| COMMENCEMENT, subst. masc. Première partie d'un ensemble; moment, point initial de quelque chose. A.− [Relativement à l'espace] Commencement d'une rue. Les morceaux de steppe à boqueteaux au commencement de la Picardie (Nizan, La Conspiration,1938, p. 146). B.− [Relativement au temps] Les générations qui se sont succédé depuis le commencement de la terre (Maupassant, Le Docteur Héraclius Gloss,1893, p. 118).Fixer à l'équinoxe le commencement du printemps (Alain, Propos,1930, p. 932): 1. Quand Aziyadé vint, elle trouva des murailles nues, et tout en désarroi; c'était le commencement de la fin.
Loti, Aziyadé,1879, p. 250. − Emploi abs. ♦ Commencer par le commencement. ♦ Loc. Il y a un commencement à tout. Tout peut arriver; on ne peut bien faire dès la première fois : 2. − Monsieur, je n'ai jamais reçu d'assignation pour mon compte, dit Birotteau.
− Il y a un commencement à tout, dit Molineux.
Balzac, César Birotteau,1837, p. 320. ♦ [P. réf. à la Bible (Genèse, I, 1) ,,Au commencement Dieu créa les cieux et la terre``] Au commencement. À l'origine du monde; avant l'existence de toute chose. − Spéc., au plur. ♦ Première partie de la vie, spéc. de la vie sociale, professionnelle, d'un apprentissage; première partie d'un phénomène social. − Monsieur, lui dit-il enfin à l'oreille, vous savez combien les commencements d'un métier sont difficiles (Balzac, César Birotteau,1837, p. 223).Lui ai tracé tout un plan de conduite pour les commencements de son mariage (Barbey d'Aurevilly, 2eMemorandum,1839, p. 351).Les commencements du règne de Louis-Philippe (Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 22): 3. M. Naudy était soucieux de fonder, nullement de se faire une carrière temporelle. Il avait ce tempérament de fondateur (...) qui fut si fréquent dans les commencements de la Troisième République.
Péguy, L'Argent,1913, p. 1129. P. méton. Les commencements d'une personne; les commencements de la vie, de la profession d'une personne. Tout m'invite à chercher sur le terrain de la biologie les obscurs commencements de l'individu (Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 408):4. M. Hennebeau était né dans les Ardennes. Il avait eu les commencements difficiles d'un garçon pauvre, jeté orphelin sur le pavé de Paris.
Zola, Germinal,1885, p. 1304. Emploi abs. La gaucherie des premiers commencements (Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 288).♦ Vieilli. Premiers éléments d'une connaissance, d'une science. Ces imbécilles-là m'ennuyaient avec leurs commencements qu'ils m'apprenaient comme un enfant (L.-B. Picard, Théâtre,t. 5, La Manie de briller, 1806, p. 369): 5. Il [Leibniz] y était arrivé [à Paris] avec d'admirables commencements en toutes choses; il y fit d'immenses progrès, particulièrement en mathématiques, en théologie et en philosophie.
V. Cousin, Hist. gén. de la philos.,1861, p. 466. C.− [Relativement à un développement spatiotemporel ou à un développement mor.] 1. [L'accent est mis sur le caractère inaccompli, imparfait ou précaire de ce qui est commencé; commencement est gén. précédé de l'art. indéf. un ou des] Ébauche. Il est probable que j'ai la tête fortement abîmée, à en juger d'après mes sommeils, car je dors toutes les nuits dix à douze heures. Est-ce un commencement de ramollissement? (Flaubert, Correspondance,1875, p. 237).La subtilité de l'Histoire, qui a désarmé les défiances du tsarisme en suscitant un commencement de démocratie allemande sous les auspices de l'absolutisme prussien (Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. 40).Rédigé un commencement d'article (Du Bos, Journal,1923, p. 300).Ses cheveux noirs étaient ramassés sur le dessus de la tête avec un commencement de raie, au milieu (E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 179): 6. ... il y avait là des enfants déjà grandis, des commencements de petits hommes et de petites femmes, jusqu'à trois et quatre ans; ...
Zola, Travail,t. 1, 1901, p. 226. − PROCÉDURE, JURISPR. Commencement de preuve. ,,Ce qui fait présumer la vérité d'un fait ou d'une promesse, sans néanmoins fournir une preuve complète`` (Ac. 1835-1932). Commencement de preuve par écrit. Écrit olographe d'un défendeur, constituant un début de preuve. 2. [L'accent est mis sur le fait que ce qui est commencé est une phase momentanée d'un processus appelé à se développer] Début. Je pensais finir par un éclat de rire : (...) « le mépris du pauvre est le commencement de la sagesse », ou quelque lamentable bouffonnerie de ce genre (Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 106): 7. Depuis les inventions, maman y est habituée. Elle passe toutes ses journées à nettoyer, à essuyer, parfois même à éteindre les commencements d'incendie.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 97. − Littér. [En parlant d'une pers.] Tout apôtre est le commencement d'un martyr (Amiel, Journal intime,1866, p. 66). − Emploi abs. Des commencements absolus, des passages du néant à l'être et de l'être au néant (É. Boutroux, De la Contingence des lois de la nature,1874, p. 21). ♦ [En parlant de Dieu] À toutes les origines, se rencontre celui qui est le commencement et la fin, Alpha et Omega (Ozanam, Essai sur la philos. de Dante,1838, p. 101). Prononc. et Orth. : [kɔmɑ
̃smɑ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1119 « début » (Ph. Thaon, Comput, 1994 ds T.-L. : cumencement de l'an); 1538 plur. « débuts rudiments [d'une science] » (R. Estienne, Dictionarium latino, gallicum, s.v. initio). Dér. de commencer*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 4 387. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 425, b) 7 930; xxes. : a) 5 859, b) 4 547. |