| CONCÉDER, verbe trans. A.− [Avec une idée de supériorité, parfois de condescendance] 1. Emploi trans. Concéder qqc. (à qqn).Accorder, à titre de grâce ou de faveur, généralement après mûre réflexion et en raison d'intérêts supérieurs, un bien, un droit ou un avantage à quelqu'un. Les rois avaient concédé de grands privilèges à certaines villes; ce terrain lui a été concédé par l'autorité (Ac. 1835-1932). Le couvent de Saint-Chrysogone, concédé (...) aux trinitaires (...) par le pape Pie IX (E. et J. de Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 222): 1. Dans l'Ouganda, le monarque concédait des fiefs aux chefs qui les affermaient par parcelles aux paysans en échange de prestations et de corvées militaires.
R.-H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 307. a) En partic., DR. Accorder une autorisation d'exploitation (cf. concession). Concéder une ligne de chemin de fer (Ac. 1878-1932). Concéder une licence [cf. Traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique (EURATOM), 1957, p. 330]. Un projet de décret concédant aux deux compagnies de tramways dits extérieurs, les onze nouvelles lignes (H. Chardon, Les Trav. publ.,1904, p. 322).L'exploitation des films Pathé était concédée en exclusivité à cinq grands monopoles (G. Sadoul, Hist. d'un art,1949, p. 50). b) Au fig. [Dans une discussion] Céder momentanément ou définitivement sur un point; accepter, généralement sans perdre ni prendre l'avantage, un argument ou une objection du partenaire. Je vous concède ce point (Ac. 1878-1932). Après tout je vous le concède il y a métier et métier La littérature en est un d'étrange (Aragon, Le Roman inachevé,Le Mot « Vie », 1956, p. 95): 2. Après tout, concedo, je concède que c'est un triste emploi de mes facultés intellectuelles, et que l'homme n'est pas fait pour passer sa vie à tambouriner et à mordre des chaises. Mais, révérend Maître, il ne suffit pas de passer sa vie, il faut la gagner.
Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 295. 2. Emploi intrans. Faire des concessions. Un pouvoir ne concède (...) que par force (Balzac, Physiologie du mariage,1826, p. 138).Décidément, je n'aime pas le théâtre : il y faut trop concéder au public et le factice l'emporte sur l'authentique, l'adulation sur le sincère éloge (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1168). B.− SP., néol. [Sans idée de supériorité, ni de condescendance de la part de celui qui concède, l'accent étant mis sur la notion de revers ou d'échec] Abandonner, par nécessité, l'avantage à l'adversaire. Concéder un but, un point. La défense de Cannes concède plusieurs corners (L'Auto,11 janv. 1937, p. 6). Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adj. concédant, ante. Qui octroie une concession, une autorisation d'exploitation. Anton. concessionnaire. La collectivité concédante ou usagère (L'Univers écon. et soc., 1960, p. 2214). Les compagnies concessionnaires s'étaient contentées de verser jusque-là aux états concédants, soit un « pas de porte » d'installation, soit un modeste loyer (J.-A. Lesourd, C. Gérard, Hist. écon XIXeet XXes., t. 2, 1966, p. 522). Emploi subst. Le contrat peut faire l'objet, de la part du concédant ou du concessionnaire, d'une demande en révision (La Civilisation écrite, 1939, p. 1612). b) Le part. passé adj. concédé, ée. Qui fait l'objet d'une autorisation d'exploitation. Fonctionnaires ou agents de l'état, des départements, des communes, des services publics ou concédés (De Gaulle, Mémoires de guerre, 1956, p. 558). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃sede], (je) concède [kɔ
̃sεd]. Pour Passy 1914 possibilité de prononcer [ε] ouvert à la 2esyll. de l'inf. Pour le timbre ouvert et pour la conjug. cf. céder. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xiiies. « faire octroi d'une grâce » (Aimé du Mont-Cassin, Yst. de li Normant, 165 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 467); 2. 1531 « dans une discussion, accorder un des points à l'adversaire » (Raoul de Presles, Cité de Dieu, V, Exp. sur le chap. 7, ibid.). Empr. au lat. class. concedere « quitter un lieu, céder la place » d'où « abandonner quelque chose à quelqu'un », « accorder », « concéder ». Fréq. abs. littér. : 379. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 407, b) 388; xxes. : a) 465, b) 773. Bbg. Quem. Fichier. |