| CLASSE, subst. fém. I.− Ensemble d'êtres ou d'objets réunis en raison des traits qui leur sont communs. A.− Dans la lang. cour. 1. Vieilli. Catégorie de personnes d'âge, de sexe, de goût, de facultés ou de spécialité identiques. La classe des jolies femmes (Balzac, Physiologie du mariage,1826, p. 87).La classe des vieux (Sainte-Beuve, Mes poisons,1869, p. 21): 1. C'était vraiment trop simple, de dire qu'il y a deux classes d'hommes : les imbéciles et les gens intelligents, et de se ranger, naturellement, au nombre de ces derniers!
Larbaud, Fermina Marquez,1911, p. 135. 2. Catégorie de choses, collection d'objets ayant un ou plusieurs points communs. − Domaine concr.Je (...) me disais que la mer appartenait à la classe des objets verts (Sartre, La Nausée,1938, p. 162). − Domaine abstr.Une classe d'idées, une classe d'habitudes. Le hachish appartient à la classe des joies solitaires (Baudelaire, Paradis artificiels,1860, p. 343). B.− Emplois sc. et techn. Division par catégories spécifiques, d'êtres ou d'éléments ayant un ou plusieurs caractères ou fonctions communs. 1. BOT., MINÉR., ZOOL. (usuel). Grande division de la classification comprenant des sous-classes et plusieurs ordres. La classe des mammifères, des insectes, des poissons, des oiseaux. Linné a (...) tiré les caractères principaux de son système botanique, divisé en vingt-quatre classes (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 75).Une classe de minéraux (Musset, Fantasio,1834, I, 2, p. 192): 2. Quant aux mots collectifs de règne, de classe, d'ordre, de famille, de genre, d'espèce et de variété, dont se servent les naturalistes, ils ont sans doute beaucoup d'insignifiance, d'arbitraire et de confusion. Le règne ne convient qu'à Dieu, comme nous l'avons dit dès le commencement de ces harmonies. La classe ne signifie qu'une agrégation qui se rapporte autant aux genres qu'aux ordres mêmes. L'ordre s'applique à tout ce qui est ordonné. La famille comporte l'idée de parenté, et convient encore mieux aux individus de la même variété, aux variétés de la même espèce, et aux espèces du même genre, qu'à des genres rapprochés, ...
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 270. 2. DÉMOGR. Classes d'âge. Répartition de la population selon les âges : jeunes (de 1 à 19 ans), adultes (20 à 64), vieillards (65 et plus). 3. LING. Division des unités linguistiques selon leur fonction ou leur sens. Classe grammaticale, lexicale, sémantique; classe de verbes, de substantifs. La classe des mots invariables (Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie, Grammaire, 1803, p. 149). − Spéc. Classe de mots. Ensemble de mots ayant des éléments et plus spécialement des suffixes communs appelés indices de classe (d'apr. Mar. Lex. 1933). SYNT. Classe distributionnelle, nominale; classe de morphèmes, d'équivalence (cf. Ling. 1972). 4. MATH. (alg., géom., trigonométrie). Ensemble de figures ou de fonctions présentant des propriétés communes. La classe des parallélogrammes, des polyèdres, des prismes, des rectangles. − MATH. MOD. [Dans la théorie des ensembles] Collection d'objets dont chacun représente un élément envisagé de manière individuelle. Une classe x est un ensemble s'il existe une classe y dont x est un élément (Quillet Suppl.1971). 5. PÉDOL. Classe de sols. Ensemble des sols dans lesquels l'infiltration des eaux de pluie et des substances qu'elle entraîne s'effectue de la même façon (d'apr. Plais.-Caill. 1958). − Spéc., SYLVIC. Classe d'âge. ,,Ensemble des arbres d'un peuplement dont l'âge est à peu près identique`` (Forest. 1946). Classe d'arbres. ,,Ensemble des arbres ayant approximativement les mêmes dimensions`` (Forest. 1946); attesté en outre ds Plais.-Caill. 1958. C.− Domaine de la vie soc.Ensemble de personnes formant groupe en raison d'une certaine communauté de mœurs ou d'intérêts. 1. Vx. [Dans l'antiq. romaine] Division hiérarchique de la société d'après le critère de la naissance ou de la richesse. La classe des patriciens; la classe des plébéiens : 3. Avant Servius, on ne distinguait à Rome que deux sortes d'hommes, la caste sacerdotale des patriciens avec leurs clients, et la classe plébéienne. On ne connaissait nulle autre distinction que celle que la religion héréditaire avait établie. Servius marqua une division nouvelle, celle qui avait pour principe la richesse. Il partagea les habitants de Rome en deux grandes catégories : dans l'une étaient ceux qui possédaient quelque chose, dans l'autre ceux qui n'avaient rien. La première se divisa elle-même en cinq classes, dans lesquelles les hommes furent répartis suivant le chiffre de leur fortune.
Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 371. 2. Mod. Classe sociale. Division de la société fondée sur des considérations d'ordre économique ou culturel et tendant à grouper les individus selon leur profession, leur niveau de vie, leurs intérêts communs, leur idéologie. Classe inférieure, moyenne, supérieure; classe bourgeoise, ouvrière; classe riche, pauvre. La société est composée de deux grandes classes : ceux qui ont plus de dîners que d'appétit, et ceux qui ont plus d'appétit que de dîners (Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. 38): 4. Je ne crois pas plus que vous aux distinctions des classes. Les castes sont de l'archéologie. Mais je crois que les pauvres haïssent les riches et que les riches ont peur des pauvres. Cela sera éternellement. Prêcher l'amour aux uns comme aux autres est inutile. Le plus pressé est d'instruire les riches, qui, en somme, sont les plus forts. Éclairez le bourgeois, d'abord, car il ne sait rien, absolument rien. Tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. Le rêve est en partie accompli. Il lit les mêmes journaux et a les mêmes passions.
Flaubert, Correspondance,1871, p. 287. 5. ... depuis un demi-siècle, la bourgeoisie semble bien avoir cessé d'exister comme classe, − pourvu que l'on entende par là le groupe social conscient de ses droits et de ses devoirs, qui a gardé sa tradition propre, ce que les militaires appellent d'un nom magistral : l'esprit de corps.
Bernanos, La Grande peur des Bien-Pensants,1931, p. 81. 6. S'il existe une vérité à laquelle j'ai toujours cru, c'est qu'aucune classe n'a le privilège de la vertu, ni d'ailleurs de la pourriture. Au vrai, ceux qui dénoncent avec horreur la pourriture bourgeoise, nous doutons qu'ils puissent croire sincèrement à ce monopole de la classe moyenne. Hélas! les barrières sociales n'ont rien à voir avec la corruption de la nature : c'est dans le mal que le communisme d'abord se manifeste. En dépit des inégalités de caste qui frappent à la surface, une nappe souterraine d'égoïsme et de férocité alimente impartialement toute la race des hommes.
Mauriac, Journal 1,1934, p. 46. 7. L'historien et le philosophe cherchent une définition objective de la classe ou de la nation : la nation est-elle fondée sur la langue commune ou sur les conceptions de la vie? La classe est-elle fondée sur le chiffre des revenus ou sur la position dans le circuit de la production? On sait qu'en fait aucun de ces critères ne permet de reconnaître si un individu relève d'une nation ou d'une classe. Dans toutes les révolutions, il y a des privilégiés qui rejoignent la classe révolutionnaire et des opprimés qui se dévouent aux privilégiés. Et chaque nation a ses traîtres.
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 417. − [Dans la philos. marxiste] Lutte des classes. Antagonisme des deux classes principales d'une société (bourgeoisie et prolétariat) considéré comme le moteur essentiel de l'évolution sociale : 8. Aux yeux du plus grand nombre, la lutte des classes est « le principe de la tactique socialiste ». Cela veut dire que le parti socialiste fonde ses succès électoraux sur les hostilités d'intérêts qui existent à l'état aigu entre certains groupes et qu'au besoin il se chargerait de les rendre plus aigus; les candidats demanderont à la classe la plus nombreuse et la plus pauvre de se regarder comme formant une corporation et ils s'offriront à devenir les avocats de cette corporation; ...
Sorel, Réflexions sur la violence,1908, pp. 72-73. SYNT. Basse(s), haute(s) classe(s); classe aisée, aristocratique, dirigeante, dominante, élevée, indigente, industrielle, laborieuse, montante, opprimée, opulente, possédante, privilégiée, prolétarienne, travailleuse; classes de la nation, du peuple, de la société; conscience, intérêts, préjugés de classe. Rem. Sur les difficultés de définir le concept de classe (différent selon les pays, les époques, les tendances pol.) v. l'art. de P. Sorokin, Qu'est-ce qu'une classe soc.? ds Cah. internat. de sociol., 1947, p. 57. D.− ENSEIGNEMENT 1. Division de l'enseignement selon l'âge, le degré de connaissances des élèves ou les matières enseignées. Les classes enfantines, primaires, secondaires, terminales, supérieures. a) Ensemble des élèves suivant le même cours. Classe de sixième, de première; classe de mathématiques, de philosophie, de rhétorique : 9. On était divisé en deux sections, la petite classe et la grande classe. Par mon âge, j'appartenais réellement à la petite classe, qui contenait une trentaine de pensionnaires de six à treize ou quatorze ans. Par les lectures qu'on m'avait fait faire et par les idées qu'elles avaient développées en moi, j'appartenais à une troisième classe qu'il aurait peut-être fallu créer pour moi et pour deux ou trois autres : mais je n'avais pas été habituée à travailler avec méthode, je ne savais pas un mot d'anglais.
G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 78. 10. L'École Alsacienne, excellente dans les basses classes, passait en ce temps pour insuffisante dans les classes supérieures. La rhétorique allait encore, mais pour la philosophie, ma mère se laissa persuader que les cours d'un lycée seraient préférables, et décida que je ferais la mienne à Henri-IV.
Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 518. SYNT. Conseil, délégué, responsable de classe; le premier, le dernier de la classe; redoubler, sauter une classe; tenir la tête de la classe; les basses, les hautes classes d'application, de perfectionnement, de rattrapage, de transition; classes pratiques. − Spéc. Classes de neige. Forme d'enseignement temporaire dispensé dans les stations de sport d'hiver et se composant d'un mi-temps pédagogique et d'un mi-temps sportif (pratique du ski). Rem. Sur le même modèle fonctionnent les classes de mer, les classes de plein air se déroulant dans des établissements spécialisés. b) L'enseignement, le cours comprenant une ou plusieurs matières. Les heures de classe; les intervalles de classe. Quatre heures de classe par jour, des salles d'étude, des récréations (M. de Guérin, Correspondance,1834, p. 175): 11. Pendant la classe, c'était autre chose. Trop faible pour avoir de bonnes places, j'étais toujours à côté des plus mauvais sujets; et, comme ils n'écoutaient jamais le professeur, ils me persécutaient pour se désennuyer.
Michelet, Mémorial,1820-22, p. 202. − P. métaph. La vie c'est une classe dont l'ennui est le pion (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 437). c) Salle de classe et p. ell. la classe. La salle où les cours sont dispensés. Les murs, les bancs de la classe. Les élèves avaient lâché méchamment un hibou dans la classe (Champfleury, Les Souffrances du professeur Delteil,1855, p. 232). − P. ext. (des sens a et b). Classes du conservatoire. Unités de l'enseignement musical réparties par spécialités. Classes de solfège, d'harmonie, de chant, de violon, etc. 2. P. ext. a) L'école où se tiennent les cours. Aller en classe, sortir de classe. Un prince étudier, aller en classe! Un prince avoir des camarades! (Courier, Pamphlets pol., Simple Discours à l'occasion d'une souscription pour l'acquisition de Chambord, 1821, p. 77).Les chers petits livres de classe (Michelet, Journal,1849, p. 32). b) Au plur. Ensemble des études. Faire, finir ses classes. Réussir dans ses classes (cf. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, p. 153) : 12. Un prédicateur s'efforce de mettre en garde contre le monde les petites jeunes filles qui ont fini, cette année, leurs classes et qui vont commencer leurs existences très-basses de boutiquières ou de bourgeoises sans profession.
Bloy, Journal,1901, p. 75. − Au fig. Faire ses classes. Acquérir de l'expérience dans une spécialité donnée. M. Taine, un homme ayant fait ses classes et voyagé (P. Bourget, Essais de psychol. contemp.,1883, p. 180). Rem. S'emploie aussi dans l'arm. (en parlant d'une jeune recrue). Suivre les cours d'instruction militaire. 3. P. anal. Classe de l'Institut. Chacune des cinq académies qui composent l'Institut de France (cf. académie II A) : 13. J'ai assisté à une séance de l'Académie des Inscriptions, 3eclasse, en ma qualité de correspondant qui ne me donne plus de titres d'après les nouveaux règlements. Je suis rentré triste et glacé.
Maine de Biran, Journal,1816, p. 235. E.− ARM., MAR. 1. Vx., MAR. Ensemble des gens de mer soumis à l'inscription maritime. Bureau des classes. Colbert distribua les pilotes et les matelots en trois, quatre ou cinq divisions, qui furent appelées classes, pour servir alternativement dans les armements de mer (Littré). Rem. Dans l'arm., l'équivalent de la classe était alors la conscription, appel au service par voie de tirage au sort. 2. Moderne a) Classe de recrutement. Ensemble des effectifs devant être appelés sous les drapeaux la même année. La classe (de) 1928, 1953; le départ de la classe. Ma parole, ces bougres-là se croient avec des bleus de leur classe! (Courteline, Le Train de 8 h 47, 1888, 1repart., V,p. 50)Être de la (même) classe. Appartenir au même contingent, être conscrits. Nous sommes deux anciens, deux de la classe (A. Daudet, Immortel,1888, p. 197). − Classe de mobilisation. Ensemble des effectifs réellement appelés, et comprenant un certain nombre d'appelés avant ou après la date de leur recrutement légal : 14. Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire, armer le peuple. Je me demande réellement ce que ça peut bien représenter. Et surtout représenter pour eux. Comme si armer le peuple n'était point précisément constituer des classes d'active, des classes de réserve et de territoriale.
Péguy, L'Argent,1913, p. 1254- b) Fam. Libération. Fin du service militaire. Synon. arg. quille.La classe! Mot magique! Cautère moral du troupier!(Courteline, Le Train de 8 h 47,, 2epart., X,1888p. 210: 15. ... la guerre est finie. Des paysans qui sont venus. comme tous les jours, travailler aux champs, les re, gardent passer en s'appuyant sur leurs bêches; Lambert s'égaye, il leur crie : « salut, papa! c'est la classe. » Dix voix, cent voix répètent avec une sorte de défi : « c'est la classe, c'est la classe! on rentre chez nous ».
Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 201. − Au fig. C'était enfin la classe, pour pas mal de vertus ou de péchés! (Giraudoux, Bella,1926, p. 51). F.− Arg. (p. ext. de E 2 b) 1. C'est classe. C'est terminé. [Juliette trépassa] Roméo (...) biglant qu'tout était classe, [s'empoisonna] (L. Stollé, Douze récits hist. racontés en arg.,1947, p. 1). 2. C'est classe. C'est suffisant. En avoir classe. En avoir assez. Class' qu'il en avait de se trouver là (A. Le Breton, Du Rififi chez les hommes,1953, p. 147). II.− [À l'idée de groupement s'ajoute une idée de valorisation] A.− 1. Division hiérarchisée de personnes ou de choses que distingue la valeur (grade, solennité, confort etc.). Classes d'enterrement; classe de wagons de chemin de fer. Les messes et féries du Temporal et du Sanctoral, comme les Messes votives, sont réparties uniformément en quatre classes seulement (Foit. 11968). − ADMIN. Division en échelons à l'intérieur d'un grade. Entrer en 1reclasse, en classe exceptionnelle. Hors classe. ,,Échelon le plus élevé d'un grade`` (Admin. 1972). 2. Syntagmes usuels. (Être) de première, de grande classe, d'une classe supérieure, exceptionnelle, hors classe. a) Usuel − [En parlant de pers.] Appartenir à une catégorie d'individus qui excellent dans leur spécialité. Un adversaire de grande classe (Aymé, Maison basse,1934, p. 226).Un savant de première classe (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 147). Rem. Connaît une certaine vitalité dans le vocab. des sp. Un joueur de grande classe. − [En parlant de choses] Objet de première, de seconde classe. Article de bonne qualité, de qualité moyenne. Son chalet (...) fut primé hors classe (Céline, Mort à crédit,1936, p. 442). Rem. Certains dict. mentionnent l'emploi abusif que l'on fait parfois du tour : de (grande, haute) classe, appliqué à des pers. mais surtout à des choses. Quillet 1965 note ,,Un spectacle de classe (néol. à éviter)``. Colin 1971 ,,Le tour avoir de la classe (...) ne doit pas s'appliquer à un objet. On évitera donc de dire : un mobilier de classe (d'autant plus que cette tournure est ambiguë)``. b) Emplois spéc. − ARM. et MAR. Soldat, marin de première, de seconde classe. Soldat, marin appartenant aux échelons les plus bas de la hiérarchie militaire. On en fit un matelot de la dernière classe, le souffre-douleur des équipages (Verne, Les Enfants du Capitaine Grant,t. 3, 1868, p. 20). − LITURG. CATH. ♦ Vieilli. Degré de pompes extérieures accompagnant à l'église les cérémonies de mariage ou d'enterrement. Enterrement, mariage de première, de seconde, de troisième classe. Il y a des enterrements de première classe comme si on allait au paradis par le chemin de fer (Renard, Journal,1903, p. 848). − TRANSP. (et princ. ch. de fer). Degré de confort dans certains moyens de transport (avions, bateaux, chemin de fer) selon les tarifs pratiqués. Wagon, compartiment de première, de seconde classe. Billet de première, de seconde classe; p. ell. une première, une seconde (classe). Tu t'en iras, à dix heures, prendre le train omnibus et les troisièmes classes du chemin de fer du Havre (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 3, Le Club des Valets de cœur, 1859, p. 316). Rem. Actuellement, on ne distingue plus que deux classes dans les ch. de fer (première, deuxième classe), les transp. aériens (première classe, classe touriste ou écon.) et gén. trois classes sur les bateaux (1reclasse, classe touriste, classe pont ou classe économique). B.− Distinction, élégance. Avoir de la classe. Être, avoir un haut degré de perfection, de distinction, d'élégance. Cette femme belle, ardente, et chez qui tout était classe (P. Vialar, La Chasse aux hommes,Les Faux fuyants, 1953, p. 214): 16. ... comme elle [Mme Lambert] avait une tête à chapeaux, ils prenaient sur elle un éclat, une classe, une fantaisie irrésistibles...
Morand, La Clef du souterrain,1956, p. 60. Prononc. et Orth. : [klɑ:s]. [ɑ:] post. long dans l'ensemble des dict. Seul Dub. transcrit [a] ant. Passy 1914 admet [ɑ:] ou [a]. L'[ɑ] des finales -asse s'explique p. anal. d'apr. -a(s) où la chute de l's avait normalement fermé le timbre de la voyelle précédente (cf. G. Straka, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 22). Enq. : /klas, (D)/. Attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. xives. [date du ms.] hist. romaine « ensemble de citoyens, répartis en catégories selon le cens » (Bercheure [Bibl. nat. fr. 20312 ter], fo21, recto ds Littré); 2. 1758 « ensemble d'individus rapprochés par la fonction, la condition sociale, etc. » (Quesnay, Analyse du Tableau économique, éd. E. Daire, Paris, 1846, t. 2, p. 58). B. 1. 1549 « ensemble d'élèves faisant les mêmes études » (Est.); 2. 1611 « enseignement dispensé à un groupe d'élèves » (Cotgr.); 1680 « lieu où se donne cet enseignement » (Rich.). C. 1. 1559 « flotte » (Poldo d'Albenas, Discours historial de l'antique et illustre cité de Nismes, Lyon, p. 205) − 1636, Monet; 1673 [et non 1637 comme le rapportent les dict. dep. Trév. 1704] « contingent naval; conscription navale » (Édit ds Isambert, Recueil général des anciennes lois fr., t. 19, Paris, 1829, p. 115); 1798 « ensemble de jeunes gens appelés chaque année pour le service militaire » (Moniteur an VI d'apr. Lar. 19eSuppl. 1890); 1877 « contingent libérable » d'apr. Esn.; 1888 classe « libération » (Courteline, Le Train de 8 h 47, p. 53); 2. 1833 arg. milit., plur. « exercice » d'apr. Esn.; 1900 faire ses classes (Nouv. Lar. ill.). D. 1. a) 1680 « rang, ordre d'après l'importance ou la valeur » (Rich. : auteurs de premiere classe); 1789 (Le Moniteur, II, 459 : prince de seconde classe); 1789 (ibid., 536 : la mise indiquait une femme d'une classe au-dessus du médiocre); b) 1916 arg. des éleveurs avoir de la classe « avoir de la valeur » ds Esn.; 1937 « avoir de la distinction » (A. O. Grubb, Auto, p. 26); 2. 1690 « catégorie de personnes ou d'objets ayant des caractères communs » (Fur.); 3. 1694 (Tournefort Bot. t. 1, p. 16 : J'apellerai donc une classe de plantes l'amas de plusieurs genres entre lesquels se doivent necessairement trouver certaines marques communes, qui les distinguent de tous les autres genres). Empr. au lat. class. classis « division du peuple romain », « division, groupe (d'élèves p. ex.) », « contingent militaire », spéc. « flotte ». Fréq. abs. littér. : 7 252. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 12 483, b) 8 914; xxes. : a) 10 312, b) 9 206. Bbg. Cobban (A.). The Vocabulary of social history. Political science Quaterly. 1956, t. 71, p. 6. − Gall. 1955, passim. − Gottsch. Redens. 1930, p. 311. − Pauli 1921, p. 43. − Sain. Lang. par. 1920, p. 142, 532. |