| CONFLAGRATION, subst. fém. LITTÉRAIRE A.− Incendie, embrasement, déflagration d'une grande vigueur et d'une grande étendue. Immense conflagration; conflagration effroyable, céleste. Conflagrations dévorantes que nos chasseurs allument au milieu des plaines herbées (Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie,t. 2, 1801, p. 99): 1. Une étoile, un soleil, peut faire explosion. Si le bruit d'une conflagration aussi effroyable pouvait se transmettre jusqu'à nous, nous ne l'entendrions qu'au bout de « trois millions sept cent quatre-vingt-quinze mille ans »!
C. Flammarion, Astron. pop.,1880, p. 381. − En partic. Conflagration de l'univers, universelle, ... Fin du monde par le feu : 2. La plus terrible des catastrophes imaginables, la conflagration de l'univers, que pourrait-elle être autre chose que le pétillement, l'éclat et l'évaporation d'un grain de poudre à la chandelle?
J. Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 143. B.− P. métaph. ou au fig. 1. [L'idée dominante est celle de cataclysme, de grand bouleversement dévastateur] a) [Au plan humain] Profond bouleversement sociopolitique d'une ou de plusieurs nations; en partic. déclenchement d'un conflit armé où de nombreux pays sont engagés : 3. Depuis la fin de la dernière guerre, l'unique alternative à une nouvelle conflagration est un plan de développement mondial.
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 276. SYNT. Conflagration européenne, générale, mondiale, universelle; menace de conflagration, symptômes d'une conflagration future; amener une grande conflagration. b) [Au plan abstr.] Rare. Bouleversement, conflit : 4. ... j'en arrive presque à me demander... si les guerres ne seraient pas plutôt le résultat d'un obscur, d'un indomptable conflit de passions, auquel la conflagration des intérêts servirait seulement d'occasion, de prétexte...
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 608. 2. [L'idée dominante est celle de déflagration, d'explosion; au plan abstr.] :
5. Étonnez-vous après cela, (...) de la soudaine conflagration de tous ces griefs accumulés et de ces scènes de ménage (...) de cette furie déchaînée...
Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 225. Rem. 1. Guérin 1892 enregistre le verbe pronom. se conflagrer, qualifié de néol., avec le sens « s'enflammer, faire une conflagration » et un passage de Ch. Nodier : Toute cette puissance effrayante d'éléments confus, discords, irrités, qui se heurtent, se combattent, se conflagrent 2. Rheims 1969 enregistre le verbe trans. conflagrer, qualifié de néol. ,,Calqué sur le latin cumflagrare, brûler, avec influence sémantique de conflagration, embrasement, bouleversement politique`` et un passage de G. Kahn, Le Roi fou, p. 7 : D'autres menus griefs conflagrèrent la révolution. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃flagʀasjɔ
̃]. Ds Ac. 1694, puis ds Ac. 1798-1932; absent de Ac. 1718-1762. Étymol. et Hist. [Ca 1375 Raoul de Presles, Cité de Dieu, XX, 18, édit. 1531 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 470] 1488 [édit. 1491] « embrasement général » (La Mer des Histoires, I, 25c ds Rom. Forsch., t. 32, p. 35); av. 1791 fig. (Mirabeau, Collect. t. II, p. 185 ds Littré). Empr. au lat. impérial conflagratio de même sens, au propre et au figuré. Fréq. abs. littér. : 44. Bbg. Gohin 1903, p. 342. |