| CLASSICISME, subst. masc. ESTHÉTIQUE A.− LITTÉRATURE 1. Vx. Caractère propre aux œuvres des écrivains de l'antiquité. Cette Grèce, où nous venons prendre des leçons de classicisme (Barrès, Le Voyage de Sparte,1906, p. 174) − P. ext. Imitation des Anciens : 1. Imiter aujourd'hui Sophocle et Euripide, et prétendre que ces imitations ne feront pas bâiller le français du dix-neuvième siècle, c'est du classicisme.
Stendhal, Racine et Shakspeare,t. 1, 1823, p. 4. 2. [En France, au XVIIes. et plus spéc. à partir de 1660 env.] Doctrine des partisans de la littérature classique fondée essentiellement sur l'union de la raison, du sentiment du beau lié à la vraisemblance, à la bienséance, à la pureté du style et au choix des sujets généralement inspirés de l'antiquité. Il y a ici une recrudescence de classicisme, de siècle de Louis XIV, de goût pour Esther et de dilettantisme académique (Sainte-Beuve, Correspondance gén.,t. 4, 1818-69, p. 336) Rem. Ds son sens le plus strict, et souvent en mauvaise part, peut parfois être confondu avec académisme, étant donné que les membres des académies prônaient les règles du classicisme (cf. académisme ex. 1). − Spéc., THÉÂTRE. Caractère d'une pièce respectant certaines règles, par exemple la règle des trois unités : 2. ... dirai-je aux partisans du classicisme, que l'action représentée dans une tragédie ne dure pas plus de vingt-quatre ou de trente-six heures, et que le lieu de la scène ne change pas, ou que du moins, comme le dit Voltaire, les changements de lieu ne s'étendent qu'aux divers appartements d'un palais? L'académicien. − Parce qu'il n'est pas vraisemblable qu'une action représentée en deux heures de temps, comprenne la durée d'une semaine ou d'un mois, ni que, dans l'espace de peu de moments, les acteurs aillent de Venise en Chypre, comme dans l'Othello de Shakespeare; ou d'Ecosse à la cour d'Angleterre, comme dans Macbeth.
Stendhal, Racine et Shakspeare,t. 1, 1823, pp. 9-10. 3. Mod. Aspect d'une œuvre présentant les caractères classiques des auteurs de l'antiquité ou du XVIIesiècle français. Le classicisme gidien (Du Bos, Journal,1927, p. 259): 3. Certes, le classicisme, ici [dans les Mémoires de de Gaulle], ne s'enrichit d'aucun apport, tout est « d'après l'antique » : c'est le grand ton de Bossuet, mais on ne saurait être moins guindé, ni plus brûlant, ni souvent plus corrosif.
Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 100. B.− B.-A. Caractère classique d'une œuvre picturale, sculpturale ou musicale (cf. classique I A 2). Le classicisme autoritaire et tyrannique de David (L. Réau, L'Art romantique,1930, p. 216) C.− P. ext., lang. cour. Caractère de ce qui est conforme à la tradition intellectuelle ou esthétique (cf. classique I B). Sa déclaration ministérielle [à Edgar Faure] d'un classicisme un peu usé (Le Monde,19 janv. 1952, p. 1, col. 2). Prononc. : [klasisism̥]. Étymol. et Hist. 1. 1817 « caractère des œuvres littéraires qui se réfèrent à l'art antique » (Stendhal, Rome, Naples et Florence, t. 1, p. 58); 2. 1875 « caractère de ce qui est harmonieux, équilibré » (E. et J. de Goncourt, Journal, p. 1032 : cet art du xviiies. est un peu le « classicisme du joli », il lui manque l'imprévu et la grandeur). Dér. du rad. de classique*; suff. -isme*. Fréq. abs. littér. : 84. DÉR. 1. Classicisé, ée, adj.À qui l'on a donné les caractères principaux du classicisme. Une danse espagnole classicisée (M. Brillant, Problèmes de la danse,1953, p. 179).− 1reattest. 1953 id.; du rad. de classicisme, suff. -isé (-iser*). 2. Classiciste, subst. masc.Partisan de la doctrine classique. Tout poète a dans son cœur un classiciste qui sommeille, toujours près de se réveiller : tout critique, un Paul Souday; tout philosophe, un rationaliste; tout religieux, un faux dévot (Bremond, La Poésie pure,1926, p. 145).Emploi adj. La rhétorique classiciste (Bremond, La Poésie pure,1926p. 144).− 1reattest. 1926 id.; du rad. de classicisme avec substitution du suff. -iste*. − Fréq. abs. littér. : 2. |