| CONGRÉGATION, subst. fém. A.− Réunion, rassemblement d'un grand nombre de personnes. L'Assemblée Constituante (...) la plus illustre congrégation populaire qui ait jamais paru chez les nations (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 224). − P. métaph. Sansonnets, tantôt perchés, tantôt bruissant des ailes, congrégation des airs (Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 216). − [Par calque étymol. du lat. de la Vulgate (Genèse, I, 10)] Cette congrégation des eaux, qui est Marie (Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 268). B.− RELIGION 1. Domaine de la vie relig. a) Vieilli. Assemblée des fidèles. Les congrégations d'Israël (Saint-Martin, L'Homme de désir,1790, p. 39).L'Église chrétienne (...) adaptant intérieurement à la congrégation humaine ses avenues et son chœur (Claudel, Art poétique,1907, p. 207). b) Usuel − Association de religieux, réguliers ou séculiers, ou de religieuses, liés par les vœux simples ou par une promesse d'obéissance. Congrégation de l'Oratoire, du Saint-Esprit. − Groupement de moines qui, à l'intérieur d'un ordre religieux, relèvent d'une obédience particulière. Congrégation de France, de Saint-Maur : 1. ... nous vous recevons dans notre société de fraternité, vous donnant part à toutes les bonnes œuvres qui se font avec le secours du Saint-Esprit dans la congrégation de France de l'ordre de Saint Benoît.
Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 36. SYNT. Congrégation enseignante, hospitalière, religieuse; autorisée, non-autorisée; loi sur les congrégations; appartenir à une congrégation. Rem. Fréquemment empl. au plur., surtout dans le vocab. pol. des années 1900, désigne toute association de religieux ou de religieuses : 2. M. Worms-Clavelin disait encore :
− La république ne fait pas une guerre systématique aux curés. Et, si les congrégations s'étaient soumises à la loi, bien des contrariétés leur eussent été évitées. Et M. Guitrel protestait :
− Il y a une question de droit. Je l'eusse tranchée en faveur des congrégations. Il y a aussi une question de fait. Les congrégations faisaient beaucoup de bien.
A. France, L'Orme du mail,1897, p. 36. − Confrérie de laïques qui s'exercent à la piété et à la charité. Congrégation de la Vierge, des Enfants de Marie : 3. ... les saintes reliques descendues et promenées autour de la ville, précédées de la longue procession des divers ordres religieux, confréries, corps de métiers, congrégations de pénitents, théories de femmes voilées, écoliers de l'université, desservants des hospices, soldats sans armes ou les piques renversées; ...
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 4, 1848, p. 63. − Spéc., HIST. ECCL., en emploi abs., au sing., vx. La Congrégation. Sous la Restauration, association religieuse importante et en partie secrète, à laquelle on prêta des menées subversives. Ce jeune vicaire (...) qui passait pour être l'espion de la Congrégation (Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 23). c) P. anal. Petit groupe restreint ou fermé, ayant souvent un esprit de chapelle ou d'intrigue. L'heure où commençait à paraître l'Encyclopédie, où la congrégation des philosophes allait régner sans partage (Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 8, 1851-62, p. 275).Il (...) se tint à l'écart, pur de toute congrégation et de toute intrigue (Sainte-Beuve, Portraits contemporains,t. 1, 1846-69, p. 404).La porcine congrégation des sycophantes de la libre pensée (Bloy, Le Désespéré,1886, p. 55).Les petites congrégations flottantes de la pensée dite libre ou autonome (Maurras, L'Avenir de l'intelligence,1905, p. 84): 4. Il [Claude Frollo] avait pris place tour à tour (...) aux conférences des théologiens en Sorbonne, aux assemblées des artiens à l'image Saint-Hilaire, aux disputes des décrétistes à l'image Saint-Martin, aux congrégations des médecins au bénitier de Notre-Dame, ...
Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 188. 2. Domaine de l'admin. eccl. a) Commission de la Curie romaine, chargée de questions relatives à l'administration de l'Église catholique. Un règlement de la sacrée congrégation des rites est intervenu pour proscrire les sabbats musicaux dans les lieux saints (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 227). b) Division ecclésiastique dans certaines églises protestantes. SYNT. Congrégation de l'Index (vieilli), des évêques, de la Propagande, des rites; congrégation romaine, sacrée congrégation. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃gʀegasjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1120 congregatiun « rassemblement, assemblée » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, ps. 61, v. 8) − 1611, Cotgr.; 2. av. 1622 « communauté religieuse » (Fr. de Sales, Lettres, 1004 [XVI, 237] ds Hug., s.v. urseline); 3. av. 1630 « commission de cardinaux » (D'Aubigné, Mémoires, CXXIX ds Gdf. Compl. [1542, date de la fondation de la Congrégation de l'Inquisition]); 4. a) 1680 « association de laïques » (Rich.); b) 1827 pol. la Congrégation fondée en 1814 (Fongeray, Les Soirées de Neuilly, p. 251); 5. 1801 religion protestante « (aux USA) assemblée de fidèles, paroisse » (Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 2, p. 346). Empr. au lat. congregatio « réunion, assemblée », spéc. « communauté religieuse » en lat. médiév. (546 ds Nierm.). Sens 5 empr. à l'angl. congregation « id. » (xvies. ds NED). Fréq. abs. littér. : 416. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 657, b) 285; xxes. : a) 1 130, b) 374. DÉR. Congrégation(n)iste,(Congrégationiste, Congrégationniste) subst.Membre de la Congrégation. L'abbé du Saillard, grand congrégationniste chargé de surveiller les curés du voisinage (Stendhal, Lamiel,1842, p. 25).Attesté ds Lar. 19eSuppl. 1878, Nouv. Lar. ill., Lar. 20eet Quillet 1965, avec le sens de « partisan des congrégations religieuses ».− 1reattest. 1842 (Stendhal, loc. cit.); de congrégation, suff. -iste*. − Fréq. abs. littér. : 1. |