| CLAIE, subst. fém. A.− Treillis d'osier à claire-voie tendu sur un support en bois. Claie d'alfa, de branchages, de roseaux, de rotin; une cage aux claies de bois. Les pauvres dormaient sur une claie ou sur une paillasse (Chateaubriand, Essai sur la litt. anglaise,t. 1, 1836, pp. 254-255).Nous nous sommes étendus, en les attendant, sur des claies de jonc, n'en pouvant plus (Gide, Le Retour du Tchad,1928, p. 963): 1. ... Nab et Pencroff, guidés par Cyrus Smith, charrièrent, sur une claie faite de branchages entrelacés, plusieurs charges de carbonate de chaux,...
Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 118. − Spéc. [Claie utilisée comme brancard] Tu as vu le berger des Campas, quand on l'a rapporté sur la claie? Tu l'as vu? Il n'est pas mort de mort simple (Giono, Colline,1929, p. 94). B.− P. anal. Ouvrage utilisé pour : 1. Ouvrage utilisé pour : s'abriter des projectiles, servir de barrage, de nasse. On éleva des galeries en claies de jonc pour se garantir des projectiles (Flaubert, Salammbô,t. 2, 1863, p. 14).L'eau entrerait par une écluse grillée, et sortirait par une claie bien serrée de l'autre côté : les poissons seraient là dans l'eau vive comme chez eux, et l'on n'aurait qu'à jeter le filet pour en prendre ce qu'on voudrait (Erckmann-Chatrian, L'Ami Fritz,1864, p. 49). 2. Ouvrage utilisé pour : servir de palissade, de barrière, de mur, de porte, de plancher; couper le vent. Synon. canis.Ces maisonnettes bulgares sont bâties en claie, et couvertes de branches d'arbres avec leurs feuilles (Lamartine, Voyage en Orient, t. 2, 1835, p. 449).− Bon, dit-il [Arthur], je les vois aussi [des moutons] (...) je vois même le parc : il est fait de claies (H. Malot, Sans famille,1878, p. 198).Des claies et des abrivents en racine de bruyère coupent maintenant de leur ligne d'un violet sombre les romarins et les mimosas sauvages (Morand, L'Homme pressé,1941, p. 136). 3. Ouvrage utilisé pour : déposer les vers à soie. Il aura entendu dire aux femmes qu'on manquait de claies pour les vers à soie (A. Daudet, L'Arlésienne,1872, II, tabl. 2, 2, p. 386). 4. Ouvrage utilisé pour : sécher les fruits, les fromages. Les fromages sont transportés au séchoir et placés sur des claies recouvertes de paille de seigle (A.-F. Pouriau, La Laiterie,1895, p. 571).Je me plaisais dans le fruitier, où des pommes et des poires mûrissaient sur des claies (S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 78). 5. Ouvrage utilisé pour : tamiser de la terre. Dans le syntagme passer à la claie. La quatrième [route] côtoyait des carrières de balast encombrées de claies de fer à trier le sablon (E. de Goncourt, Les Frères Zemganno,1879, p. 15). C.− Peine infamante infligée à celui qui va mourir dans les supplices ou au cadavre de celui qui a été supplicié et qui consistait à l'attacher sur une claie et à le faire tirer souvent par un cheval dans les rues de la ville. Condamner qqn à la claie; promener les suppliciés sur des claies; traîner qqn sur la claie. [Jugement de Mortimer] (...) C'est pourquoi il est décidé par eux que ledit Roger (...) sera traîné sur la claie et pendu (Druon, Le Lis et le lion,1960, p. 210): 2. ... et tous ces morts, saignant Au loin, d'un continent à l'autre continent, Pendant aux pals, cloués aux croix, nus sur les claies, Criaient, montrant leurs fers, leur sang, leurs maux, leurs plaies : ...
Hugo, La Légende des siècles,Sultan Mourad, t. 2, 1859, p. 460. − P. métaph. Et ces hommes qui avaient traîné Gwynplaine sur la claie du sarcasme, étaient-ils méchants? (Hugo, L'Homme qui rit,t. 3, 1869, p. 184): 3. Quoi qu'il en soit, le jugement total de la vie publique et privée de Mirabeau laissait l'idée de quelque chose de grand mais d'énormément souillé (...) et sa mémoire comme son corps, tantôt au Panthéon et tantôt sur la claie!
Sainte-Beuve, Portraits contemp.,t. 2, 1846-69, p. 286. 4. Malgré lui, ses yeux se braquaient sur ce prie-dieu où il avait si cruellement souffert. Dire qu'il allait falloir se remettre sur cette claie, s'étendre encore sur ce chevalet de torture!
Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 89. Prononc. et Orth. : [klε]. Passy 1914 transcrit : [klε] ou [klεj]. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. claye; ds Ac. 1740-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. xies. cleide judéo-fr. (Gloses de Raschi, éd. Darmesteter et Blondheim, t. 1, p. 27); 1155 cleie (Wace, Brut, 13546 ds Keller, p. 283b); 1306 claie (G. Guiart, Royaux Lignages, I, 4012, ibid.); 1690 (Fur. : Claye est aussi une grosse échelle de charpente [...] sur laquelle on fait traîner par la ville ceux qui ont été tués en duel). Du gaul. cleta (Dottin, p. 246), attesté en lat. médiév. avec la graphie clida au sens de « treillage de bois sur lequel on déposait le cadavre d'un supplicié ou de la victime d'un meurtre » (viies. Lois Ripuaires ds Nierm.). Fréq. abs. littér. : 147. |