| CISAILLE, subst. fém. A.− Appareil, outil servant à couper. 1. Gén. au plur. Outil en forme de ciseaux, à lames fortes, servant à découper du carton, du métal en feuille, à élaguer les arbres ou tailler les haies, etc. Cisailles à main; cisailles de chirurgien, d'horticulteur, de jardinier : ... il [Coupeau] coupait son zinc en artiste. D'un tour de compas, il avait tracé une ligne, et il détachait un large éventail, à l'aide d'une paire de cisailles cintrées; ...
Zola, L'Assommoir,1877, p. 481. − [P. anal. de forme] Fer à repasser servant à tuyauter, formé de deux tiges rondes croisées. Elle préparait les cisailles et les madeleines pour gaufrer elle-même son plus joli « devant » de lingerie fine (Colette, La Maison de Claudine,1922, p. 132). 2. Gén. au sing. Appareil à deux lames, dont l'une est fixe et l'autre mobile, servant à découper du carton, du métal en feuille ou en barre. Cisaille d'établi; cisaille mécanique. La cisaille, et la tronçonneuse (...) permettent de couper des fers de très grosses sections (Arts et litt. dans la société contemp.,1935, p. 2204). SYNT. Cisaille de relieur, de zingueur; cisaille à billette, à guillotine. Cisaille circulaire. Où les lames sont remplacées par deux disques de métal tranchants. Rem. 1. Cisaille « outil en forme de ciseaux » est un subst. fém. plur. selon Ac. 1835-1932, Littré, DG, Guérin 1892, Lar. 20e− Lar. Lang. fr. Le sing. ou le plur. sont indifféremment admis par Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. et Dub. Ds la docum. le plur. est le plus fréq., mais on rencontre aussi le sing. L'ouvrier taillait tranquillement son zinc à coups de cisaille, penché sur l'établi, pareil à un tailleur coupant chez lui une paire de culottes (zola, op. cit., p. 479). Il avait avec une cisaille coupé les mailles du grillage qui fermait encore le camp à quelques endroits (Van der Meersch, Invasion 14, 1935, p. 365). 2. Pour cisaille « appareil dont une lame est fixe », le plur. utilisé pour désigner un seul obj. n'apparaît que dans l'ex. suiv. Il [l'ouvrier layetier qui fabrique ses clous] presse avec le genou droit la branche mobile des cisailles qui taillent les pointes tout en rognant les fils de fer (Nosban, Nouv. manuel complet du menuisier, t. 2, 1857, p. 203). Selon Dupré 1972 ,,On n'emploiera (...) le singulier cisaille que pour parler d'une machine comportant une seule lame principale; et on se servira du pluriel cisailles pour désigner ces gros ciseaux, qui comportent deux lames égales.`` B.− P. méton. Rognure de métal; en partic. rognure provenant de la fabrication des monnaies. De la cisaille (Ac. 1835-1878); fondre de la cisaille (Lar. 19e). Prononc. et Orth. : [sizɑ:j]. Cisailles et cisaille ds Ac. 1694-1932. Cisaille en vedette Ac. 1694 et Ac. 1932 seulement, en 1932 à côté de cisailles. Étymol. et Hist. 1. 1214 une cisaille « ciseau (ici sert à couper du tissu) » (Anger, Trad. Vie St Grégoire, éd. P. Meyer ds Romania, t. 12, p. 182, 2260); av. 1285 plur. cisailles (de barbier) (Rutebeuf,
Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, II, 262, 33); 1680 « gros ciseaux pour couper le métal » (Rich.); 2. 1324 cisaille « rognures de métal » (A.N. JJ 62, fo139 vods Gdf. Compl.). Du lat. vulg. *cisacula « instrument pour couper », altération (cf. ciseau) du lat. vulg. *caesacula, plur. neutre collectif de *caesaculum formé à partir du rad. caes- de caedere « couper » (v. ciseau) avec le suff. instrumental -aculum, v. -aille. Fréq. abs. littér. : 37. |