| COMPLAIRE, verbe trans. A.− Emploi trans. indir. Complaire à qqn.Se rendre favorable aux désirs de quelqu'un. Il leur fallait (...) ne pas heurter le roi et lui complaire (Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 1, 1821-24, p. 388): 1. ... c'était moins pour complaire à son mari que pour son propre agrément qu'elle [Christiane] recherchait maintenant l'amitié des deux fillettes.
Maupassant, Mont-Oriol,1887, p. 88. − Emploi réfl. Se complaire à (soi-même) : 2. Je me détourne de ses Contes qu'il [La Fontaine] entreprit d'abord (1665) pour plaire à la duchesse de Bouillon, une des nièces de Mazarin, et qu'il continua de tout temps pour se complaire à lui-même...
Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 7, 1851-62, p. 524. B.− Emploi pronom. subjectif. Se complaire.Trouver des satisfactions dans la pratique d'une chose ou la compagnie d'une personne. 1. Se complaire à ou dans qqc.Je me suis réjoui, je me suis enorgueilli, je me suis complu dans mon opulence et ma grandeur (A. France, M. Bergeret à Paris,1901, p. 240): 3. C'était un garçon [Bata] gai et entreprenant de naissance, qui ne se complaisait pas aux souvenirs funèbres.
A. Arnoux, Rêverie d'un policier amateur,1945, p. 91. 2. Se complaire dans ou en qqn.Il se complaît en lui-même (Ac. Compl.1842-Ac. 1932). 3. Se complaire + à ou de + inf.Il s'est complu à me contredire. Comme si elle se fût involontairement complu à sentir et à me faire sentir à moi-même que j'étais désormais la seule force de sa langueur, la seule confiance de sa faiblesse (Lamartine, Raphaël,1849, p. 176): 4. Il est des œuvres pendant lesquelles l'esprit se plaît d'être loin de soi-même, et d'autres après lesquelles il se complaît de se retrouver plus soi que jamais.
Valéry, Littérature,1930, p. 119. Rem. Comme pour plaire et déplaire, aux temps composés, le part. passé reste inv. Mais cette règle n'est pas toujours respectée par les auteurs. Au delà de l'acte individuel et de l'objet particulier où elle [l'action volontaire] s'est complue, elle aspire à revêtir un caractère d'universalité (M. Blondel, L'Action, 1893, p. 232). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃plε:ʀ], (je me) complais [kɔ
̃plε]. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. et part. inv. cf. plaire et Grev. 1964, § 796 ainsi que Ortho-vert 1966, p. 413. Homon. complais, complaît et complet. Étymol. et Hist. 1. Ca 1120 trans. « être bienveillant envers quelqu'un, témoigner de l'amitié à quelqu'un » (Psautier d'Oxford, éd. Fr. Michel, XXXIV, 17 : cum nostre frere issi complaisee [lire complaiseie; var. plaiseie] lat. quasi fratrem nostrum sic complacebam), attest. isolée; 2. 1370-92 complaire à qqn (Eustache Deschamps, Balade, 283, 24 ds
Œuvres, éd. Queux de St Hilaire, t. 2, p. 136); 1556 complaisant (E. Pasquier Le Monophile, 109b ds R. Et. rab., t. 9, p. 304); 3. 1556 se complaire à qqc. (L. Labé,
Œuvres, I, 99 ds IGLF). Empr. au lat. complacere, à l'époque class. « plaire », à l'époque chrét. « se plaire à, mettre ses complaisances en ». Fréq. abs. littér. : 657. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 861, b) 793; xxes. : a) 1 137, b) 948. |