| COMMODE1, adj. A.− [En parlant d'une chose] 1. Qui est particulièrement bien adapté aux services, à l'usage que l'on peut en attendre. Emplacement, lieu, maison commode. Anton. incommode : 1. Elle [Zoé] faisait remarquer que l'appartement était très commode, chaque pièce ouvrant sur le corridor. Ce n'était pas comme chez Madame Blanche, où il fallait passer par le salon.
Zola, Nana,1880, p. 1139. ♦ Être un moyen, être d'un emploi commode. Une voiture de poste, façon la plus commode pour transporter un malade (E. de Guérin, Lettres,1839, p. 278). − P. ext. a) Qui n'offre aucun obstacle, aucune difficulté. Anton. malaisé, difficile.Les routes sont plus commodes assurément, mais je ne sais pourquoi je regrette cette sauvagerie (Vigny, Le Journal d'un poète,1823, p. 877). b) Vx. Confortable, agréable. Ce sont vraiment de fort élégantes et fort commodes voitures que ces nouvelles malles; on y est assis comme dans son fauteuil (Hugo, Le Rhin,1842, p. 40).Existence, vie commode. Couler une existence commode et douce (Laya, L'Ami des loix,Épître dédicatoire, 1793, p. 7): 2. Nous sommes établis dans un château fort commode et fort beau. Le pays n'est pas agréable; il n'y a aucune espèce de vue. Cependant, à la longue, un bon air et des promenades faciles rendent une habitation agréable.
Mmede Staël, Lettres de Jeunesse,t. 1, 1785, p. 40. 2. [À la forme impers.] Il est, c'est commode à/pour qqn de : 3. Il [le Petit Prince] possédait deux volcans en activité. Et c'était bien commode pour faire chauffer le petit déjeuner du matin.
Saint-Exupéry, Le Petit Prince,1943, p. 436. − [Souvent employé à la forme négative, avec valeur de litote] Il [le peintre Pellerin] murmurait : − « Oh! pas commode, pas commode! » − « Pourvu que ce soit ressemblant », objecta Rosanette (Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 2, 1869, p. 255).− Vous savez que ce n'est pas commode de parler en montant la côte! Je souffle! Je me fais vieux! (Giono, Regain,1930, p. 19). 3. Péj. [En parlant d'un comportement, d'une attitude morale] Trop facile, accommodant. Henriette. − Ah, bon! Vous niez? C'est commode (Bernstein, Le Secret,1913, II, 10, p. 26): 4. À vrai dire, j'ai marché surtout contre ce catholicisme − attitude commode et de tout repos dont nous parlions un jour et qui est le pire ennemi de la foi. Tant pis pour Mauriac.
Alain-Fournier, Correspondance[avec J. Rivière], 1912, p. 322. − [Souvent précédé d'un adv. de manière : bien, si, plus, tellement plus, trop, très] Ce fameux secret d'état si commode aux gouvernants pour cacher leurs fautes (Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 82). 4. Emploi subst. masc., avec valeur neutre. Le commode. Ce qui est commode : 5. Mais il est vrai qu'en toute chose, pour rencontrer les modèles du bon, du beau, du commode, il faut avoir recours à l'église.
Balzac, Le Médecin de campagne,1833, p. 71. B.− Rare. [En parlant d'une pers.] D'un caractère agréable, facile, dont la fréquentation est plaisante pour son entourage : 6. Le marquis le trouvait commode à cause de son travail obstiné, de son silence, de son intelligence et peu à peu, lui confia la suite de toutes les affaires un peu difficiles à débrouiller.
Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 264. − [Souvent employé à la forme négative, avec valeur de litote] « C'est une bonne fille, mais pas commode. Si elle savait que je reçois du monde, elle m'arracherait les yeux. » (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Une Soirée, 1883, p. 1272).La pensée de ce garçon mal commode (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Cécile parmi nous, 1938, p. 143). − Péj. Trop indulgent, complaisant : 7. Coupeau blaguait. Ce mari commode, qui n'avait pas voulu voir le cocuage chez lui, rigolait à mort de la paire de cornes de Poisson.
Zola, L'Assommoir,1877, p. 676. Prononc. et Orth. : [kɔmɔd]. Enq. : /komod/. Ds Ac. 1694-1932. Homon. commode (subst.). Étymol. et Hist. 1. 1475 « facile, aisé » (Chron. des chanoines de Neuchâtel, 41 ds Quem. : commode voye); av. 1520 lieu commode (Seyssel, Guerres civiles, 79, édit. 1540 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 463); 2. 1656 péj. « qui manque de rigueur » (Pascal, Provinciales, V, t. 4, p. 314 ds IGLF : doctrine commode); 3. 1661 péj. « complaisant » (Molière, Les Fâcheux, II, 4 : certaines gens fort commodes). Empr. au lat. class. commodus « approprié, convenable, opportun » et en parlant de pers. « accommodant, bienveillant ». Fréq. abs. littér. : 1 626. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 818, b) 2 603; xxes. : a) 2 544, b) 2 437. |