| COMPACT, ACTE, adj. A.− [En parlant d'une substance, d'un corps naturel] 1. Dont les éléments sont nombreux, serrés, formant un tout dense, solide, ne laissant pas ou presque pas de vide. Masse compacte. Les quartz décolorés et devenus compactes ou grenus (Élie de Beaumont, B. de la société géol. de France,t. 4, 1847, p. 34).Ces lilas massifs dont la fleur compacte, bleue dans l'ombre, pourpre au soleil, pourrissait tôt (Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 9). − P. métaph. : 1. ... Brigitte était un de ces caractères qui, sous le marteau de la persécution, se serrent, deviennent compactes et d'une grande résistance, pour ne pas dire inflexibles.
Balzac, Les Petits bourgeois,1850, p. 18. 2. Spécialement a) AGRIC. [En parlant d'une terre, d'un sol] Dont les particules sont très rapprochées, qui est lourd, tenace en raison de sa teneur en argile (cf. J.-J. Baudrillart, Nouv. Manuel forestier, trad. de Burgsdorf, 1808, p. 79). b) MINÉR. Roche compacte. Roche homogène, dont la cassure présente un aspect uniforme. Roche compacte à cassure franche (M. Boule, Conf. de géol.,1907, p. 37). B.− P. ext. 1. ANAT. Partie, substance, tissu compact (d'un os). Partie dense, aux molécules serrées, dont les aréoles ne sont pas visibles à l'œil nu. Anton. spongieux(cf. G. Gérard, Manuel d'anat. hum., 1912, p. 6). 2. CRISTALLOGR. [En parlant d'une structure] Qui, dans un volume donné, possède le plus grand nombre possible d'atomes (cf. G. Friedel, Leçons de cristallogr., 1926, p. 390). 3. IMPRIMERIE a) [En parlant d'un caractère, d'une disposition] Étroit, serré, laissant peu de blanc. Tous ces livres aux caractères compacts et fins m'ont fatigué les yeux (Amiel, Journal intime,1866, p. 489). b) [En parlant d'un livre, d'une édition] Qui contient beaucoup de matière sous un petit volume en raison de l'utilisation de caractères et d'une disposition serrés. Je ne tiens compte que de la vente de mes œuvres isolées, et non des éditions compactes (Balzac, Correspondance,1839, p. 678). 4. MATH. MOD. [En parlant d'un ensemble, d'un intervalle, d'un groupe, d'un espace] Dont tout recouvrement ouvert admet au minimum un sous-recouvrement fini (cf. Bourbaki, Éléments d'hist. des math., 1960, p. 165). 5. MÉCAN. [En parlant d'un appareil] Petit, contenant beaucoup d'éléments dans un volume réduit. Réalisation de petits réacteurs nucléaires compacts (Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 272). 6. PHONÉT. [En parlant d'une consonne ou d'une voyelle] Dont le spectre acoustique révèle une concentration élevée de l'énergie dans une région centrale étroite, en raison du rapprochement des résonateurs buccal et pharyngé. Anton. diffus. Rem. Attesté ds Lar. encyclop. Suppl. 1968, Rob. Suppl. 1970. C.− P. anal. et p. métaph. 1. [P. réf. à la notion de densité, d'intensité qualitative ou quantitative contenue dans le mot] a) [En parlant d'une collectivité] Foule compacte. Au milieu d'un groupe compact d'hommes graves (Zola, Son Excellence E. Rougon,1876, p. 273). b) [En parlant de phénomènes phys.] Noir compact, silence compact. Canonnade compacte et fusillade éparse (Verlaine,
Œuvres complètes,t. 1, Jadis et naguère, 1884, p. 339).L'étang, compact de froid, semble enclore les cygnes (A. de Noailles, Les Forces éternelles,1920, p. 162). c) Domaine artistique, littér., intellectuel.Qui exprime beaucoup de choses en peu de mots, en peu de phrases musicales, dans un petit espace. Il [Béranger] dira de son ami Manuel, dans un vers compact et un peu dur : Bras, tête et cœur, tout était peuple en lui (Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 2, 1851-62, p. 299). d) [En parlant d'une manière d'être] :
2. ... il existe rarement de criminel qui soit complètement criminel. À plus forte raison rencontrera-t-on difficilement de malhonnêteté compacte.
Balzac, Un Début dans la vie,1842, p. 334. 2. [P. réf. à la notion de lourdeur contenue dans le mot] Souvent avec une nuance péj. a) [En parlant d'un animé, d'un de ses attributs, d'une chose] Qui a des formes lourdes, ramassées. Sous les voûtes compactes et les piliers trapus (É. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 233). b) [En parlant de phénomènes phys.] Ces innombrables odeurs de l'automne, plus compactes que les frêles parfums d'avril (H. Bazin, L'Huile sur le feu,1954, p. 119). c) [En parlant de la personnalité hum.] Qui manque de finesse, d'ouverture, épais. Une âme éteinte et morte, (...) un esprit compact et suffisant (Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 49). D.− Au fig. [En parlant d'une chose abstr.] Qui forme un bloc, un tout, qui reste uni. Nos ministres sont triomphants. Ils ont une majorité compacte, où l'opposition se casse les dents (Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,t. 1, 1870, p. 185). Rem. On rencontre ds la docum. le néol. compactement, adv. (cf. L. Daudet, Le Stupide XIXes., 1922, p. 138). D'une façon compacte. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃pakt]. En ce qui concerne la prononc. du groupe final, cf. abject. Ds Ac. 1694-1932; sous la forme compacte, pour les 2 genres, ds Ac. 1694-1835. Cette forme en dernier lieu ds DG. Étymol. et Hist. 1. 1377 compact « dense, dont les parties sont très serrées » (N. Oresme, Le Livre du Ciel et du Monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 191a, 13-14, p. 690), forme rare, à nouv. relevée dep. Trév. 1771; [xvies. compacte s. réf. d'apr. FEW t. 2, p. 965a]; 1661 id. (Cotgr.) − 1874 (Verne, L'Île mystérieuse, p. 322); 2. a) 1796 fig. en parlant d'un ensemble de personnes ou de choses (J. de Maistre, Considérations sur la France, p. 189 : corps politique [...] compact); b) 1835 libr. édition compacte (Ac.). Empr. au lat. class. compactus « bien assemblé, où toutes les parties se tiennent » part. passé de compingere « fabriquer par assemblage ». Fréq. abs. littér. : 500. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 403, b) 603; xxes. : a) 657, b) 1 063. DÉR. 1. Compactage, subst. masc.Tassement du sol sous l'effet d'objets lourds, en particulier d'appareils pour augmenter la densité de ce sol par évacuation de l'air contenu et pressage des molécules solides et liquides (cf. H. Boulay, Arboric. et production fruitière, 1961, p. 92; attesté ds Lar. 20eSuppl.-Lar. Lang. fr., Rob. Suppl. 1970).− [kɔ
̃pakta:ʒ]. − 1reattest. 1952 juin (Forces aériennes françaises ds Dupré 1959); de compact, suff. -age*. 2. Compacter, verbe trans.Rendre plus compact, plus dense. Béton prépact (compacté préalablement) (Cléret de Langavant, Ciments et bétons,1953, p. 185).P. métaph., emploi adj. (cf. adhérer, ex. 18).− 1resattest. 1938 part. passé adj. (Claudel, Un Poète regarde la Croix, p. 117), 1963 inf. (Barb.-Card.); de compact, dés. -er. BBG. − Dub. Dér. 1962, p. 30 (s.v. compactage). − Giraud (J.), Pamart (P.), Riverain (J.). Mots ds le vent. Vie Lang. 1970, pp. 95-96. − Quem. 2es. t. 4 1972. |