| CINTRE, subst. masc. [Cintre évoque toute forme à courbure concave] A.− En gén. Ligne, surface à courbure concave : 1. ... nous marchions en silence, les yeux toujours fixés sur un cintre de montagnes dont les sommets perçaient les nuages; ...
Dusaulx, Voyage à Barège,t. 2, 1796, p. 133. 2. ... elle [Marie de Verneuil] mit un pardessus rouge dont les plis nombreux et graduellement plus allongés à mesure qu'ils tombaient sur le côté, dessinèrent le cintre gracieux des tuniques grecques.
Balzac, Les Chouans,1829, p. 275. ♦ Expr. En cintre. Qui a la forme du cintre : 3. Blaise ne pouvait se retenir d'admirer cette élégance de Zucas si naturellement racée, ce veston qui, même fatigué, tombait si bien de ces épaules en cintre...
A. Arnoux, Pour solde de tout compte,1958, p. 42. B.− Domaines partic. 1. ARCHIT. Courbure concave de la surface intérieure d'un arc, d'une voûte. L'arc, la voûte ayant cette courbure : 4. Les derniers rayons du crépuscule expiroient à travers les vitraux sous les grands cintres du dôme, ...
Nodier, Jean Sbogar,1818, p. 148. ♦ Plein cintre. Courbure qui décrit un demi-cercle sans brisure : 5. ... il s'y [à Marbourg] arrêta pour étudier l'église gothique qu'elle renferme, célèbre (...) parce qu'elle fut la première de l'Allemagne où l'ogive triompha du plein-cintre dans la grande rénovation de l'art au treizième siècle.
Montalembert, Hist. de Ste Élisabeth de Hongrie,1836, p. 111. ♦ Cintre surbaissé. ,,Cintre dont la hauteur est inférieure à la moitié de l'ouverture`` (Noël 1968). Cintre surhaussé. ,,Cintre dont la hauteur est supérieure à la moitié de l'ouverture`` (Noël 1968). 2. CONSTR. Échafaudage de fer ou de bois en forme d'arc de cercle permettant de construire arcades et voûtes en pierre ou en béton. Poser, lever les cintres : 6. Les maîtres du Moyen Âge établissaient des cintres en charpente pour porter les arcs doubleaux et les arcs ogives sur lesquels, à l'aide de couchis mobiles, ils maçonnaient les remplissages.
Viollet-Le-Duc, Entretiens sur l'archit.,1872, p. 86. 3. P. anal. a) ARTS MÉNAGERS. Support léger de métal, de bois, de matière plastique destiné à recevoir un vêtement. Elle avait eu le courage d'enlever sa robe de lamé, de l'accrocher sur un cintre (H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 91). b) SP. Partie incurvée d'un guidon de vélo de course (p. oppos. à la potence ou tige qui introduit le cintre dans le cadre). c) THÉÂTRE. Partie supérieure de la cage de scène où l'on remonte les décors. Puis montent du fond du théâtre, descendent des cintres des éléments de palais, une grille (Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 129). − Loges du cintre. Loges du rang le plus élevé. Rachel débutait à Broadway dans Horace (...) La salle était pleine jusqu'au cintre (A. Daudet, Pages inédites de crit. dram.,1897, p. 137). ♦ P. méton. L'ensemble des spectateurs occupant ces loges : 7. ... l'on s'en allait manger des oranges dans la baignoire d'un théâtre de drame, et rire lorsque le cintre pleurait.
E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 223. Prononc. et Orth. : [sε
̃:tʀ
̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. [Attesté par son dér. cintreel ca 1260 ds Gdf.]; 1300 cintre « voûte » (cité ap. J. Richard, Comtesse Mahaut, 257 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 454); spéc. 1676 archit. plein cintre (Félibien Dict., s.v. cintrer); 2. 1549 cintre « étai permettant de construire des voûtes » (Est.); 3. 1753 théâtre cintre (Encyclop. t. 3); 4. 1900 cintre « porte-manteau » (Nouv. Lar. ill.). Déverbal de cintrer*. Fréq. abs. littér. : 255. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 438, b) 341; xxes. : a) 360, b) 310. Bbg. Archit. 1972, p. 106. − Boulan 1934, p. 27. |