| CONCORDANCE, subst. fém. Action de concorder, de mettre (quelqu'un, quelque chose) en accord avec telle personne, telle chose; fait d'avoir même disposition profonde, même nature intime, d'être en rapport d'analogie. A.− En gén. Concordance de... et de... / de... avec / entre... et; (être) en concordance avec : 1. Dans le jardin. − Plus que la rareté de chacun des détails, il goûtait l'équilibre de leur ensemble, l'harmonie, l'ordre, le mariage de cette riche diversité. Il goûtait le mystère, la chaleur, la cohésion, la concordance des jardins et de ces femmes et de leurs sentiments : on y vivait enveloppé de noblesse, de silence et de gravité voluptueuse (...). C'était un ciel de beauté où tous les astres les plus merveilleux s'harmonisaient et subissaient une discipline de perfection, un rythme.
Barrès, Mes cahiers,t. 3, 1904, p. 248. 2. Ces environs d'une œuvre lue, ce sont les profondeurs de celui qui la lit; elles s'éveillent ou s'émeuvent en chacun par les différences et les concordances, les consonances ou les dissonances qui se déclarent de proche en proche entre ce qui est lu, et ce qui était secrètement attendu.
Valéry, Variété III,1936, p. 72. PARAD. a) (Quasi-)synon. accord, affinité, coïncidence, conformité, convenance, coordination, correspondance, parallélisme, ressemblance, similitude, symétrie, synchronisme, unité. b) (Quasi-)anton. antagonisme, contradiction, contraste, désaccord, discordance, divergence, opposition. B.− Spécialement 1. SC. PHYS. a) GÉOL. Succession régulière des couches. Le trias en concordance aussi parfaite avec le permien (A. de Lapparent, Abr. de géol.,1886, p. 218). b) PHYS. ,,Relation entre deux vibrations sinusoïdales de même nature et de même période lorsque la différence de leur phase est nulle`` (Uv. Chapman 1956); cf. aussi B. Decaux, La Mesure précise du temps, 1959, p. 99 et Siz. 1968). 2. SC. HUM. a) GRAMM. Accord syntaxique d'un mot avec un autre : 3. ... les adjectifs n'ont jamais à exprimer un rapport de dépendance qui leur soit propre. Le seul qui leur appartienne essentiellement, est celui de concordance. S'ils changent de cas, c'est toujours pour se conformer au substantif exprimé ou sous-entendu auquel ils se rapportent.
Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Grammaire, 1803, p. 187. − En partic. Concordance des temps. Accord du mode du verbe d'une proposition subordonnée avec celui de la proposition principale (cf. Mar. Lex. 1951, etc.). b) PHILOS. Méthode de concordance. Méthode d'induction préconisée par Stuart Mill et consistant à déterminer la cause ou l'effet par la recherche d'une circonstance commune à plusieurs cas du phénomène étudié. Rem. S'emploie dans ce domaine sans réf. précise à Stuart Mill, mais avec un sens analogue. Des inductions habiles, des concordances troublantes (Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 222). Les parallélismes exacts et les concordances littérales qu'établit Schubert (Béguin, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 113). c) RELIG. Similitude des textes évangéliques : 4. ... mais comment enfin se fait-il que, de tous ces miracles, aucuns ne soient parvenus jusqu'à nous, et que les quatre évangélistes se renferment à peu près dans le cercle des mêmes faits? N'y a-t-il pas eu de l'adresse dans ceux qui nous ont transmis ces écrits? Et n'ont-ils pas cherché à se procurer une concordance propre à établir la vraisemblance dans les récits de gens qu'on suppose ne s'être point concertés? Quoi! Il y a des milliers d'événements remarquables dans la vie de Christ, et cependant les quatre auteurs de sa vie s'accordent à ne parler que des mêmes faits!
Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 399. − En partic. Table, etc., de concordance ou, p. ell., concordance. ♦ Exégèse. Index qui regroupe les principaux termes bibliques, avec références des contextes où ils figurent, et qui permet une étude comparative de leurs diverses acceptions. Le Cardinal Hugues de Saint-Cher, qui fit la première concordance des Écritures (Montalembert, Hist. de Ste Élisabeth de Hongrie,1836, p. LI).Le « Dictionnaire de concordances bibliques » de Lambert (Amiel, Journal intime,1866, p. 175). ♦ P. ext., LITT., etc. Répertoire de textes concernant tel mot, telle idée. Concordance de Shakspeare, assortie à toutes les éditions, dans laquelle on a rangé méthodiquement les beaux passages qui se ressemblent dans les drames de cet écrivain justement admiré (Le Moniteur,t. 2, 1789, p. 366).L'absence des index et de ces concordances qui facilitent si fort nos recherches (Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 143).États-concordances (Trésor de la Langue française,t. 1, 1971, introd., p. XXV).Répertoire des exemples rencontrés pour chaque mot et donnant pour chaque occurrence un contexte de trois lignes, le mot étudié figurant obligatoirement dans la ligne du milieu. Rem. Plusieurs dict. (Ac. Compl. 1842 avec l'étiquette néol., Besch., Lar. 19e-20e, Littré, Guérin 1892, Quillet 1965) enregistrent l'adj. concordantiel, ielle au sens de « qui établit une concordance ». Lexique, table concordantiel(le). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃kɔ
ʀdɑ
̃:s]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 « accord » (Benoit de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 6377) − xvies. ds Hug.; 2. 1270 « conformité entre des faits, des choses » (Ordonnances des roys de France, éd. de Laurière, t. 1, 1723, p. 107); 1564 « table alphabétique des mots employés dans la Bible, avec indication des textes qui les contiennent » (Indice et recueil universel de tous les mots principaux des livres de la Bible d'apr. FEW t. 2, p. 1012); 1680 (Rich. : Concordance. Petit rûdiment avec un sintaxe [...] pour instruire les enfans qui commençent à aprendre le latin); 1690 gramm. « accord syntaxique » (Fur.). Empr. au lat. médiév. concordantia (ca 793 ds Latham) « accord; conformité », part. prés. neutre plur. substantivé de concordare (concorder*). Fréq. abs. littér. : 179. Bbg. Deweze (A.). Qq. propos sur la terminol. Trad. (La) automatique. 1960, t. 1, p. 25. |