| COLLECTIVISME, subst. masc. A.− ÉCON. POL. 1. Système d'organisation sociale fondé sur la mise en commun (au profit de l'État ou de groupements plus restreints : coopératives ouvrières, communautés villageoises, cantonales, etc.) des moyens de production et généralement aussi de consommation non immédiate. Collectivisme humanitaire; collectivisme modéré, partiel (Lar. 19eSuppl. 1890); le dogme du collectivisme : 1. [Il demandait] la réunion forcée de tous les biens entre les mains de l'État [et] se servait pour exprimer cette vieille idée du mot nouveau de collectivisme.
J. Forni, Les Célébrités de la Commune,Raoul Rigault, procureur de la Commune, 1871, p. 29 ds Dub. Pol. 1962, p. 251. 2. Saccard, intéressé, le regardait avec une vague inquiétude, bien qu'il le prît pour un fou. − Mais enfin, expliquez-moi, qu'est-ce que c'est que votre collectivisme? − Le collectivisme, c'est la transformation des capitaux privés, vivant des luttes de la concurrence, en un capital social unitaire, exploité par le travail de tous... Imaginez une société où les instruments de la production sont la propriété de tous, où tout le monde travaille selon son intelligence et sa vigueur, et où les produits de cette coopération sociale sont distribués à chacun, au prorata de son effort. Rien n'est plus simple, n'est-ce pas? Une production commune dans les usines, les chantiers, les ateliers de la nation; puis un échange, un payement en nature.
Zola, L'Argent,1891, p. 42. 2. P. ext. Système qui admet une intervention de l'État dans le domaine économique (production, structures) par le moyen de planifications et de nationalisations. Collectivisme des Kibboutzim israëliens. Rem. Collectivisme est employé avec une nuance péj. par les adversaires du socialisme, pour lesquels collectivisme implique l'idée de négation des droits de l'individu et s'opposent dès lors à individualisme et à libéralisme (d'apr. M. Bouvier-Ajam, J. Ibarrola, N. Pasquarelli, Dict. écon. et soc., Paris, Éd. soc., 1975). 3. État social résultant de la collectivisation. Collectivisme futur (Sorel, Réflexions sur la violence, 1908, p. 169). Le collectivisme russe (Suavet 1970) : 3. Nous voulons le collectivisme pour le château d'en face, pas pour notre petite maison de campagne.
Renard, Journal,1909, p. 1247. B.− P. ext., cour. Manière de vivre (Alain, Propos,1923, p. 462); système dans lequel les individus sont liés entre eux. 1. Par des obligations réciproques librement consenties. Collectivisme familial (Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. LVI). 2. Par des contraintes extérieures. Anton. individualisme.Enfin les misères de la guerre produisent une vie en commun, un collectivisme de la tranchée (Barrès, Les Diverses familles spirituelles de la France,1917, p. 212). Prononc. et Orth. : [kɔ(l)lεktivism̥]. Pour [l] ou [ll] cf. collecte. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. Ca 1836 d'apr. Mat. Louis-Philippe, p. 41; 1845 (Michelet, Journal, p. 593). Dér. de collectif*; suff. -isme*. Fréq. abs. littér. : 31. Bbg. Dub. Dér. 1962, p. 34; Pol. 1962, p. 259, 260. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 41. |