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CIRCONFLEXE, adj. et subst. masc.
I.− Accent circonflexe; le circonflexe. Signe graphique mis au-dessus d'une voyelle.
A.− Signe d'accentuation grecque symbolisant une élévation de la voix limitée à la partie initiale d'une voyelle longue. Le signe du circonflexe (^) résulte de la combinaison du signe de l'aigu (') et du signe du grave (`) (M. Lejeune, Traité de phonét. gr.,Paris, Klincksieck, 1955, p. 266, n. 3).
B.− Signe diacritique qui généralement marque la disparition d'une lettre ou indique la prononciation longue d'une voyelle :
L'office commença. (...) Le côté du chœur, visible pour Durtal, faisait de toutes les voyelles des lettres aiguës et brèves; l'autre, au contraire, les muait en des longues, semblait coiffer d'un accent circonflexe tous les o. Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 39.
P. méton. Un â circonflexe.
II.− [Emplois p. compar. et p. métaph.]
A.− (Accent) circonflexe
1. P. compar. En (accent) circonflexe. Faire un accent circonflexe. Une petite moustache taillée en circonflexe (Cendrars, Le Lotissement du ciel,1949, p. 45).On voyait ses ailes grises [d'une alouette] s'agiter en accent circonflexe à quelques pieds au-dessus des champs (Erckmann-Chatrian, L'Ami Fritz,1864, p. 104).
2. P. métaph. [(Accent) circonflexe désigne des choses qui affectent cette forme] Ah! par l'infini circonflexe De l'ogive où j'ahanne en croix (J. Laforgue, Poésies complètes,t. 2, 1887, p. 36).La bouche rouge vif (...) renversait l'un sur l'autre deux accents circonflexes (Courteline, Les Linottes,1912, p. 155).
B.− Emploi adj. Qui est en forme d'accent circonflexe. P. méton. Œil circonflexe. Ce joli étonnement de son œil circonflexe (E. et J. de Goncourt, Journal,1876, p. 1146).Les médecins courbés, sinistres et perplexes, Ont laissé leurs sourcils devenir circonflexes (E. Rostand, Le Vol de la Marseillaise,1918, p. 190).
Vx ou littér. Tortu, cagneux. Genoux circonflexes (L. Cladel, Ompdrailles,1879, p. 222).Il allait, d'un pas circonflexe, vers une destination peu certaine, à la façon d'un somnambule que menacerait le mal de mer (Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 10).
Spéc., ANAT. [En parlant de certains vaisseaux sanguins ou de certains nerfs dont le trajet a une forme sinueuse] Les veines circonflexes iliaques profondes (G. Gérard, Manuel d'anatomie humaine,1912, p. 284).Subst. fém. Désigne des vaisseaux sanguins. Les deux circonflexes, dont l'une postérieure, se porte derrière l'humérus (Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 4, 1805, p. 237).Subst. masc. Désigne des nerfs. La paralysie isolée du circonflexe a été signalée par Esprit (Aviragnet, Weill-Hallé, Marie dsNouv. Traité Méd.,fasc. 2, 1920-24, p. 700).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. circonflexion. Forme en accent circonflexe. La bouche avait toujours la même circonflexion compliquée, mieux accusée encore par le liséré de la moustache (R. Martin du Gard, Les Thibault, Le Pénitencier, 1922, p. 790).
Prononc. et Orth. : [siʀkɔ ̃flεks]. Ds Ac. 1694-1932. Introd. en fr. au xvies., l'accent circonflexe est un diacritique vocalique indiquant la syncope d'un son voisin, consonne, ou voyelle en hiatus : fût < vx fr. fust, âme < vx fr. anme, assidûment < vx fr. assiduement. ,,D'autre part, la syncope étant généralement, à la tonique, accompagnée d'un allongement de la voyelle, on a mis l'accent circonflexe dans un certain nombre de mots dont la tonique est longue sans qu'il y ait eu syncope`` (Beaul. t. 2 1927, p. 95) : infâme, pôle. Son emploi n'est cependant pas rigoureux : assidûment, mais absolument; binôme, mais axiome. En outre, il tend à adhérer à la syll. tonique : bête, mais bétail; cône, mais conique. De ce fait les dér. ne conservent pas toujours l'accent du mot de base : bêtebêtise, mais bêtebétail. Les couples hôpital-hospitalier, côte-costal, etc. ne doivent cependant rien à ce phénomène, puisqu'en l'occurrence la syncope n'a pas lieu dans les 2 éléments. Étymol. et Hist. 1. a) 1529 accent circunflect gramm. gr. (G. Tory, Champ fleury, éd. C. Bosse, Paris, 1931, L. III, foLII), graphie isolée; 1550 ton circonflexe (Meigret, Gramm. fr., 180, Foerster cité par Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 455); b) 1559-74 accent circumflex gramm. fr. (G. des Autels, Mitistoire Barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon, 45 ds Fr. mod., t. 12, p. 293); 2. a) 1654 p. plaisant. circonflexe « en forme d'accent circonflexe, tordu, de travers » (Scarron, Œuvres, p. 130 ds Richardson); b) 1845 anat. (Besch.). Empr. au b. lat. circumflexus [accentus] « [accent] circonflexe », part. passé adj. de circumflectere (composé de circum « autour » et de flectere « courber, ployer »), « décrire autour (en parlant des chars dans l'arène) »; spéc. gramm. « prononcer (une syllabe) longue », calque du gr. π ε ρ ι σ π ω ́ μ ε ν η [π ρ ο σ ω δ ι ́ α] « accent circonflexe », du verbe π ε ρ ι σ π α ̃ ν « qui désigne l'action de modifier brusquement la tension d'une corde pour faire entendre deux sons de suite » (J. Vendryes, Traité d'accentuation gr., Paris, 1904, § 45). Fréq. abs. littér. : 49. Bbg. Laurent (P.). Contribution à l'hist. du lex. fr. Romania. 1925, t. 51, p. 36.