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COMMERCE, subst. masc.
I.− Vieilli ou littér.
A.− [Domaine de la vie de société]
1. Relations sociales, amicales ou affectives entre plusieurs personnes. Être en commerce avec, entretenir un commerce avec, lier commerce d'amitié avec. Tous ceux avec qui j'ai entretenu commerce d'affection (Claudel, La Jeune fille Violaine,2eversion, 1901, I, p. 575):
1. ... il [Svedenborg] les [ces relations sublimes] entretenait comme il entretenait le commerce ordinaire d'un « honnête homme » avec ses contemporains, ... Valéry, Variété V,1944, p. 279.
[Avec un compl. prép. désignant le moyen utilisé] Rare. Commerce de qqc.Commerce de lettre, commerce épistolaire :
2. Cicéron avait raison de recommander le commerce des lettres dans les chagrins de la vie. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 449.
Au plur., rare, péj. :
3. Sa tante, la Poule-Courte, était venue du Monestier s'établir près d'elle lorsqu'elle était restée orpheline. Et cette pauvre Poule-Courte aimait tant (...) s'insinuer au plus épais des commerces et des commérages qu'on la voyait souvent arriver (...) pointant son nez de belette et remarquant tout de derrière ses lunettes bleues. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 103.
2. P. ext. Fréquentation de personnes :
4. En l'absence de tics contractés au commerce des autres, il [l'homme] peut spontanément se prononcer sur un petit nombre de sujets; ... Breton, Les Manifestes du Surréalisme,1erManifeste, 1930, p. 56.
En partic. et le plus souvent péj. Relations charnelles, rapports intimes entre homme et femme. Avoir commerce avec une femme; commerce incestueux. Cette fille eut un commerce charnel avec deux étudiants à la fois (Jouve, La Scène capitale,1935, p. 164).
3. P. méton. Comportement d'une personne dans ses relations. Être d'un commerce agréable, facile. De Régnier, un homme d'un commerce charmant et un spirituel causeur (E. et J. de Goncourt, Journal,1895, p. 741).
B.− [Domaine de la vie intellectuelle ou spirituelle]
1. Échange d'idées. Chez elle [la Grande-Duchesse Jean] aussi on tient commerce d'intelligence et de fines causeries (Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 262).Commerce des Muses. Études et travaux littéraires, poétiques.
P. ext. Rapports scientifiques avec quelque chose :
5. ... le commerce du sujet avec les choses autour de lui n'est possible que si d'abord il les fait exister pour lui, ... Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 424.
2. Relation avec des entités spirituelles. Être en commerce avec Dieu, les esprits. J'en étais arrivé à me croire en commerce tant avec les démons qu'avec les anges (O.-V. Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 173).
II.− Usuel
A.− [En parlant d'une forme de l'activité hum. opposée à d'autres formes]
1. ÉCON. Activité qui consiste à échanger, ou à vendre et acheter, des marchandises, produits, valeurs, etc. Jules Lefort accrut considérablement sa fortune dans le commerce des laines (Gozlan, Le Notaire de Chantilly,1836, p. 26):
6. ... nous ne faisons pas attention (...) que la totalité du commerce pourrait s'effectuer sans argent et sans négociants (...) : l'argent en est le véhicule et l'instrument, mais ce n'est pas là proprement le commerce. Le commerce consiste essentiellement dans l'échange. Tout échange est un acte de commerce; ... Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 313.
SYNT. a) Commerce actif, clandestin, maritime, prospère; commerce intérieur, extérieur, de transit; commerce associé, concentré, indépendant, intégré, à entreprises multiples (cf. Plot.-Pér. 1973); commerce non sédentaire (ou commerce ambulant). b) Commerce de (en) gros, demi-gros, détail. c) Acte* de commerce, balance* du commerce, bourse* du commerce, chambre* de commerce et d'industrie, code* de commerce, compagnies de commerce, effet* de commerce, liberté du commerce, opération* de commerce, registre* du commerce; essor, expansion, extension du commerce; ministère du commerce. d) Réglementer le commerce.
En partic.
DR. COMM. ,,Opération ayant pour objet de mettre les divers produits de la nature ou de l'industrie ou des services à la portée des consommateurs et des clients, à l'effet d'en tirer un profit`` (Barr. 1974). Fonds de commerce.
JEUX. Jeu de commerce. Jeu de hasard joué avec trente-deux ou cinquante-deux cartes :
7. Les jeux de hasard y ont été absolument interdits, mais l'on tâche de rendre chers les jeux de commerce. Le jeu est encore le seul secret qu'on ait trouvé pour amuser les hommes rassemblés, ... Mmede Staël, Lettres de jeunesse,1786, p. 138.
2. P. méton. Matière, discipline qui englobe les connaissances et la réglementation nécessaires à la vente et à l'achat des marchandises. Institut de commerce :
8. J'ai du goût pour les sciences et les lettres à peu près également, ce qui est rare. Le commerce est la seule partie pour laquelle j'ai une aversion prononcée, ... J.-J. Ampère, Correspondance,1816, p. 132.
B.− [Activité mise en relation avec les pers. qui l'exercent]
1. Activité, profession de celui qui achète et revend dans un but lucratif. Ils [ses parents] lui [Henri] firent embrasser la carrière du commerce (Toepffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 423).
SYNT. Courtier* de commerce, employé de commerce, représentant* de commerce, voyageur* de commerce; avoir la bosse du commerce; être un homme de commerce; faire (un, le) commerce de bijoux, de tissus, du bois.
Fam. et gén. péj. Faire commerce de son corps, de ses charmes. Se prostituer. Un troupeau de femmes y [à Biskra] habite, qui font commerce de leur corps (Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 564).
2. P. méton.
a) Ensemble des commerçants d'un pays, d'une ville, d'un quartier. Haut, grand, petit commerce :
9. Toutes les élégantes sont là (...)! La haute banque et le grand commerce, l'industrie en jaquette et en tube, ... Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 491.
b) Ensemble formé par le magasin et les marchandises. Gérer, monter, tenir un commerce d'épicerie; céder un commerce de son vivant :
10. Mon grand-oncle (...) fit construire deux boutiques sur le même emplacement. Dans l'une il établit, en qualité de marchande mercière, la fille aînée de sa nourrice, et plaça dans l'autre, à la tête d'un petit commerce d'épiceries, le fils d'un de ses métayers, ... Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 2, 1812, p. 201.
c) [En parlant de marchandises qui y sont ou qu'on y trouve] Dans le commerce. Dans le circuit commercial, dans les magasins. Être dans le commerce; trouver une marchandise dans le commerce. J'en [Gibout] ai là une photo qui m'a été donnée par le baron lui-même. Elle n'est pas dans le commerce, et c'est pourquoi j'y tiens beaucoup (Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 890).Il [un supporter] réclame un concert complet et demande si on peut trouver des disques [de Robert Ferrazino] dans le commerce (P. Schaeffer, À la recherche d'une mus. concr.,1952, p. 112).
Prononc. et Orth. : [kɔmε ʀs]. Enq. : /komeʀs/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1370 commerque « échange, vente de marchandises » (G. de Machaut, Prise d'Alexandrie, éd. L. de Mas-Latrie, 5698); 2emoitié xviiies. effets de commerce (Buffon, Hist. nat. Quadrupèdes, t. 1, p. 27); 2. 1668 petits commerces « pratiques plus ou moins louches » (Molière, L'Avare, II, 1); 1669 « trafic de choses morales » (Racine, Britannicus, I, 4); 3. 1798 « le corps des commerçants » (Ac.). B. 1. 1540 comerce du puple « fréquentation » (Vie de St Hermentaire ds R. Lang. rom., t. 16, 1886, p. 163); 2. 1665 commerce des sens (Molière, Dom Juan, IV, 6); 3. fin xviies. « manière de se comporter » (le P. Cheminais ds Littré : un petit nombre d'amis d'un commerce aisé); 4. 1812 « entreprise commerciale » un petit commerce d'épiceries (Jouy, supra ex. 10). Empr. au lat. class. commercium « négoce; lieu où se fait le commerce; droit de commercer » et « rapports, relations humaines, relations charnelles ». Fréq. abs. littér. : 4 690. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 11 406, b) 6 041; xxes. : a) 4 594, b) 4 211. Bbg. Baldinger (K.). Zur Handelsgeschichte im Mittelmeerraum und ihrer Terminologie. Rom. Philol. 1961/62, t. 15, pp. 40-48. − Bruneau (C.). Commerce honnête et commerce déshonnête. In : [Mél. Mornet (D.)] Paris, 1951, pp. 109-118. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 31, 297.