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CONCORDER, verbe.
A.− Rare, vieilli
1. [Le suj. désigne des pers. ou une pers. et le compl. d'obj. indir. une autre pers.] Concorder, concorder avec.Avoir même disposition de cœur, d'esprit. Concordons mieux lui et moi que toi et lui (...) nous revoir pour nous concorder mieux (Lamartine, Correspondance,1835, p. 154).De toi (...) suis infiniment de fois plus près, jusqu'à concorder par moments (J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1908, p. 8).
2. [Le suj. désigne une pers., le compl. d'obj. indir. une chose] Concorder à.Être en rapport d'analogie avec. Identité de physionomie entre un homme et son cortège historique (...). Pour mener un parti (...) concorder à ses idées, pour briller dans une époque (...) la représenter (Balzac, La Duchesse de Langeais,1834, p. 229).
PARAD. [rel. à A1 et A2] a) (Quasi-) synon. s'accorder, s'entendre, se ressembler. b) (Quasi-) anton. se contredire, être en désaccord, différer, se disputer, se diviser, s'opposer.
B.− [Le suj. désigne des choses ou une chose et le compl. d'obj. indir. une autre chose] Concorder, concorder à/avec.Avoir une conformité de nature propre à faire tendre au même but, à permettre d'assumer même fonction :
1. D'ailleurs cette inégalité est le propre des lunatiques et dévoyés de cervelle; elle existe aussi dans leurs gestes détraqués qui ne concordent pas exactement au sens des paroles, désaccord dont l'artiste habile peut tirer des effets comiques. T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 204.
2. ... ils faisaient tous la même réponse. Les trente dépositions concordaient, elles étaient identiques, littéralement semblables... A. France, Crainquebille,M. Thomas, 1904, p. 296.
3. Autre privilège de la langue des rêves : elle concorde avec la marche de la destinée; il semble qu'une même loi enchaîne les événements de notre vie et ordonne les images de nos rêves. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 108.
SYNT. Concorder exactement, parfaitement. PARAD. a) (Quasi-) synon. s'ajuster, aller ensemble, s'assortir, cadrer (avec), coïncider, concilier, concourir, convenir, converger, coordonner, correspondre, s'harmoniser, se recouper, se répondre, synchroniser, se tenir, s'unir. b) (Quasi-) anton. contraster, discorder, diverger, jurer (avec).
Rem. Concorder s'emploie surtout absol. ou avec la prép. avec. Sa constr. avec la prép. à semble plus rare et vieillie, quoiqu'elle survive au xxes. dans la formule tout concorde à + inf. (cf. Valéry, Variété III, 1936, p. 224).
− Spéc., RELIG. [Le suj. désigne des textes bibliques] Être en concordance, présenter des similitudes. Tous les textes concordent (Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne-d'Arc,1910, p. 74).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃kɔ ʀde], (je) concorde [kɔ ̃kɔ ʀd]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 concorder od « s'accorder, être d'accord avec » (Eneas, éd. J. Salverda de Grave, 6610) − 1611, Cotgr.; répertorié par les dict. dep. Ac. 1798; 2. a) 1287 part. prés. adj. « conforme à, qui est en rapport avec » (Adam de La Halle, Roi de Sezile, Coussemaker, p. 286 ds Gdf.); 1780 concorder « être en concordance, correspondre » (Linguet, Annales politiques, civiles et littéraires, Londres, t. 7, p. 397); b) 1513 « (d'instruments de musique) être en accord » (J. Lemaire de Belges, La Concorde des deux langages, éd. J. Stecher, t. 3, p. 112); [1694 « baryton » d'apr. FEW t. 2, p. 1012]; 1695 id. (Regnard, Sérén., sc. 6 ds DG). Empr. au lat. class. concordare « vivre en bonne intelligence », « être en accord (de choses) ». Fréq. abs. littér. : 145. Bbg. Gohin 1903, p. 249.