| CITROUILLE, subst. fém. A.− Plante potagère de la famille des Cucurbitacées, dont les fruits jaune-orangé sont de forme sphérique ou oblongue. Manger de la citrouille, potage à la citrouille : ... des arbres plus espacés, (...) laissaient le soleil mûrir à terre des citrouilles pareilles à des lunes tombées.
Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1362. − [En appos. avec valeur d'adj.] Une haute et large bâtisse au crépi jaune citrouille (Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 201). − En façon, en forme de citrouille. Une bouteille à forme écrasée en façon de citrouille et à côtes (Balzac, César Birotteau,1837, p. 158).Les joues en forme de citrouille (Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de 1813,1864, p. 154). B.− Pop. Personne énorme et ridicule, grosse tête. J'étais-t-i' fier et fanfarreux d'avoir eç'te casquette neuf su' la citrouille (R. Martin du Gard, La Gonfle,1928, I, 1, p. 1174).Mon voisin de droite, une épaisse citrouille qui sourit du haut de son ventre aux choses, aux gens, à la vie (Gide, Souvenirs de la Cour d'assises,1913, p. 671). Rem. On rencontre ds la docum. a) Le subst. masc. citrouillard, pop. Qui a une tête comme une citrouille (attesté ds Nouv. Lar. ill.-Lar. 20e). b) Le subst. masc. citrouiller. Plante qui porte les citrouilles. Le fruit du citrouiller (F. Jammes, De tout temps à jamais, 1893-1938, p. 66). Prononc. et Orth. : [sitʀuj]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1256 citrole (A. de Sienne, Régime du corps, 51, 10 ds T.-L.), forme attestée seulement par cet auteur; 1549 citrulle ou citrouille (Est.); 1675 [1699 d'apr. Lar. Lang. fr.] fig. « femme grossière » (J.-H. Widerhold, Nouv. dict. fr.-all. et all.-fr., Bâle : C'est une grosse citrouille); 1713 « personne lourde, niaise » (Hamilton, Mémoires du comte de Grammont, p. 17 ds IGLF). Étant donnée l'orig. de la 1reattest. fr. et des 1resattest. lat., empr. au lat. médiév. du domaine ital. citrolus (1178 ds Du Cange t. 2, p. 345b) citrul(l)us (1176-87 ds Mittellat. W. s.v., 654, 3), latinisation du type de l'Italie du Sud (cf. la notoriété des médecins de l'École de Salerne) citrulo (corresp. au toscan citri(u)olo, xives. ds Batt.) dér. en -eolus (Rohlfs, § 1086) du b. lat. citrium « sorte de citrouille », du lat. citrus (citron*) en raison de la couleur jaune citron de la citrouille. La forme mod. en -ouille d'apr. les mots fr. affectés de cette finale. Fréq. abs. littér. : 71. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1965, t. 29, p. 376. − Ascher (S.). Die Bezeichnungen des Kürbis im Galloromanischen. Diss. Berlin, 1935. − Hope 1971, p. 181. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 111; Lang par. 1920, p. 142, 374; Sources t. 3 1972 [1930], p. 25. − Wind 1928, p. 38, 72, 150. |