| CLOWNERIE, subst. fém. A.− Farce, tour, numéro de clown. Ça t'amuse, toi, les clowneries? « J'aime, dit-elle, les acrobates » (Aragon, Les Beaux Quartiers,1936, p. 382). − P. anal. Figures de danses non classiques comparables à des gesticulations de clown. Java, avec ses danses de chevaux, (...) Célèbes, avec sa danse du héron et les clowneries du chasseur (J. Cuisinier, La Danse sacrée en Indochine et Indonésie,1951, p. 26). B.− P. métaph. ou au fig., gén. péj. [Souvent avec un compl. déterminatif] 1. [P. réf. aux acrobaties du clown] Tour peu naturel, pirouette. Cette clownerie de la pensée qui use si vite les plus jeunes et les plus forts (E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 8): 1. ... Je me demande si la vertu n'est pas quelque chose d'antiphysique, un rêve de poète religieux, une clownerie au moral, que quelques Auriols de la perfection chrétienne ont réalisé, mais qui est impossible à la généralité.
J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 175. 2. [P. réf. au rire que provoquent les propos du clown] Pitreries verbales de qualité douteuse : 2. ... un cénacle de jeunes et révoltées intelligences se livraient, fouettées par l'alcool, à toutes les débauches de la pensée, à toutes les clowneries de la parole, remuant les paradoxes les plus crânes et les esthétiques les plus subversives, dans la surexcitation de la présidence d'une jolie femme et d'une muse légèrement démente.
E. et J. de Goncourt, Journal,1886, p. 548. − P. ext. Très mauvaise plaisanterie, imposture indigne d'un homme sérieux : 3. Nous avons demandé qu'on abrégeât le secret, non l'instruction, et cette prétendue confusion n'est qu'une clownerie déplacée, surtout quand on songe que le capitaine Tavernier a laissé son prisonnier au secret « pendant trois semaines » sans l'interroger. Vraiment, il faut avoir quelque cynisme, lorsqu'on a salement trempé dans cette canaillerie, pour croire qu'on s'en peut tirer par un saut de carpe, à l'ébahissement du public.
Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 498. Rem. Certains dict. (Pt Lar. 1906, Lar. 20e, Quillet 1965) enregistrent le sens de « ensemble de clowns ». Prononc. et Orth. : [klunʀi]. Pour la prononc. de l'initiale, cf. clown. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1842 « ensemble de clowns » (Le Charivari, 21 juill., 2 ds Quem.); 2. 1853 « geste, action, manière de clown » (Champfleury, loc. cit.). Dér. de clown*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér. : 9. |