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CONCERNER, verbe trans.
A.− [Le verbe indique qu'il existe un rapport entre le suj. et l'obj.]
1. [L'obj. désigne une pers. ou une chose; le rapport existant est neutre] Se rapporter à, avoir quelque rapport avec. Tout ce qui touche l'Empereur et le concerne semble devoir être précieux (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 455):
1. Dans l'affaire spéculative de la grâce, le jansénisme fut battu et condamné; dans l'affaire pratique de la pénitence, qui concernait la discipline et touchait la morale, il s'en tira avec plus d'honneur et de fruit. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 190.
2. [L'obj. désigne une pers.]
a) [Le rapport existant est un rapport de destination] S'adresser à. Les témoignages de tendresse que vous donnez à ma femme me sont encore plus précieux que ceux qui me concernent (Hugo, Correspondance,1823, p. 384).
b) [Le rapport existant est un rapport partic.] Regarder, intéresser, être l'affaire de (quelqu'un). Ceci est mon fait et ne vous concerne pas (Balzac, Correspondance,1832, p. 184).La vertu ne concernait que moi, elle était à mon usage exclusif! (Camus, Requiem pour une nonne,adapté de W. Faulkner, 1956, p. 900):
2. On enseigne aux hommes, depuis mille années, que la femme et l'enfant doivent être soustraits à la guerre. La guerre concerne les hommes. Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 321.
Fréq., part. passé : concerné, ée [Suivi d'un compl. d'agent ou en emploi abs.] (Être, se sentir, se trouver) concerné (par). (Être) intéressé (par), avoir ou qui a un rapport particulier avec :
3. J'étais réfractaire au mariage et à la maternité et je ne me sentis sans doute pas concernée. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 87.
Rem. Forme passive attestée sous forme d'ex. ds Lar. Lang. fr. et en rem. ds Littré (sous concerner); selon Ac. 1835, 1878 et Lar. 19e, concerner ,,ne s'emploie jamais passivement``.
B.− Loc. prép. En/pour ce qui concerne qqn ou qqc. Pour ce qui est de, quant à. En ce qui concernait les faire-part, Polant avait gardé ceux des décès précédents (Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 54):
4. ... de certains amis romanciers n'ai-je point recueilli l'aveu qu'elle est pour eux la condition sine qua non de la sincérité elle-même. Je sais seulement que pour ce qui me concerne elle ne pourrait jamais m'apparaître telle... Du Bos, Journal,1925, p. 246.
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. concernement. Fait d'être concerné. Le concernement de la première personne et le contenu de la responsabilité métempirique forment un seul problème (Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 219).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃sε ʀne], (il) concerne [kɔsε ʀn̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1385 (Document ds Preuves de l'hist. de Bourgogne, III, p. CXXVII, éd. 1748 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 467); 1690 en ce qui concerne, pour ce qui concerne (Fur.). Empr. au lat. médiév.de même sens concernere (1230 ds Latham), évolution du b. lat. concernere « mélanger, mêler, unir » et « voir, considérer l'ensemble de quelque chose » (de cernere proprement « séparer, passer au crible » d'où « distinguer, examiner »); d'apr. Ern.-Meillet le rattachement à cernere (crevi, cretum) ne serait que second., concernere (-crevi, -cretum) étant à l'orig. formé sur concretus (de concrescere) que l'on aurait rapproché à tort de cernere parce que considéré comme anton. de discretus (de discernere). Fréq. abs. littér. : 2 318. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 873, b) 1 491; xxes. : a) 1 427, b) 6 602.