Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
CONGÉ1, subst. masc.
I.− [L'idée dominante est celle de possibilité] Permission pour quelqu'un de s'éloigner d'une personne ou d'un lieu auxquels on est lié par des obligations.
A.− [L'obligation est de nature morale ou procède des usages; l'éloignement est définitif ou pour une certaine durée]
1. Demander congé à qqn (vieilli); prendre congé de qqn (usuel). Lui rendre visite pour lui demander la permission de s'éloigner. Prendre congé de ses hôtes. Il part pour une mission à l'étranger et il a déjà pris congé du ministre (Ac.1932) :
1. M. de Charlus recommença, au moment où, la musique finie, ses invités prirent congé de lui, la même erreur qu'à leur arrivée. Proust, La Prisonnière,1922, p. 266.
a) DIPLOM. Audience de congé. Dernière audience officielle qu'un ambassadeur sollicite d'un chef d'État avant de quitter définitivement son poste. Avoir, prendre son audience de congé.
b) HIST. LITTÉR. Pièce de vers d'inspiration bourgeoise (xiiies., Arras) où les poètes, pour des motifs variés, demandent à leurs amis l'autorisation de quitter leur cité et leur adressent des adieux où l'émotion voisine avec l'humour (P. Le Gentil, Litt. fr. du Moy. Âge, Paris, Colin, 1963, p. 79).
2. P. hyperb. Prendre congé de qqn (rendre visite à qqn pour). Lui faire ses adieux avant une absence de quelque durée. Prendre congé de ses amis.
P. euphém. Prendre congé de la vie. Mourir de mort naturelle (mais lucide) ou par suicide :
2. L'opération réussit, il est vrai, mais la laissa trop affaiblie; Anna ne put s'en remettre et prit congé de la vie à sa modeste manière, si doucement et discrètement qu'on ne s'aperçut point qu'elle mourait, mais seulement qu'elle était morte. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 507.
3. P. ext., vieilli. Permission, autorisation. Se marier sans le congé de ses parents (Ac. 1878-1932) :
3. Mais alors, se souvenant de ce que lui avait dit le vieux prêtre, de penser en toute rencontre que Dieu était présent et que rien n'arriverait sans son congé, elle prit sa résolution et elle alla vers l'arbre. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 125.
Proverbe. Pour boire de l'eau et coucher dehors, on ne demande congé à personne (Ac.).
4. P. méton.
a) Absence du lieu d'habitation pour cause de service militaire :
4. Soldat, il avait fait plusieurs congés, au temps où chacun d'eux durait sept ans. Ayant roulé sa bosse par toute la terre, les voyages lui avaient laissé toutes sortes de souvenirs, des aventures survenues chez les Turcs, chez les Yolofs, au Mexique et sur la côte du Sénégal. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 32.
b) DR. CIVIL. Congé faute de plaider. Absence du demandeur constatée par le tribunal à l'instigation du défendeur à l'avantage duquel est prononcé le défaut.
B.− [L'obligation et la permission sont de nature contractuelle ou réglementaire]
1. [En parlant d'un employé p. rapp. à son employeur ou inversement] Demander, accorder un congé. Demander, accorder la permission dans les formes prévues par le contrat, de quitter un emploi. Un domestique qui s'est retiré sans congé (Ac. 1835, 1878).
2. DR. PUBL. [En parlant du droit d'un agent p. rapp. à son supérieur] Permission individuelle ou collective de s'absenter de son lieu de travail, d'interrompre son travail dans les conditions prévues par le règlement. Demander, obtenir, accorder un congé; donner congé à qqn :
5. On nous a donné congé parce qu'au fond, il n'y a pas grand'chose à faire à l'usine, ... Aragon, Les Beaux-quartiers,1936, p. 259.
P. méton.
Position d'une personne jouissant d'une telle permission. Être en congé.
Période durant laquelle vaut cette permission. Les congés. Les jours de congé. Pendant le congé de qqn, pendant les congés.
En partic.
Congé parlementaire. Permission individuelle accordée à un parlementaire. Ce député a demandé un congé à la Chambre pour cause de maladie.
ARM. Autorisation individuelle d'absence d'une durée supérieure à trente jours :
6. Le général quitta l'île, revint au quartier général, il allégua des raisons de santé, demanda un congé et retourna promptement en France. Balzac, La Duchesse de Langeais,1834, p. 214.
ENSEIGN., FONCTION PUBL., etc. Vacances collectives de courte durée (p. oppos. aux grandes vacances d'été). Congé de l'Ascension; avoir congé (fam.). C'est demain congé (Ac.). Congé de deux jours; congés mobiles* (les jours de congé mobile).
Rem. Pour les congés de durée moyenne, il y a hésitation entre les mots congés (au plur. : les jours de congé) et vacances : les congés, les vacances de Noël, de Pâques.
DR. DU TRAVAIL
Autorisation individuelle ou collective d'absence accordée aux salariés ou aux fonctionnaires dans certaines conditions prévues par la législation.
Autorisation individuelle à caractère exceptionnel. Un congé de maladie, de maternité, d'éducation. Un congé de longue durée. Congé accordé pour soigner certaines maladies graves. Un congé pour convenances personnelles.
Au plur. Autorisation à caractère collectif et automatique. Les congés payés. Période annuelle de congé avec salaire accordée à tout salarié. P. ell., fam. Les salariés qui en bénéficient :
7. ... nous n'avions pas pensé au pont du 15 août. Les domestiques étaient de sortie et avaient emporté les clés de la cuisine, du bûcher et de la cave, et, en ville, tout était fermé, les banques, les boutiques, ou envahi, les bars et les restaurants, par la foule des congés-payés, ... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 370.
3. P. ext. et p. méton., DR. Autorisation accordée à quelqu'un de faire circuler des marchandises ou des véhicules transportant des marchandises.
a) DR. FISCAL. Autorisation de transporter des marchandises soumises à l'impôt indirect; en partic. congé pour le transport des alcools, des vins. Cf. laissez-passer; p. méton. titre attestant le paiement des droits de congé.
b) DR. MAR. Congé de navigation. Autorisation de naviguer délivrée par la douane aux navires de commerce :
8. Les droits de congé ou de passeport frappent les navires à la sortie, suivant qu'il s'agit de navires français ou de navires étrangers. M. Benoist, F. Pettier, Les Transp. mar.,1961, p. 206.
II.− P. euphém. de I [L'idée dominante est celle d'une obligation à quitter un lieu de travail ou une pers.]
A.− [La décision appartient indifféremment aux deux parties contractantes]
1. Contrat de travail (s'emploie habituellement avec le possessif de la personne).
Donner son congé à un employé. Le renvoyer. Synon. congédiement, licenciement :
9. ... elle [Nadine] m'a trouvé du jour au lendemain une femme de ménage jeune, soignée, zélée qui s'appelait Marie. J'ai bien failli d'ailleurs lui donner son congé dès la première semaine. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 161.
Demander, donner son congé à son patron. Manifester la volonté de quitter son service. Synon. démission.
Loc. J'ai pris mon congé sans attendre qu'on me le donnât (Ac.1835-1932).
2. Contrat de louage
Donner congé à un locataire, à un propriétaire :
10. 1736. Si le bail a été fait sans écrit, l'une des parties ne pourra donner congé à l'autre qu'en observant les délais fixés par l'usage des lieux. Code civil,1804, art. 1736, p. 316.
P. méton. Note écrite signifiant qu'on met un terme à une location.
B.− [La décision n'appartient qu'à la partie juridiquement ou socialement la plus forte] Donner, signifier son congé à qqn. Lui intimer l'ordre de partir ou de ne plus reparaître :
11. Quand Antinéa, en souriant comme elle le fait sans cesse, signifia son congé au petit Kaine, il resta devant elle, muet, très pâle. Benoit, L'Atlantide,1919, p. 229.
P. ext. [En parlant des parents] Éconduire définitivement un prétendant à la main d'une fille. Il cherchait cette (jeune) fille en mariage, mais on lui a donné son congé, il a eu son congé (Ac.1835-1932).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃ ʒe]. Enq. : /kõʒe/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xes. cumgiet « autorisation de s'en aller » (Vie de St Léger, 84, éd. J. Linskill); mil. xies. prendre congiet (Vie de St Alexis, 598, éd. G. Paris); 2. ca 1130 cunged « autorisation en général » (Lois de Guillaume, 4, éd. J. E. Matzke); 3. 1265-66 doner congié « congédier » (Assises de Jérusalem, Livre de Jean Ibelin, éd. Beugnot, t. I, p. 210); 4. 1602 comm. « autorisation de transport » (Edit sept. 1602 ds Kuhn, p. 204). Du lat. class. commeātus, propr. « action de circuler », d'où « congé, permission », dér. de commeāre « voyager, circuler ». Fréq. abs. littér. : 1 496. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 973, b) 2 421; xxes. : a) 2 367, b) 1 956. Bbg. Gohin 1903, p. 291. − Munster (V.). Die Entwicklung des Fremdenverkehrs... Der Österreichische Betriebswirt. 1961, t. 11, p. 245.