| COMPONCTION, subst. fém. A.− RELIGION 1. Style biblique. Douleur, amertume. Tu nous as montré des choses dures, tu nous as abreuvés du vin de la componction (Vulgate, Psaume LIX, 5 ds Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 95). 2. Terme de piété. Tristesse profonde éprouvée à l'idée d'avoir offensé Dieu. Synon. contrition : 1. Ce qu'elle disait à Dieu, nous le savons à peu près comme elle. C'étaient des retours pleins de sincérité et de componction sur les légères fautes qu'elle avait pu commettre dans l'accomplissement de ses devoirs, dans la journée...
Lamartine, Les Confidences,1849, p. 91. − Emploi au plur., rare. Pendant ce temps-là, le marquis cherchait sa femme, car il était demeuré, lui, étranger aux componctions des neuvaines (Boylesve, La Leçon d'amour dans un parc,1902, p. 245). B.− Usuel, littér. Attitude de regret, d'humilité, de recueillement qui peut être affectée et ostentatoire. Un air de componction. Synon. gravité; anton. désinvolture.La componction et l'impassibilité d'un derviche (P. Borel, Champavert,Passereau, l'écolier, 1833, p. 189).Cf. angéliser1, ex. 2 : 2. ... les gens parlaient de la guerre avec décence et componction. On aurait dit qu'ils revenaient d'un enterrement.
Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 59. − [Concerne un ou des animaux] Rare. Quand les femelles (...) se rejoignaient aux ailes de la forêt (...) le Rouge plus volontiers, se tenait à côté du jeune mâle (...) ils cheminaient sagement, avec une componction d'anciens (Genevoix, La Dernière harde,1938, p. 49). − Dans le domaine artistique, rare.Dans la maison du Seigneur, (...) à cause de la componction, de la douceur de la musique, le plus zélé des chantres compila très utilement l'antiphonaire « centon » (A. Gastoué, Les Orig. du chant romain,1907, p. 86). − P. iron. Air solennel un peu ridicule, gravité exagérée. Vieille demoiselle pleine d'onction et de componction (Musset, On ne badine pas avec l'amour,1834, I, 2, p. 8): 3. [L'avoué de la rue Murillo] collectionnait les vieux rouleaux de dictaphone, rouleaux auxquels personne ne pense et qu'il écoutait le dimanche après-midi avec componction comme d'autres écoutent le dimanche matin les sermons du Père Fessard à Notre-Dame ou les panégyriques du Père Riquet à la radio d'État.
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 393. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃pɔ
̃ksjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1120 compunction « douleur » (Psautier Oxford, 59, 3 ds T.-L. [vino compunctionis]); fin xiies. « douleur provoquée par le sentiment du péché, entraînant la contrition (parfaite ou imparfaite) » (Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, 175, 14-15 [perfecta compunctio formidinis trahat animum compunctioni dilectionis]); 1745 lang. cour. avec componction (Marivaux, La Vie de Mariane, éd. F. Deloffre, Garnier, 1963, p. 27). Empr. au b. lat. compunctio proprement « piqûre » employé dans le domaine méd. au sens de « douleur poignante » et chez les auteurs chrétiens au sens de « piqûre morale, amertume » et « douleur de l'âme causée par le sentiment du péché ». Fréq. abs. littér. : 89. DÉR. Componctueux, euse, adj.[En parlant d'une pers., d'un aspect de son comportement phys.] Plein de componction. Une voix de sacristie, componctueuse, parfumée à l'encens et au vin blanc (A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 286).− 1reattest. 1889 (Verlaine,
Œuvres posthumes, t. 1, Parallèlement, Caprice, p. 200); du rad. de componction p. anal. avec onction/onctueux. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Thérive (A.). Omni-désobéissance... componctueux. Nouv. littér. 1940, 9 mars. |