| COLLATION1, subst. fém. A.− Vieux 1. Action de conférer avec quelqu'un. Rem. Attesté ds DG, Guérin 1892, Rob. et Lar. Lang. fr. − Spéc., HIST. Petite conférence qui avait lieu au cours de la soirée chez les moines. Rem. Attesté ds Lar. 19eSuppl. 1878-Lar. Lang. fr. ainsi que ds DG, Rob. et Quillet 1965. 2. P. méton. Léger repas que prenaient les moines après cette conférence : 1. Vers huit heures, on trouvait, non un bon souper, mais la collation, mot venu du mot cloître, parce que, vers la fin du jour, les moines s'assemblaient pour faire des conférences sur les Pères de l'église, après quoi on leur permettait un verre de vin.
Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 246. B.− Usuel. Repas léger, que l'on prend à tout moment de la journée, mais le plus souvent dans l'après-midi ou la soirée. Une collation (...) était servie, de gibier, de poisson, de fruits, et de différentes sortes de vins du Rhin, dont Son Altesse porta des toasts (Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 147).Je voyais la table dressée pour la collation matinale (Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1145): 2. Une collation, ou, si l'on veut, un souper champêtre commençant à minuit, et assez varié (...) fut destiné à remplir l'intervalle entre les travaux du soir et ceux du lendemain.
Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 229. − En partic. Repas léger que prennent les catholiques les jours de jeûne pour remplacer l'un des deux principaux repas, généralement le souper. Légère collation. Si elle [la nonne] fait collation, le soir, elle se contentera d'un peu de lait ou de poisson auxquels elle ajoutera, au besoin, des herbes ou des fruits (Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 172): 3. À la collation, on ne pouvait servir ni beurre, ni œufs, ni rien de ce qui avait eu vie. Il fallait donc se contenter de salade, de confitures, de fruits; mets, hélas! bien peu consistants, si on les compare aux appétits qu'on avait en ce temps-là; mais on prenait patience pour l'amour du ciel, on allait se coucher et tout le long du carême on recommençait.
Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 246. Prononc. et Orth. : [kɔ(l)lasjɔ
̃]. Excepté Pt Rob. et Lar. Lang. fr., les dict. de prononc. distinguent entre le sens de conférence et le sens de repas. Ils transcrivent [ll] double pour le 1eret [l] simple pour le 2e. Cette différence de prononc. veut éviter la confusion entre les 2 sens (cf. Fouché Prononc. 1959, p. 310 et Buben 1935, § 149). Cette position est jugée artificielle et inefficace par Dupré 1972, p. 463. Lar. Lang. fr. qui transcrit [l] simple dans les 2 cas et Pt Rob. qui admet [l] ou [ll] dans les 2 cas ne font pas cette différence. Fér. Crit. t. 1 1787 propose d'ajouter à la différence de prononc. une différence de graph. et d'écrire colation avec 1 seul l pour le sens de repas. Noter que Passy 1914, Pt Rob. et Warn. 1968 notent [ɑ] post. pour la finale alors que Dub., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. donnent [a] ant. La prononc. avec [ɑ] conviendrait à la rigueur au sens de conférence (prononc. emphatique) et à condition de prononcer [ll] double [kɔllɑsjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 collatioun « conférence du soir après laquelle les moines prenaient un repas léger »; ici prob. trad. des Collationes de Cassien, v. plus bas (Nicole, Règle de Saint-Benoît, 2432, Héron ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 460 [Legat unus Collationes]) − xvies. « conférence, entretien » (Hug.); 2. a) p. ext. xiiies. collation « repas léger des moines » (Règle primitive du Temple, 38, éd. De Curzon ds R. Hist. litt. Fr., loc. cit.); b) 1453 « repas qu'on fait le soir » (Reg. 182 Chartoph. reg. ch. 77 ds Du Cange, s.v. 2 collatio); c) 1595 « repas léger que font les catholiques en période de jeûne » (Montaigne, Essais III, 13 coll. Pléiade, p. 1239). Empr. au lat. chrét. collatio « conférence, entretien, discussion », « réunion de moines, conférence faite aux moines » (également titre de l'œuvre de Cassien : Collationes, lues au cours des repas du soir dans les monastères), (426-429, Cassien ds Blaise); « repas du soir dans un monastère » (813 ds Nierm.); dér. du rad. du part. passé du lat. class. conferre « échanger des propos, s'entretenir avec qqn » (v. conférer). |