| COMPLAISANCE, subst. fém. A.− [Avec une idée d'intérêt porté à autrui] 1. Désir de faire plaisir, d'être agréable, de rendre service à autrui. Théopompe est tout miel. Sa complaisance est infatigable (Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 64): 1. ... je te défierais de voir une meilleure compagnie que celle que tu trouves chez toi, et que si j'accepte la complaisance comme un bienfait, c'est parce que je trouve du plaisir à la reconnaissance : ...
Mmede Staël, Lettres de jeunesse,1786, p. 81. 2. Soins attentifs, délicatesses. Il semblait jaloux des mille complaisances que Sophie avait pour le professeur (Champfleury, Les Souffrances du professeur Delteil,1855, p. 178): 2. Et vous, Mathilde, je vous recommande la reine; entourez-la de soins, d'égards et de complaisances; ne lui refusez jamais rien, ...
MmeCottin, Mathilde,t. 1, 1805, p. 188. − [Dans des formules de politesse] Gentillesse, bonté, amabilité. Par complaisance, de complaisance, avoir la complaisance de, abuser de la complaisance de qqn. Il avait même, après la classe, la complaisance de me relire mon grec, que je n'aurais jamais pu faire sans cela (Michelet, Mémorial,1822, p. 203). Rem. Au plur., style biblique. Affection, amour de Dieu (cf. Lar. Lang. fr.) : 3. − « Je vous apporte un message de paix, dit Gabriel avec un sourire : l'homme est toujours l'objet des complaisances de l'éternel; ... »
Chateaubriand, Les Martyrs,t. 2, 1810, p. 234. 3. Spécialement ♦ Attestation, certificat de complaisance. Attestation, certificat délivrés illégalement à une personne qui n'y a pas droit. ♦ Billet, effet de complaisance. Effets souscrits par lesquels on se déclare fictivement le débiteur de quelqu'un : 4. Je songeai alors que mon père avait à Courbevoie un marchand de vins (...) chez lequel il escomptait quelquefois des billets de complaisance, quand il avait besoin d'argent.
P. Léautaud, Amours,1906, p. 241. 4. P. méton. Péj., le plus ordinairement au plur. Actes d'indulgence et de soumission blâmable : 5. C'était le temps que pesaient sur le Parlement, sur les ministres, sur la presse, des soupçons indéfiniment renouvelés de corruption, de collusion, de vénalité ou de complaisances illicites.
Valéry, Degas, danse, dessin,1936, p. 92. − En partic. [En parlant d'une femme] Avoir des complaisances pour qqn. Accorder ses faveurs à un homme : 6. Bien que laide, elle [MlleRouzaire] avait eu, disait-on, des complaisances pour l'inspecteur primaire, le beau Mauraisin, ce qui assurait son avancement.
Zola, Vérité,1902, p. 12. B.− [Avec une idée d'intérêt porté à soi] Délectation, contentement, satisfaction : 7. La complaisance, la satisfaction d'un Rousseau à être lui-même, voilà peut-être le sentiment le plus éloigné du chrétien.
Mauriac, Trois grands hommes devant Dieu,1947, p. 69. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃plεzɑ
̃:s]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1370 « acte destiné à complaire » (Oresme, Eth., IV, 18 ds Gdf. Compl.); 1668 basse complaisance (Boileau, Sat. IX ds Littré); fin xviies. relig. plur. objet de complaisances [de Dieu] (Bossuet, Hist., II, 4 ds Littré); 2. 1616 « action de se complaire à quelque chose » (St François de Sales, Amour de Dieu, V, 7 ds Hug.). Empr. au lat. chrét. complacentia « volonté de complaire ». Fréq. abs. littér. : 1 604. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 571, b) 1 992; xxes. : a) 1 971, b) 2 373. |