| COLTINER, verbe trans. A.− Emploi trans. Porter une charge sur l'épaule en s'aidant du coltin. Coltiner du charbon de terre (Lar. 19e). − P. ext., fam. Porter quelque chose de lourd, généralement sur l'épaule. Quand il apportait un paquet, même lourd et encombrant, il le coltinait tout seul (G. Duhamel, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, p. 72).Même pour les postillons qui coltinaient les bagages, le pourboire était sévèrement interdit (P. Rousseau, Hist. des transports,1961, p. 61). ♦ Emploi abs. Il tenait un paquet à la main, lui, qui (...) détestait « coltiner » (J. de La Varende, Le Roi d'Écosse,1941, p. 148). B.− En constr. pronom., arg. et pop. Se coltiner qqc.Porter quelque chose de lourd. Le facteur il avait sa claque... Il se coltinait trois fois par semaine des sacs entiers de manuscrits... (Céline, Mort à crédit,1936, p. 589). − Au fig. Faire un travail fatigant, pénible ou inintéressant. Je me suis coltiné toute la correspondance (Dub.1967). Prononc. et Orth. : [kɔltine], (je) coltine [kɔltin]. Var. coletiner ds Céline, Mort à crédit, 1936, p. 38. Étymol. et Hist. 1. 1725-26 arg. colletiner « arrêter » (Grandval, Cartouche ou le vice puni, p. 92); 1790 coltiner (Le Rat du Châtelet, p. 14); 2. 1835 coltiner « porter » (Raspail ds Le Réformateur d'apr. Esn.); 1880 colletiner (A. Humbert, Mon bagne, p. 12); 1915 se coltiner (qqc.) (Rigolboche, no2, 31 mars ds Sain. Tranchées, p. 116). Dér. de coltin*, colletin (proprement « saisir par le coltin » et « porter sur le coltin »); dés. -er. Fréq. abs. littér. : 14. DÉR. 1. Coltinage, subst. masc.Action de transporter des fardeaux sur l'épaule. Pour la vie au maquis, (...), le coltinage des armes, la transmission du renseignement (...) on ne suivait que des chefs d'équipe (De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 163).− [kɔltina:ʒ]. − 1reattest. 1878 (Chabat Compl.); de coltiner, suff. age*. − Fréq. abs. littér. : 2. 2. Coltineur, subst. masc.Portefaix coiffé du coltin qui porte les fardeaux sur la tête ou sur l'épaule. Les champignons coiffés comme des coltineurs (Renard, Journal,1899, p. 520).P. ext. Manutentionnaire. De petits coltineurs hâves lâchèrent leurs diables chargés de boîtes et de navets (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 320).Rem. La forme fém. coltineuse n'est pas mentionnée dans les dict. gén. hormis Guérin 1892. On la rencontre chez un seul auteur, au sens de « Ouvrière sans finesse; mauvaise ouvrière ».Ma sœur n'est pas une coltineuse, bonne seulement à plier des feuilles, elle fait les travaux délicats (Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 21).C'est sûrement pas pour des coltineuses de votre espèce qu'on ferait des sacrifices! (Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879p. 328).− [kɔltinœ:ʀ]. − 1reattest. 1824 colletineur « portefaix » (Ordonn. de police d'apr. F. Baldensperger ds R. Philol. fr., t. 42, p. 84), 1879 coltineuse « ouvrière chargée de travaux grossiers » (Huysmans, loc. cit.); de coltiner, suff. -eur2*. − Fréq. abs. littér. : 8. |