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COLLAPSUS, subst. masc.
A.− PATHOL. Chute subite des forces avec ralentissement des fonctions vitales provoquant un état intermédiaire entre la syncope et l'adynamie dû à une diminution de l'excitabilité du cerveau. Tomber en collapsus; collapsus général, musculaire :
1. Je le vis, avec stupeur, ne pas prendre garde à mon geste. Il continuait à travailler dans ce flot de sang, mais d'une main hésitante, incertaine. Tout à coup, il lâche le manche du bistouri. Je le vois qui défaille, les yeux égarés, les traits décomposés. À peine eûmes-nous le temps de le recevoir sur un tabouret où il s'affaissa, en balbutiant, d'une voix rauque : − « Je n'y vois pas! ... Je ne peux pas! ... » Et, dans cet effrayant collapsus, l'honneur professionnel survivant seul aux facultés momentanément obscurcies, il eut encore la force de me repousser... P. Bourget, Le Sens de la mort,1915, p. 102.
Spéc. [En parlant d'un organe, d'un tissu, d'un conduit] Collapsus cardio-vasculaire ou cardiaque. Chute de la tension artérielle. Collapsus pulmonaire. Affaissement du tissu pulmonaire dû à la pression exercée par un épanchement pleural, une tumeur ou un pneumothorax. Collapsus thérapeutique. Collapsus ventriculaire. Aplatissement des ventricules cérébraux dû à une hypotension du liquide céphalo-rachidien (d'apr. Garnier-Del. 1972).
B.− P. ext. et au fig. État de lassitude, d'affaiblissement des forces physiques ou morales. Il était dans le collapsus de toutes ses douleurs passées, et en plein optimisme (Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 386):
2. Le sentiment, l'enthousiasme, ai-je dit, ne peut pas se soutenir; il ne peut être habituel d'un peuple. Quand même toute la nation serait actuellement sous le charme, il serait dangereux de la laisser sans d'autres principes d'action, parce que celui-là venant à manquer − et il manquera infailliblement tôt ou tard, − on ne sait plus ce que deviendrait ou ce que ferait ce peuple au moment du collapsus. Maine de Biran, Journal,1816, p. 190.
3. Le soir au retour j'ai été fatigué, triste et mal disposé; j'aurais voulu être seul. Je crains toujours ces collapsus où je tombe au-dessous de moi-même après m'être élevé par le sentiment; il vaut mieux ne pas éprouver d'excitation vive parce que l'âme dans son état habituel garde ses forces pour s'élever dans l'occasion. Maine de Biran, Journal,1818, p. 157.
Prononc. : [kɔ(l)lapsys]. [l] simple ds Lar. Lang. fr.; [ll] ds Warn. 1968 (cf. aussi Land. 1834, Littré et DG); [l] ou [ll] ds Pt Rob. Étymol. et Hist. 1785 (G. Cullen, Éléments de Méd. pratique, trad. en fr. par E. F. M. Bosquillon, t. 1, p. 23 ds Quem. [date d'apr. Lar. Lang. fr.]). Empr. au lat. collapsus, part. passé de collabi « tomber d'un bloc, s'écrouler, s'affaisser ». Fréq. abs. littér. : 8.