| CIRER, verbe trans. A.− Enduire de cire ou d'un autre produit ayant les mêmes propriétés (rendre lisse et brillant). La maîtresse du pensionnat a dû faire cirer à point le plancher du parloir (A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, p. 425).Je te dis que je ne l'ai jamais vue ni laver ni cirer (Giraudoux, Ondine,1939, I, 1, p. 13): 1. − Ah! murmura-t-elle, faisait-il beau, hier! ... Que c'est bon, le soleil! Hubertine, en train de cirer son fil, hocha la tête.
Zola, Le Rêve,1888, p. 44. 2. L'escalier est de bois. On a dû le cirer au début des temps et, par la suite, se contenter de le brosser à l'eau de Javel : ...
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 50. ♦ Vx. Porter malheur : 3. ... travailler avec M. Coffe le matin, m'ôte tout appétit à dîner. C'est un parfait honnête homme, mais sa vue me cire (me porte malheur).
Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1836, 3, p. 413. − En partic., usuel. Enduire de cirage : 4. Il était heureux comme un homme qui, pour la première fois, n'est plus obligé de cirer lui-même ses souliers et les trouve, le matin, tout flambants à sa porte.
Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions » 1948, p. 190. − Au fig., pop. Cirer les bottes de qqn. Le flatter servilement (cf. lécher). B.− Au fig. Rendre brillant. Le col d'habit luisait, un peu ciré par le frottement des longs cheveux (Maupassant, Bel-Ami,1885, p. 25).Mon lit (...) si frais, aux draps cirés par les repassages (Colette, L'Entrave,1913, p. 46). Prononc. : [siʀe], (je) cire [si:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. (de [nous] cirons) : ciron, (nous) cierons. Étymol. et Hist. 1. 1180-1200 « enduire de cire » (Aliscans, éd. E. Wienbeck et W. Hartnacke, v. 3423); 1180 drap cired part. passé adj. (G. de St-Pair, Mont-Saint-Michel, 1240 ds T.-L.); début xiiies. toile cirée (Gaydon, 246, ibid.); 1906 un ciré subst. masc. « vêtement imperméable que portent les marins par gros temps » (Soé-Dup.); 2. 1680 (Rich. : Cirer. Tremper dans quelque cirage. Appliquer le cirage sur le cuir); d'où 1866 fig. fam. cirer les bottes à qqn (Lar. 19e). 1 dér. de cire; dés. -er; 2 dér. du rad. de cirage*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 144. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 209, 254. |