| COLON, subst. masc. A.− [Bas-Empire, Moy. Âge] Cultivateur, à l'origine ancien soldat, de condition libre mais assujetti à la terre qu'il travaille pour le compte d'un propriétaire : 1. L'église chrétienne était tout autrement organisée. Depuis la misérable habitation du colon, du serf, au pied du château féodal, jusqu'auprès du roi.
Guizot, Hist. gén. de la civilisation en Europe,1828, leçon 6, p. 9. 2. ... il [le mot serf] devint le nom générique d'une condition mêlée de servitude et de liberté, dans laquelle se confondirent l'état de colon et l'état de lite...
A. Thierry, Essai sur l'hist. de la formation et des progrès du Tiers-état,1853, p. 19. − DR. Exploitant d'une terre qui lui a été concédée par le propriétaire avec qui il doit partager les fruits de l'exploitation : 3. [Le père Caillaud]. − Mon propre bien, qui est du côté d'Arton, va au plus mal, à cause que depuis environ un an, mon colon est malade et ne peut se remettre.
G. Sand, La Petite Fadette,1849, p. 267. B.− Celui qui a quitté son pays pour aller occuper, défricher, cultiver une terre de colonisation : 4. La Russie plus tard puisa à son tour dans l'Europe centrale des contingents de colons pour reconstituer son Ukraine, sa frontière des steppes.
Vidal de La Blache, Princ. de géogr. hum.,1921, p. 99. 5. Elle a préféré partir pour le Maroc avec Villier et ils ont mené là, au début, une vie de colons, une vie dure.
Maurois, Climats,1928, p. 210. ♦ Fam. [En apostrophe] ,,Camarade`` (Esn. 1966). Ben! mon vieux colon! (Esn. 1966). − Toute personne habitant les colonies. Un riche colon. J'ai été envoyé de bonne heure à Saint-Domingue, chez un de mes oncles, colon très riche (Hugo, Bug-Jargal,1826, p. 20). C.− Membre d'une colonie pénitentiaire. D.− Enfant envoyé dans une colonie de vacances. Prononc. et Orth. : [kɔlɔ
̃]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca. 1310 dr. médiév. « tenancier, occupant, habitant d'une terre » li colone de celle terre (Ystoire de li Normant, trad. de Aimé de Mont Cassin, éd. V. de Bartholomaeis, livre II, XXIII, p. 84, 5); 2. 1689 dr. fr. « fermier » (J. Domat, Lois civiles [dans leur ordre naturel] ds Trév. Suppl. 1752); 3. av. 1735 dr. rom. (Le P. J. Longueval, ibid.); 4. 1748 dr. en gén. colon partiaire (Montesquieu, L'Esprit des lois, éd. J. Brethe de la Gressaye, XIII, 3, p. 151). B. 1. Mil. xives. hist. anc. coulon « qui fait partie d'une colonie, habitant d'une ville nouvelle » (Bersuire, Tit. Liv., B.N. 20 312 ter, fo33 vods Gdf. Compl.; cf. aussi ds Guérin); 2. 1663 « occupant, nouvel habitant d'une colonie moderne » (De Crecy, Le Guidon de la navigation, p. [XVII]). Empr. au latin. class. colonus « cultivateur, métayer, fermier » et « habitant d'une colonie »; colonus partiarius en b. lat. jur. (Gaius) très usité en lat. médiév. (Nierm.) pour désigner le tenancier d'une terre. Fréq. abs. littér. : 1 169. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 521, b) 4 096; xxes. : a) 339, b) 421. DÉR. Colonage, subst. masc.Mise en valeur d'une exploitation agricole par un colon, preneur d'un domaine pour un temps déterminé sous condition d'en assurer l'entretien, et d'en partager les bénéfices. Bail à colonage. − [kɔlɔna:ʒ]. Ds Ac. Écrit colonnage ds Land. 1834. − 1reattest. 1800 (Boiste); de colon « fermier », suff. -age*. BBG. − Arv. 1963, pp. 191-192. |