| CIVILISATEUR, TRICE, adj. Qui civilise (cf. civiliser B). A.− [Le subst. désigne une pers.] L'Europe admirait dans Ibrahim-Pacha un conquérant civilisateur (Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, p. 451). B.− [Le subst. désigne une manifestation, une œuvre de l'esprit humain] La mission civilisatrice de la France est rendue sensible à chacun (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 491): 1. ... un très petit nombre de personnes sont à un degré suffisant de culture pour ressentir, repenser l'esprit profond de cette tragédie qui est une pièce civilisatrice. D'Iphigénie sort une puissance capable de faire des philosophes stoïciens, − comme du Cid, d'Horace et de Polyeucte sortait une puissance capable de faire des individus qui se sacrifient.
Barrès, Le Voyage de Sparte,1906, p. 154. 2. ... un des effets les plus éminemment civilisateurs de l'œuvre d'art, je veux parler de ce retour sur soi auquel tout spectateur est porté devant une représentation de l'être humain qu'il sent vraie et uniquement soucieuse du vrai.
Benda, La Trahison des clercs,1927, p. 87. Rem. Il semble que civilisateur tende à s'intégrer à une notion de transformation morale, notamment lorsque le compl. désigne moins une masse prise comme telle que les pers. dont se compose la masse (cf. ex. 1 et 2). − Emploi subst., rare. Celui qui propage, qui développe la civilisation parmi les peuples. Les races inférieures, comme le nègre émancipé, montrent d'abord une monstrueuse ingratitude envers leurs civilisateurs (Renan, Drames philos.,Caliban, 1878, V, 1, p. 433). Prononc. et Orth. : [sivilizatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1829 cosmopolitisme civilisateur (La Mode, t. 1, p. 195 ds Fr. mod., t. 15, p. 181). Dér. de civiliser*; suff. -(at)eur2*. Fréq. abs. littér. : 70. |