| COMPARAISON, subst. fém. A.− Acte intellectuel consistant à rapprocher deux ou plusieurs animés, inanimés concrets ou abstraits de même nature pour mettre en évidence leurs ressemblances et leurs différences. Comparaison de deux étoffes, de deux couleurs, de deux odeurs (Ac. 1835-1932). Comparaison des chiffres et des dates, de deux idées, entre ces deux idées, de textes, des prix, de la vie de province et de la vie de Paris; établir, faire une comparaison entre, avec... : 1. ... des comparaisons maladroites, blessantes et continuelles, avec ses frères et ses camarades, développent chez l'enfant une jalousie constitutionnelle.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 513. ♦ Terme de comparaison (infra C). DR. Comparaison d'écritures. ,,Confrontation de deux écritures pour juger si elles sont de la même main`` (Ac. 1835-1932). Pièce de comparaison. ,,Pièce dont l'écriture et la signature sont authentiques comparée à une pièce tenue pour fausse`` (Ac. 1835-1932). − GRAMM. Adverbe de comparaison (cf. adverbe commentaire gramm.).Degré de comparaison. Degré de qualité de l'adjectif ou de l'adverbe exprimé par rapport à un ou plusieurs éléments de repère. ,,Le premier degré, le comparatif, peut être formé d'une manière synthétique (meilleur) ou analytique (plus beau, moins grand). Le second degré, le superlatif [relatif], a les mêmes caractéristiques (le plus beau)`` (Mounin 1974). Subordonnée (proposition) de comparaison. Proposition subordonnée introduite par de même que, ainsi que, comme et impliquant une comparaison par rapport à la principale. − Loc. prép. ♦ En comparaison de. Son lit lui parut plus moelleux, en comparaison de la couchette qu'il aurait occupée à Londres (Huysmans, À rebours,1884, p. 185). ♦ Par comparaison avec. Le vide et le silence y paraissent lourds, presque inquiétants, par comparaison avec la foule, le bruit, les lumières qu'on a coutume d'y retrouver [au théâtre] (De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 111).Absol. En comparaison. Par comparaison, loc. adv. Mon Dieu, que j'étais donc heureuse, par comparaison, voilà seulement une heure ou deux! (Bernanos, La Joie,1929, p. 678). B.− P. ext. (avec une idée d'intensification). [Souvent avec une négation, un rapport d'égalité ou d'équivalence d'intensité ou de valeur existant ou non entre les deux objets de pensée] Il n'y a pas de comparaison possible entre ...; soutenir, supporter la comparaison avec ... : 2. Il n'est pas dans Florence un seul homme qui puisse soutenir la comparaison avec lui, dès qu'il s'agit du dévoûment et du respect qu'on doit aux Médicis.
Musset, Lorenzaccio,1834, II, 4, p. 148. − Loc. adv. ♦ Sans comparaison. [Avec un superl. et indiquant une supériorité] Infiniment, incomparablement. Il est sans comparaison, le meilleur d'entre nous. Cette ville est la plus riche, sans comparaison, de toute la région (Ac.1932).[Employé comme formule de politesse pour exprimer que la comparaison que l'on fait ne présente aucun caractère désobligeant] Il a fait, sans comparaison, comme le valet de la comédie (Ac.1835-1932). ♦ [Pour faire sentir à son interlocuteur que deux choses ne sont pas à mettre sur le même plan] Point de comparaison! Trêve de comparaison! C.− CRIT. LITTÉR., RHÉT. Rapprochement établi dans le langage entre deux termes que l'esprit lie en raison d'une certaine analogie, dans une intention poétique ou pour les éclairer l'un par rapport à l'autre. Comparaison juste, exacte; comparaison littéraire; prendre une comparaison, se servir d'une comparaison. La métaphore n'est qu'une comparaison dont un terme est sous-entendu (Ac.1932).Beau comme le jour, prompt comme l'éclair, bavard comme une pie sont des comparaisons (Ac.1932) : 3. Voltaire a regardé la comparaison comme un flambeau qui devait éclairer l'objet comparé. Moi je le regarde comme une glace qui réfléchit l'objet en le colorant. L'objet comparé doit se réfléchir dans la comparaison comme dans un prisme. Chateaubriand veut que ce ne soit qu'un ornement comme le chapiteau à la colonne.
Chênedollé, Journal,1811, p. 58. 4. Goya feignait de trouver dans les événements en cours des sujets réclamés, en fait par ses instincts; Bosch semble les emprunter aux comparaisons et aux allégories qui peuplent les textes des prédicateurs ou des mystiques du temps, ou au bagage ésotérique des alchimistes.
Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 322. ♦ Terme de comparaison (terme de log. et de gramm. entré dans la lang. cour.). Chacun des membres de la comparaison; objet auquel on compare un autre. Prendre un terme de comparaison, le premier, le second terme de la comparaison (cf. comparer ex. 2). − Proverbe. Comparaison n'est pas raison. Une comparaison ne peut rien prouver. SYNT. Comparaisons fines, délicates, charmantes; de jolies comparaisons; comparaison tirée de la Bible, d'Homère, de la mythologie; emprunter, reprendre une comparaison connue. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃paʀ
εzɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1174 comparisun « action de comparer pour noter les ressemblances et les différences » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 1307); fin xiiies. sans comparison (Trad. Ovide Remèdes d'Amour, 517 ds T.-L.); 1288 en comparison de (J. de Journi, Dîme de pénitence, 825 ds T.-L.); spéc. xives. gramm. degrez de comparaison (cité ds Thurot p. 168); 2. ca 1268 rhét. (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, III, 13, 4-6); 3. 1549 faire comparaison « rapprocher des personnes (ou des choses) avec la pensée d'établir un rapport d'égalité » (Du Bellay, Deffence, éd. H. Chamard, II, 12 : Je n'ay entrepris de faire comparaison de nous à ceulx la, pour ne faire tort à la vertu Françoyse, la conferant à la vanité gregeoyse). Empr. au lat. class. comparatio « action de comparer », également attesté comme terme de gramm. et au sens de « exemple, parabole », dér. de comparo (comparer*). Fréq. abs. littér. : 2 249. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 440, b) 3 064; xxes. : a) 2 275, b) 2 765. Bbg. Hamon (P.). Analyse du récit. Fr. mod. 1974, t. 42, p. 138. − Lew. 1960, p. 56. |