| CONFRONTATION, subst. fém. A.− DR. PÉNAL. Action de confronter un prévenu avec sa victime ou un témoin (cf. confronter II A). Confrontation des témoins. Il faut bien aboutir, devant l'une ou l'autre juridiction, à la confrontation d'Esterhazy avec les experts qui le contredisent (Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 102).Une confrontation entre les prévenus et le plaignant aura lieu la semaine prochaine (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p. 2, col. 8). B.− P. ext. 1. [Des pers. sont mises en présence, mais hors du contexte jur.; cf. confronter II B 1, III A 1 et 2, III B 2] De toutes les tâches qu'il [Beethoven] a assumées, celle-ci − la « Messe » − la confrontation de l'homme avec son Dieu − est la plus haute (R. Rolland, Beethoven,t. 2, 1928, p. 328).Me voilà seul, en face de moi-même. Pour cette confrontation-là, il n'y a pas d'attitude à prendre, ni d'illusions à ménager (De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 261). 2. [Des pers. sont mises face à qqc.; cf. confronter II B 2 et III A 2] Tieck a connu, pour ne jamais y revenir, une confrontation avec le divin, qui a pris la forme d'une apparition lumineuse (Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 224). 3. [Des choses sont mises en présence] a) [L'idée dominante est celle de face à face] J'avais besoin d'une grandeur. Je la trouvais dans la confrontation de mon désespoir profond et de l'indifférence secrète d'un des plus beaux paysages du monde (Camus, L'Envers et l'endroit,1937, p. 101): 1. La conclusion dernière du raisonnement absurde est (...) le rejet du suicide et le maintien de cette confrontation désespérée entre l'interrogation humaine et le silence du monde.
Camus, L'Homme révolté,1951, p. 16. b) [À l'idée de face à face s'ajoute celle d'appréciation par comparaison; cf. confronter II B 2] Action de confronter (des choses, des faits, des idées, etc.) pour mettre en évidence les rapports de ressemblance ou de différence sur lesquels fonder son opinion. La confrontation de notre souvenir à la réalité nouvelle (Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 917).Une œuvre d'art vaut par elle-même et non par les confrontations qu'on peut faire avec la réalité (Jacob, Le Cornet à dés,1916, préf., p. 17).L'expérience de confrontation à laquelle je me suis livré ces derniers jours entre les journaux dictés et ceux, plus anciens, écrits à la main (Du Bos, Journal,1927, p. 387). c) [À l'idée de face à face s'ajoute celle d'affrontement, d'antagonisme, de conflit; cf. confronter II B 3] Action de confronter, de mettre face à face, de faire s'affronter, s'opposer (des choses). Croire, c'est refuser de mettre en balance; il y a, à la racine de la foi, une volonté de non-confrontation (Marcel, Journal métaphysique,1919, p. 216): 2. ... le grandissement de David. Cela est énorme. C'est la confrontation extraordinaire − du pouvoir établi et du pouvoir personnel − qui s'établit. Ce conflit est le fond philosophique de l'affaire actuelle.
Valéry, Correspondance[avec Gide], 1898, p. 338. − En partic. Débat permettant à chacun d'exposer et de défendre son point de vue, face aux points de vue comparés des autres participants; conversation durant laquelle les interlocuteurs s'affrontent. Les conversations avec Xavière dégénéraient aussitôt en confrontations haineuses (S. de Beauvoir, L'Invitée,1943, p. 401).La mauvaise conscience aspire à l'aveu et au pardon, la conscience inquiète à la confrontation et au dialogue (Mounier, Traité du caractère,1946, p. 487): 3. ... la confrontation des idées, dès lors qu'elle met en cause les errements accoutumés et les hommes en place, revêt le tour intransigeant des querelles théologiques.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1954p. 14. Rem. On rencontre ds la docum. le synon. vieilli confrontement, subst. masc. L'une des seules positions philosophiques cohérentes, c'est ainsi la révolte. Elle est un confrontement perpétuel de l'homme et de sa propre obscurité. Elle est exigence d'une impossible transparence. (Camus, Le Mythe de Sisyphe, 1942, p. 77). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃fʀ
ɔ
̃tasjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1341 « partie limitrophe de deux propriétés » (Arch. JJ 73, fo272 rods Gdf.) − 1593, Charron ds Hug.; 2. a) 1585 confrontations de tesmoings (N. du Fail, Contes d'Eutrapel, t. 1, p. 215 ds IGLF); b) 1690 confrontation des écritures (Fur.). Empr. au lat. médiév. confrontatio attesté en 1080 au sens de « partie limitrophe de deux propriétés » et au xiiies. au sens de « collationnement de deux choses en vue d'une comparaison » (v. Du Cange). Fréq. abs. littér. : 183. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 144, b) 119; xxes. : a) 148, b) 502. Bbg. Nouv. venus. Amis lex. fr. Lex. dern. 1975, no2, p. 3. |