| * Dans l'article "CLOUER,, verbe trans." CLOUER, verbe trans. A.− Fixer, attacher avec des clous. Clouer une gravure, un tapis; clouer des planches, une caisse (en clouer le couvercle) : 1. ... ils découvrirent presque au même instant l'antique bourgade autour de la vallée en face; sa grande rue tortueuse, ses façades décrépites (...) ses portes cochères, où sont clouées des chouettes déplumées.
Erckmann-Chatrian, L'Ami Fritz,1864, p. 178. − Par brachylogie. Clouer qqn dans son cercueil. Fixer le couvercle du cercueil. Je me rappelle (...) très bien le cercueil, le bruit des coups de marteau quand on la cloua dedans (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, La Morte, 1887, p. 1133). − Spéc., MAR. Clouer le pavillon. Pour indiquer que l'on ne se rendra pas (puisqu'on le laissera fixe en haut du mât) : 2. Le capitaine courut à lui.
− Que faire, lieutenant? s'écria-t-il.
− Il faut clouer notre pavillon à ce tronçon de mât et nous faire couler.
Mérimée, Mosaïque,1833, p. 138. − P. ext. 1. Immobiliser. Un peu plus loin les balles avaient cloué contre une boutique un adolescent en pantalon de velours (Hugo, Napoléon le Petit,1852, p. 95).D'Alvimar était cloué en terre par la grande rapière du marquis : il avait cessé de vivre (G. Sand, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,t. 1, 1858, p. 265). 2. Enfoncer comme un clou. L'un lève le bras et brise sa lame sur une pierre du mur, l'autre lui cloue la sienne dans la gorge (P. Borel, Champavert,Barraou, le charpentier, 1833, p. 57). B.− Au fig. 1. Maintenir sur place, figer. Être cloué par l'admiration, l'émotion, la peur, la stupeur, la surprise; par l'infirmité, la maladie. Je suis clouée ici mon pauvre chat, pour tout ce mois de janvier (G. Sand, Correspondance,t. 1, 1812-76, p. 329).La baronne était à demi couchée sur une bergère jaune où la clouait un accès de goutte (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 406).La Voix de Chantal le cloua au seuil, stupéfait (Bernanos, La Joie,1929, p. 658). 2. Réduire au silence. Quelqu'un était là, un inconnu dont je ne pouvais voir le visage et dont la présence m'avait cloué la voix dans le gosier (Lorrain, Sensations et souvenirs,1895, p. 20). ♦ Loc. fam. Clouer le bec (cf. river le clou, rabattre le caquet*) : 3. Parmi le 106e, des acclamations avaient accueilli la première salve. Enfin, on allait donc leur clouer le bec, aux canons prussiens!
Zola, La Débâcle,1892, p. 311. 3. Clouer qqn., qqc. (au pilori). Attirer l'attention publique sur ses méfaits pour susciter l'indignation, le mépris. Il [M. de Freycinet] trahit la France, n'ayant dessein que de tromper. Tout de même, il sera cloué au poteau de l'histoire (Clemenceau, Vers la réparation,1899, p. 549): 4. Chacun avait le droit de descendre dans la rue, et, masqué prudemment, de clouer au pilori, en pleine place publique, celui qu'il détestait, d'étaler aux passants (...) tout son trésor de secrets scandaleux, goutte à goutte amassés.
R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1391. Rem. 1. On rencontre ds la docum. un ex. de clouer au sens de « mettre au clou, au mont-de-piété » (cf. clou B 4) : 5. Jeune insensé! oublies-tu que nous sommes passé le vingt du mois, et qu'à cette époque les habits de ces messieurs sont cloués et surcloués?
Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 47. Rem. 2. a) Lar. encyclop., Lar. Lang. fr. enregistrent cloueur, euse, subst. ,,Ouvrier, ouvrière de la peausserie chargés de clouer les peaux sur une planche, pour leur donner leur forme définitive``. b) Rob. enregistre cloueur, subst. masc. ,,Appareil à clouer`` et Lar. encyclop., Lar. Lang. fr., cloueuse, subst. fém. ,,Machine automatique à clouer les caisses``. Prononc. et Orth. : [klue], (je) cloue [klu]. ,,La prononciation [wa] ne s'est jamais établie dans des mots comme louait, jouait, clouait, parce que l'influence des autres imparfaits a maintenu la prononciation è ([ε:] ouvert) pour -ait`` (Grammont Prononc. 1958, p. 31). Ds Ac. 1694 s.v. cloüer; ds Ac. 1718-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1170-85 cloer « fixer avec des clous » (G. de Berneville, St Gilles, 885 ds T.-L.). Dér. de clou*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 436. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 397, b) 904; xxes. : a) 904, b) 484. DÉR. 1. Clouage, subst. masc.Action de clouer. Le contreplaqué ne se fend pas au clouage (J. Campredon, Le Bois,1948, p. 83).− [klua:ʒ]. Ds Ac. 1932. − 1reattest. 1611 cloiiage « action de clouer » (Cotgr.); de clouer, suff. -age*. − Fréq. abs. littér. : 1. 2. Clouement, subst. masc.,rare. Synon. de clouage.Des clouements à grands coups de marteau (E. et J. de Goncourt, Journal1888, p. 876).− [klumɑ
̃]. Ds Ac. 1932. − 1reattest. 1611 clouement « action de clouer » (Cotgr.); de clouer, suff. -ment1*. BBG. − Cassagnau (M.). Qq. bizarreries de la nomenclature géogr. et hist. Vie Lang. 1969, p. 672. − Gottsch. Redens. 1930, p. 82, 330. − Griffin (D.). Language. 1955, t. 31, pp. 463-470. − Rog. 1965, p. 89. − Thomas (A.) Nouv. Essais 1904, p. 198. |