| CLERC, subst. masc. A.− Homme qui a reçu la tonsure et qui, de ce fait, est entré dans l'état ecclésiastique. Clerc défroqué; clerc en surplis; ordonner des clercs. Synon. ecclésiastique : 1. ... on ne peut cacher que le rapport du laïc au clerc est en train de se modifier. Non pour contester les droits du clerc, là où il est compétent et où il a vocation, mais pour que le laïc, enfin reconnu spirituellement adulte, puisse agir de façon autonome partout où l'appelle son devoir familial, professionnel, civique, etc.
Philos., Relig., 1957, p. 5003. ♦ Proverbe. Il ne faut pas parler latin devant les clercs. Il ne faut pas traiter un sujet devant des personnes qui le connaissent mieux que nous (cf. Littré, etc.). ♦ Clercs réguliers. Ecclésiastiques liés aux règles d'un ordre religieux ou menant la vie commune (cf. barnabite) : 2. ... d'autres saints, au contraire, qui instaurèrent des instituts dont le développement fut souvent maigre, François Carracciolo, l'un des créateurs des Clercs mineurs réguliers, Joseph Émilien des Somasques, Joseph Casalance des pauvres Clercs réguliers de la Mère de Dieu, pour en citer trois, possèdent chacun, une messe propre.
Huysmans, L'oblat,t. 2, 1903, p. 172. ♦ HIST. Clerc vagabond. Prêtre instable, offrant ses services aux ecclésiastiques possesseurs de bénéfices en échange de son entretien ou d'une certaine rémunération (d'apr. Guérin 1892). Clercs ribauds ou goliards. ,,Clercs tonsurés qui vagabondaient et gagnaient leur vie en faisant les bouffons et en composant des vers`` (Lar. 19e) : 3. Les clercs vagants, dont nous avons parlé, ont montré ici une étonnante hardiesse : car, sans qu'on puisse plus invoquer la tradition littéraire et une imitation de pure forme, ils en sont venus à penser et à sentir comme les plus libres des poètes romains, ...
Faral, La Vie quotidienne au temps de St Louis,1942, p. 133. − En partic. Celui qui étudie en vue d'embrasser l'état ecclésiastique (cf. clergeon A 1) : 4. Le manuel à l'usage des clercs des grands séminaires, au chapitre des études ecclésiastiques, y consacre [aux conseils donnés pour affronter les tentations contre la foi] un nombre de pages qui augmente à chaque édition.
Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 253. B.− P. anal. 1. HIST. Clerc d'armes. Jeune gentilhomme s'exerçant au métier des armes et qui était un novice de chevalerie. ♦ Proverbe. Parler comme un clerc d'armes. Parler comme un homme sans expérience (cf. Guérin 1892). − Enfant de chœur (cf. clergeon A 2) : 5. Ce bon prêtre savait que nous étions très-catholiques, ce qui nous valut une ample aspersion d'eau bénite, et il nous fit aussi baiser la croix qui était portée par son clerc : ...
Voyage de La Pérouse,t. 3, 1797, p. 152. 2. Mod., littér. Lettré, intellectuel. La Trahison des clercs (titre d'un ouvrage de Julien Benda, écrit en 1927) : 6. Au surplus, on voit par là combien est grand aujourd'hui le nombre de ceux que je puis appeler des clercs, si j'entends par ce mot ceux qui parlent au monde dans le mode du transcendant − et auxquels j'ai le droit de demander compte de leur action en tant que tels.
Benda, La Trahison des clercs,1927, p. 137. 7. Il [André Gide] fut ainsi (jusqu'à son courageux Voyage au Congo) l'un des seuls clercs qui n'eussent pas « trahi ».
J.-R. Bloch, Destin du siècle,1931, p. 69. − Proverbe et expr. proverbiales. Les bons livres font les bons clercs. C'est avec de bons livres que l'on devient une personne instruite (cf. Littré, etc.). Il est habile homme et grand clerc (Ac. 1835-1932). Les plus grands clercs ne sont pas les plus fins (Ac. 1835-1932). Les personnes les plus instruites ne sont pas toujours les plus habiles. Être grand clerc en (telle matière). Être très versé en (cette matière) : 8. Sur ces représentations de l'Atelier, j'ai entendu beaucoup de critiques et de louanges. J'avoue n'être pas grand clerc en ces matières.
Mauriac, Journal2, 1937, p. 200. C.− Domaine du dr. (pratique, procédure) 1. Employé travaillant dans l'étude d'un officier public ou ministériel; employé, serviteur, secrétaire d'un personnage, d'un groupement de personnes, d'un organisme officiels. Clerc de notaire (d'avoué, d'huissier, de procureur). Maître Jacques Coppenole, clerc des échevins de la ville de Gand (Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 47): 9. Zola est gai comme un clerc de commissaire priseur qui va faire un inventaire, Daudet comme un échappé de ménage qui s'apprête à courir une bordée, Charpentier comme un étudiant qui entrevoit une série de bocks à la cantonade; ...
E. et J. de Goncourt, Journal,1880, p. 67. − HISTOIRE ♦ Clerc d'eau. Celui qui était chargé de tenir registre des droits dus au roi pour les marchandises passant sur les rivières (Lar. 19e, Lar. encyclop.) : 10. Au milieu de ces masures s'élève une maison... qu'on dit avoir été jadis habitée par le contrôleur clerc d'eau.
A. France, Pierre Nozière,1899, p. 187. ♦ Clercs du secret. Notaires royaux qui étaient détachés pour le service du Conseil du roi (Conseil secret) dont ils enregistraient les délibérations, et qui étaient chargés de l'expédition des lettres nécessaires à l'exécution des décisions prises en les signant par le roi (d'apr. Lep. 1948) : 11. François 1er, en généralisant l'envoi d'ambassades, avait non seulement grâce à elles noué d'utiles contacts avec l'Allemagne, (...), mais pourvu la diplomatie d'organes permanents d'exécution, et, en chargeant certains « secrétaires des finances » − issus d'anciens « clercs du secret » − d'importantes négociations, amorcé la constitution d'une administration centrale.
J. Chazelle, La Diplom.,1962, p. 20. SYNT. Maître clerc, premier clerc ou principal clerc. Le premier des clercs travaillant dans une étude d'officier ministériel. Petit clerc. Jeune employé qui, dans une étude, est chargé des commissions et des menus travaux. Les clercs de la basoche. 2. Loc. fig. (cf. supra petit clerc) ♦ Pas de clerc. Action maladroite dans une affaire (cf. les art. affecter2ex. 5 et bévue ex. 1). ♦ Compter de clerc à maître. Rendre compte des recettes et des dépenses qu'on a effectuées, sans autre responsabilité que celle de l'exactitude : 12. Dans cette réunion de tous les souverains, nous eussions traité de nos intérêts en famille, et compté de clerc à maître avec les peuples.
Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 1075. Prononc. et Orth. : [klε:ʀ]. Pour c final muet cf. accroc. Gattel 1841, Besch. 1845, Fél. 1851 et Littré soulignent que le c se fait entendre dans la loc. clerc à maître [klε
ʀkamε:tʀ
̥]. Attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xes. clerjes « celui qui a reçu un ordre sacré, clerc » (St Léger, éd. J. Linskill, 100); ca 1040 clerc (St Alexis, éd. Chr. Storey, 582); 2. ca 1040 clerc « savant, lettré » (St Alexis, 375); 3. 1275 « employé d'un officier public, ou d'un personnage officiel » (A.N. J 229, pièce 59 ds Gdf. Compl.); 1283 (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, chap. VI, § 228). Du lat. chrét. clericus « membre du clergé » puis « lettré » en lat. médiév. (fin xie-début xiies. ds Mittellat. W. s.v., 717, 18) dér. du lat. chrét. clerus « héritage, part tirée au sort » (gr. κ
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ς « id. ») d'où cleri [ceux qui ont le Seigneur en héritage] : le peuple chrétien, peuple élu, spéc. : le clergé, cf. Jérôme, Ep. 52,5 ds Blaise, s.v. clericus : si enim
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graece, sors latine appellatur, propterea uocantur clerici, uel quia de sorte sunt Domini, uel quia ipse Dominus sors, id est pars clericorum est; et Deutéronome 18, 4; v. Naz. Fréq. abs. littér. : 1 085. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 385, b) 1 468; xxes. : a) 1 152, b) 1952. |