarés parmi les volcans dans les Cordillères des Andes par les gardiennes des temples élevés au culte du soleil sur les plus hauts sommets de Bolivie (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 361): 1. ... qui ne connaît le trésor de Moctezuma, au Mexique, celui d'Atahualpa au Pérou, sur lesquels firent main basse les conquistadores espagnols, au cours du xviesiècle, en même temps qu'ils exploitaient les ressources naturelles des territoires qu'ils venaient d'ajouter aux domaines du roi d'Espagne.
L'Hist. et ses méthodes,1961, p. 341. − P. anal. et iron. Personne dont l'aspect physique, le comportement rappellent ceux d'un conquérant du Nouveau Monde. Marguerite Moreno dormait, son nez de conquistador tourné vers l'aventure (Colette, Ces plaisirs,1932, p. 93).Il a beau se camper en héros (...) son allure de conquistador à la Barrès (Gide, Journal,1948, p. 325).Il [Blaise] marchait d'un pas brutal de vainqueur (...) Un conquistador en vérité, un caïd, un malabar (A. Arnoux, Pour solde de tout compte,1958, p. 271). ♦ Emploi adj. Il lui écrivit de son écriture de plus en plus conquistador : ferme, énergique, magnifique (Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 895). ♦ Par personnification. Ces dévorants [les camions], ces conquistadors qui ne s'arrêtent jamais (A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 282). B.− P. métaph. Personne qui conquiert, qui se distingue par des qualités d'ordre social, moral, intellectuel. J'avais choisi un conquistador, un prince solitaire, un homme dix fois plus mâle, plus intelligent, plus maître de lui, plus prestigieux que les autres (Montherlant, Les Jeunes filles,1936, p. 1027): 2. Il y a deux catégories d'hommes : ceux qui dirigent et ceux qui sont dirigés. Les premiers sont les créateurs, littéraires, artistiques, scientifiques, politiques. En somme, les conquistadores : conquête de la pensée par l'écrivain, de la beauté par l'artiste, de la vérité par le savant et le philosophe, du pouvoir par le politique.
Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1385. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃kistadɔ:ʀ]. Pour Mart. Comment prononce 1913, p. 290, le mot a gardé l'u : [kɔ
̃kwistadɔ:ʀ] contrairement à q(u)ipos, liq(u)idambar, basq(u)ine, q(u)ina, q(u)inine, q(u)inq(u)ina. Au plur. des conquistadores qui correspond au plur. esp. À comparer avec les mots du domaine de l'arène du type matador, picador, toréador qui prennent un plur. fr. : matadors, picadors, toréadors. Étymol. et Hist. 1841 Conquistador [en italique dans le texte, surnom de Jacques Ier] (G. Sand ds R. deux Mondes, 529 ds Quem.); 1885 conquistador (A. Daudet, Tartarin sur les Alpes, p. 42). Mot esp. attesté dep. 1571 (A. de Molina d'apr. Al.), dér. de conquistar « conquérir », dér. de conquista « conquête », proprement part. passé fém. de l'a. esp. conquerir, du lat. conquirere (conquérir*). Fréq. abs. littér. : 26. |