| COMPLÉTER, verbe trans. A.− Emploi trans. 1. [Le compl. d'obj. dir. est un tout inanimé concr. ou abstr. constitué d'un assemblage d'unités distinctes] Rendre complet en ajoutant ce qui manque. Compléter un nombre, une somme, une collection, un mobilier, un ouvrage; compléter une information, sa formation. (Quasi-) synon. achever, terminer.Elle s'arrêta et ne daigna point compléter sa pensée (Ponson du Terrail, Rocambole, t. 3, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 81).Elle ajoutait l'appoint nécessaire pour compléter les vingt francs (Zola, L'Assommoir,1877, p. 537).Plus tard, on tailla dans des fromages, et des fruits complétèrent le repas (Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 165): 1. [Tolède] Un admirable coucher de soleil complétait le tableau : le ciel, par des dégradations insensibles, passait du rouge le plus vif à l'orange...
T. Gautier, Tra los montes,Voyage en Espagne, 1843, p. 144. Rem. On rencontre chez Balzac pour désigner l'action de compléter ou le résultat de cette action le subst. fém. compléture, synon. de complètement2et de complétion. Mon échauffourée de travail, de janvier à mars, est une dernière bataille à livrer, et vous savez que les livres qui en doivent sortir sont indispensables à la compléture des douze premiers volumes de la grrrrande Comédie Humaine (Lettres à l'Étrangère, t. 2, 1850, p. 261). 2. Au fig. Rendre achevé, parfait, porter à la perfection en comblant les lacunes, les insuffisances (d'un inanimé abstr. ou concr.). Synon. couronner, parachever, parfaire.Un bras en écharpe qui complétait la gaucherie du rôle (J.-J. Ampère, Correspondance,1827, p. 416): 2. Quelques voix de femmes et des voix d'enfants complétaient l'illusion; j'aurais pu me croire couché dans la chambre de bois d'une cabane de paysans, sur les bords du lac de Zurich ou de Lucerne.
Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, p. 47. B.− Emploi pronom. Se compléter. 1. Sens réciproque. [En parlant de deux ou plusieurs inanimés concr. ou abstr.] Former un tout harmonieux en s'unissant. Les deux fonctions se complètent; leurs caractères se complètent. Synon. s'harmoniser : 3. Lequel des deux, de l'employé ou du bureau, était le fruit naturel de l'autre, sa sécrétion obligée? C'est ce qu'on n'eût su préciser. Le fait est qu'ils se complétaient mutuellement, qu'ils se faisaient valoir par réciprocité, étant au même titre sordides et misérables.
Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-cuir,1893, 2etabl., 1, p. 56. − Spéc. [En parlant de deux pers.] Constituer une unité parfaite en s'associant. Nous ne nous sommes attachés que par nos différences, que parce que nous nous complétions avec exactitude (J. Rivière, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1910, p. 187). 2. Sens passif. [En parlant d'un obj. concr., souvent collectif] Être complété progressivement (par quelqu'un), devenir plus complet. Une collection, une documentation qui se complète : 4. ... les parents durent (...) laisser Bernadette aller à la grotte (...) Elle revit la clarté, la figure qui se complétait, qui souriait...
Zola, Lourdes,1894, p. 104. 3. Sens actif réfl. [En parlant d'une pers., à la fois suj. et compl. d'obj. du verbe] Tout collectionneur voudrait se compléter. Compléter la collection qu'il possède (cf. Nouv. Lar. ill.). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃plete], (je) complète [kɔ
̃plεt]. Fait partie des verbes qui changent [e] fermé en [ε] ouvert écrit è accent grave devant [ə] muet sauf au fut. et au cond. : je compléterai je compléterais, ce qui, pour Littré, est une ,,anomalie inutile``. Passy 1914 donne la possibilité de prononcer [ε] ouvert à l'inf. [kɔ
̃plεte] sans doute p. anal. avec complet. Enq. : /kõplet/ (il) complète. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1733 (Mém. de Trév. ds Trév. 1752). Dénominatif de complet1*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 1 890. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 719, b) 3 476; xxes. : a) 2 733, b) 2 202. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 242. |