| COCASSERIE, subst. fém. Familier A.− Au sing. Caractère de ce qui est cocasse, risible jusqu'au ridicule. On trouvait ça insensé, d'une cocasserie à se rendre malade (Zola, L'Œuvre,1886, p. 137). 1. [Gén. suivi d'un compl. désignant] a) [un inanimé concr.] Aspect drôle ou saugrenu d'une chose. La cocasserie de leur accoutrement devenait touchante (Huysmans, La Cathédrale,1898, p. 216). − [Sans compl.] Action d'un comique dérisoire, ridicule; plaisanterie bête. Quelle cocasserie (...) de lire un livre dont on est sûr que l'auteur ne pourrait pas justifier trois lignes (Valéry, Correspondance[avec Gide], 1901, p. 384). b) [un inanimé abstr.] Caractère amusant, plaisant d'une œuvre, d'un style, d'un langage ou d'une situation. Un Offenbach, un Hervé rehaussent la cocasserie des couplets et la drôlerie des anachronismes par la singularité des rythmes disloquant la mélodie (R. Dumesnil, Hist. illustrée du théâtre lyrique,1953, p. 183). 2. [Gén. suivi d'un nom de pers.] Tendance habituelle à la plaisanterie; aspect physique ou moral suscitant le rire ou la moquerie. Synon. drôlerie.Ces dons bizarres, fantaisistes, où la cocasserie méridionale étalait son imagination (A. Daudet, Port Tarascon,1890, p. 46).Une physionomie où se mêle étrangement la finesse du paysan à la cocasserie du pitre (E. et J. de Goncourt, Journal,1877, p. 1197). B.− P. méton., gén. au plur. Propos, acte, situation portant au rire ou à la moquerie. 1. Bon mot, trait comique de langage. Synon. bouffonnerie, calembredaine.C'est le bouffon qui niaise et débite des cocasseries (Faral, La Vie quotidienne au temps de St Louis,1942, p. 109).La pluie de ses bons mots, le jet de ses cocasseries (Morand, Magie noire,1930, p. 10). 2. Situation comique; comportement, attitude morale dont l'extravagance ou l'étrangeté fait rire par l'effet de surprise qu'elle provoque généralement : 1. J'en parlai un soir à Jouvet, lui vidant mon sac d'embrouillaminis et de cocasseries, traçant à grands traits mon sujet, campant son personnage, inventant des gags qui saillaient au fur et à mesure de mon exposé. Jouvet riait aux éclats.
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 307. 3. Spéc., arg. des artistes et gens de lettres.
Œuvre écrite, peinte ou jouée, tenant de la farce et du vaudeville. Cet auteur de cocasseries, ce vaudevilliste fangeux (E. et J. de Goncourt, Journal,1858, p. 447). 2. Daudet est très amusant et touche au plus haut comique quand il peint le littérateur, le fabricateur d'opérettes. Il nous fait le tableau d'une matinée où Morny lui avait commandé une chanson, une cocasserie madécasse dans le genre de bonne négresse aimer bon nègre, bonne négresse aimer bon gigot.
E. et J. de Goncourt, Journal,1873, p. 928. Prononc. : [kɔkasʀi]. Étymol. et Hist. 1836 (Vidocq, Voleurs, 1, 76 d'apr. Quem.). Dér. de cocasse*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér. : 42. Bbg. Darm. 1877, p. 98. |