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CIEL, CIEUX, CIELS, subst. masc.
I.− Domaine physique
A.− ASTRON., COSMOGRAPHIE
1. Espace infini dans lequel évoluent les astres, représenté idéalement par une sphère. Astres, constellations du ciel; mouvement diurne du ciel; l'immensité, l'infini des cieux :
1. ... notre ballon qui reluit a l'air d'une lune plus grosse que l'autre, d'un monde errant au milieu du ciel, au milieu des astres, dans l'étendue infinie. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Voyage du Horla, 1887, p. 1325.
2. ... il ne s'est rien passé! Les saisons tournent autour de leur pivot et dans le ciel suave circulent des astres sages dont la tranquille géométrie condamne ces étoiles folles et déréglées qui incendient les prairies du ciel de leur chevelure enflammée, troublent de leur hurlement d'alerte la douce musique des planètes, bousculent par le vent de leur course les gravitations éternelles, font grincer les constellations et préparent, à tous les carrefours du ciel, de funestes collisions d'astres. Camus, L'État de siège,1948, p. 205.
Par restriction. Espace environnant un astre quelconque :
3. Astre immense du ciel lunaire, la terre offre aux sélénites les mêmes phases que celles que la lune nous présente, mais dans un ordre inverse. C. Flammarion, Astron. pop.,1880, p. 197.
P. métaph. Le ciel poétique. Le monde des poètes :
4. Byron était un des antipathiques de l'illustre auteur de René, qui le considérait comme un rival, et pis que cela, presque comme un plagiaire. Il n'y avait pas assez de place dans le ciel poétique pour tous deux, − deux soleils à la fois! Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 13, 1863-69, p. 217.
P. méton. ,,Ensemble des constellations et des astres visibles à un moment ou lors d'une saison`` (Muller 1966). Telle étoile figure au ciel d'été (Muller 1966).
2. Spéc., ASTROL. Disposition des astres envisagée du point de vue de leur influence sur la destinée humaine. Carte, zone du ciel. Le ciel de naissance de Baudelaire, qui présente la remarquable conjonction d'Uranus et de Neptune (Breton, Les Manifestes du Surréalisme,1930, p. 174):
5. Si donc l'astrologue n'avait recours qu'au zodiaque il aurait pour un enfant né à Bâle et pour un enfant né en Alaska au même moment exactement le même horoscope. Il est évident que c'est impossible puisque le ciel de nativité était en réalité tout à fait différent à Bâle ou en Alaska, la lune et les autres astres étant dans ces deux lieux exactement dans des positions opposées. H. Beer, Introd. à l'astrol.,1939, p. 50.
3. ASTRON. ANC. et MÉDIÉV. Chacune des sphères de matière transparente, concentriques à la terre, et sur lesquelles étaient fixés les différents astres. Le ciel de Mars; les cieux des planètes (Ac. 1835-1932) :
6. On sait déjà quels étaient, dans les opinions de ce temps, l'ordre et le nombre des cieux. Aux huit sphères des planètes et des étoiles fixes, le besoin d'expliquer la rotation universelle d'Orient en Occident avait fait ajouter un neuvième ciel, appelé le premier mobile. Celui-ci, à son tour, était supposé recevoir son mouvement de l'attraction qu'exerçait sur tous ses points le ciel empyrée enveloppant l'univers, séjour de la divinité, rempli de lumière, d'ardeurs, et d'amour. Ozanam, Essai sur la philos. de Dante,1838, p. 162.
Au fig. Être au troisième, au septième ciel. Être au comble du bonheur :
7. Il lui montra de quelle manière le public, enlevé au troisième ciel de la rengaine et hypnotisé par les mots de « diction », de « syntaxe phonétique », d'« intonations émotionnelles », etc., comme par des bouchons de carafe, croit sincèrement entendre du Racine que les acteurs, encore plus sincères, croient lui débiter. Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 119.
B.− Dans la lang. cour. [Ciel opposé à terre ou à mer en tant qu'éléments physiques]
1. Partie de l'espace visible d'un point quelconque de la terre et formant au-dessus de nos têtes une sorte de voûte circonscrite par l'horizon. La voûte du ciel, des cieux :
8. Des millions d'étoiles rayonnant dans le sombre azur du dôme céleste! La lune au milieu du firmament! Une mer sans rivage! L'infini dans le ciel et sur les flots!... Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. 213.
9. ... ce n'est plus le ciel fermé, ce ciel calme et lent à se faire, c'est le grand ciel des vents de mer. C'est le ciel ouvert sur la plaine brusque, changeant, tout entier envahi, en un instant, par les nuages; ... Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 109.
Loc. et expr.
a) Domaine concr.
En plein ciel. Dans l'espace. Elle [la mansarde] captait en plein ciel un mince rectangle de jour pur (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 253).
Entre ciel et terre. En l'air :
10. Tout était devenu si opaque, si noir et d'un tel silence que je n'étais plus attaché au monde. Je ne tenais en l'air que par deux cordes invisibles, tendues je ne savais plus où, et qui me suspendaient non pas entre ciel et terre mais au-dessus d'un élément immatériel issu de ces ténèbres inconnaissables. Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 189.
Sous le ciel, sous les cieux. Ici-bas, sur terre. (...), as-tu pu croire Que je préférais, sous les cieux, L'effrayant rayon de ta gloire (Hugo, Les Contemplations,t. 2, 1856, p. 351).
Lever les bras, les mains, les yeux au ciel. Elle lève au ciel des yeux blancs, secoue la tête (Colette, Claudine à l'école,1900, p. 158).
b) Au fig.
Élever qqn (jusqu') au ciel. L'admirer extrêmement, le couvrir d'éloges ou l'exalter.
Remuer ciel et terre. Déployer une activité considérable, faire tous ses efforts pour le succès d'une entreprise. Il a fallu remuer ciel et terre pour qu'on révise les règlements (R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 894).
Tomber du ciel. [Le suj. désigne une chose ou plus rarement un animé] Arriver à l'improviste et, généralement, fort à propos. Les joies les moins attendues, celles qui nous semblent comme tombées du ciel (Bernanos, Un Crime,1935, p. 862).
P. ext. [Le suj. désigne une pers.] Être stupéfait. Synon. tomber de la lune, des nues.
Toucher le ciel. Atteindre au sublime :
11. Hermann n'a vécu qu'avec lui-même, sa famille et quelques amis. Avec eux il est naïf, vrai, plein de verve; il touche le ciel. En société, il est d'une insoutenable bêtise. Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 467.
c) Expr. poét. L'eau du ciel. La pluie. Le feu du ciel. La foudre.
2. [Qualifié d'après son aspect dû au temps, à la saison, au moment de la journée] État de l'atmosphère :
12. Tu ressembles parfois à ces beaux horizons Qu'allument les soleils des brumeuses saisons (...) Comme tu resplendis, paysage mouillé Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé! Baudelaire, Les Fleurs du Mal,1857-61, p. 81.
SYNT. Ciel bleu, clair, clément, dégagé, étoilé, limpide, lumineux, pur, serein, transparent; ciel bas, brumeux, changeant, chargé, couvert, gris, lourd, moutonné, noir, nuageux, obscur, orageux, plombé, pluvieux, pommelé, sombre, tourmenté; ciel d'ardoise, d'azur, de plomb. Le temps était de plus en plus doux, le ciel de suie se cuivrait (Zola, Germinal, 1885, p. 1235). Ciel d'airain. Extrême sécheresse (au fig., cf. ex. 22). Ciel de juin, d'automne, d'hiver; ciel de neige, de pluie. Dans les éclairs et dans la foudre d'un ciel d'orage (Péguy, Le Porche du mystère de la 2evertu, 1911, p. 267). Coin, échappée, morceau, trouée de ciel; le ciel s'assombrit, se couvre, s'éclaircit, se rassérène.
Loc. adj. inv. ou subst. Bleu ciel ou bleu de ciel. Bleu clair. Ses yeux bleu de ciel, (...) son teint couperosé, tout indiquait un homme d'honneur (Montherlant, Les Célibataires,1934, p. 790):
13. − Ces fleurs sont d'un rose vraiment céleste, dit Legrandin, je veux dire couleur de ciel rose. Car il y a un rose ciel comme il y a un bleu ciel. Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 213.
Au fig. Ensemble de phénomènes constituant une certaine atmosphère morale collective ou un certain état d'âme individuel. Aujourd'hui temps glorieux. Mon ciel intérieur est plus splendide encore (Gide, Journal,1917, p. 634):
14. ... ces valeurs non ré-évaluées forment, si l'on peut dire, son ciel éthique, son « habitus » moral; le terme d'horizon de valeur suggère bien ce qu'est une conscience éthique : ... Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 71.
3. [Considéré par rapport aux lieux qu'il couvre] Pays, région. Sous le ciel méditerranéen. Dans les régions méditerranéennes. Sous d'autres cieux. En d'autres pays :
15. Fatigué de la vie monotone du pays où il est né, ce jeune inconstant va demander à un autre ciel, à d'autres climats, des impressions nouvelles; mais bientôt il revoit en imagination les lieux où l'appellent ses premières habitudes; ... Maine de Biran, De l'Influence de l'habitude sur la faculté de penser,1803, p. 106.
4. B.-A. Représentation de l'espace aérien dans un tableau, une fresque, etc. Le ciel charmant de ce tableau de Pérugin (Stendhal, Hist. de la peint. en Italie,t. 1, 1817, p. 215):
16. Autour de Turner même, avant lui et après lui, ce sont les féeries des rayons et des ombres dans les mares, dans les futaies, dans les chemins boueux et les ciels de pluie de Gainsborough, de Crome, de Reynolds, de Constable et les scintillements, les illuminations, les lueurs fantomatiques et mourantes dans les ténèbres de Whistler. É. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 100.
C.− P. anal., domaines techn.Ce qui est placé au-dessus de quelque chose, qui domine.
1. AMEUBL. Ciel de lit. Dais placé au-dessus d'un lit, formé d'un châssis recouvert d'étoffe, auquel sont suspendus des rideaux :
17. Les quatre pieds et les dossiers montaient également très haut. Ils supportaient le ciel de lit. Des tringles de fer en faisaient le tour, où des anneaux couraient avec leurs rideaux, des rideaux souples à carreaux rouges et blancs ou blancs et bleus. Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 162.
2. MINES Voûte d'une carrière. Dans la section transversale d'une galerie, on distingue la sole, (...) les piédroits (...); le plafond, ciel ou faîte, que l'on appelle aussi le toit (J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 649).
Carrière à ciel ouvert. Exploitée à découvert, sans puits, ni souterrain. Dans les carrières à ciel ouvert, l'extraction se fait, soit aux coins, soit à la trancheuse électrique (Arts et litt. dans la société contemp.,1935, p. 2003).
P. ext., dans la lang. cour. À ciel ouvert. En plein air, à découvert; et au fig., de façon ouverte, franche, au grand jour :
18. ... par ce que nous avons vu du procès à ciel ouvert, nous avons pu juger de ce qui s'est passé à huis clos. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 206.
II.− Domaine moral et RELIGION [Opposé principalement à terre comme le spirituel au temporel, à enfer ou à purgatoire]
A.− Séjour de Dieu ou des dieux et des êtres surnaturels. Le Seigneur, les puissances du ciel; monter aux cieux; notre père qui es aux cieux. Elle [l'Église] a rappelé (...) la volonté du Père qui est au ciel (Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 438):
19. Ce qui est certain, c'est qu'ils ont été créés bons et que, volontairement dépravés, ils sont tombés du ciel. Ils avaient été créés pour habiter le ciel empyrée; par leur faute ils ont mérité d'habiter l'enfer, mais, en raison de leur office, ils sont dans l'air ténébreux près de nous pour nous tenter. Théol. cath.t. 4, 11920, p. 394.
20. Les philosophes n'ont jamais été des esprits purs et des naturels des cieux. Mais des corps et des têtes terrestres, sur une terre où leur naissance et leur croissance ne comportèrent pas de vocations irremplaçables, de caractères intelligibles, de progrès de l'esprit pur, qui n'existe pas. Nizan, Les Chiens de garde,1932, p. 45.
SYNT. Anges, habitants du ciel; roi du ciel; maître, père des cieux.
P. métaph. :
21. Mobilisé d'un côté par l'infinie docilité du réel qui cède sous son effort, stoppé d'autre part, comme les maçons de Babel, par le désespoir d'atteindre jamais le ciel de l'absolu, l'esprit tantôt nie aveuglément l'infini actuel au nom d'un finitisme sans conviction, tantôt parie dans la nuit pour un absolu dont l'intuition lui manque. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 41.
B.− P. méton. Dieu, la Providence ou tout principe de transcendance. Signe, volonté du ciel; prier le ciel :
22. ... Cherchant ce grand secret sans pouvoir le surprendre, J'ai vu par-tout un Dieu sans jamais le comprendre! (...) J'ai vu par-tout le mal où le mieux pouvoit être, Et je l'ai blasphémé, ne pouvant le connoître; Mais ma voix, se brisant contre ce ciel d'airain, N'a pas même eu l'honneur d'irriter le destin. Mais, un jour que, plongé dans ma propre infortune, J'avois lassé le ciel d'une plainte importune, Une clarté d'en haut dans mon sein descendit, Me tenta de bénir ce que j'avois maudit, ... Lamartine, Méditations,L'Homme, 1820, p. 38.
23. Je voudrais me tuer pour le ciel. Le ciel petit à petit devient Dieu ou est-ce seulement toujours de l'air, du ciel? Le ciel m'entoure de son appel, le ciel me prend. Le ciel me tue. Le ciel! J'ai besoin du ciel. Le ciel sera l'éternité. Dieu est-il autre chose que le ciel. Suis-je autre chose que Dieu. Jouve, Paulina 1880,p. 221.
SYNT. Avertissement, bienfait, don, faveur du ciel; assistance, bénédiction, bonté, clémence, justice, miséricorde, protection du ciel; malédiction, punition, vengeance du ciel; adorer, bénir, implorer, invoquer, maudire le ciel.
Rem. Dans certaines mythologies antiques, le ciel est considéré comme le père des dieux. Toutes les nations scythiques, (...) avaient pour principale divinité la terre, (...); ils la faisaient femme de Jupiter ou du ciel (Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes, 1796, p. 22).
Spéc., dans l'ancienne Chine. Le fils du ciel. L'empereur (cf. Dupuis, Abr. de l'origine de tous les cultes, 1796, p. 43). Et p. ext. les fils du ciel. Le peuple chinois. Il simulait, à ce diplomate étonné, la danse classique des fils du ciel (L. Daudet, Bréviaire du journ.,1936, p. 53).
Loc. et expr.
Ciel, juste ciel ou justes cieux. Exclamations marquant la stupéfaction, la crainte, la joie, etc. Ciel! Un amas de chairs dans une corbeille de dentelles! (Boylesve, La Leçon d'amour dans un parc,1902, p. 238).
Au nom du ciel. Formule de supplication. Je t'en supplie, au nom du ciel, observe-toi! (Feydeau, La Dame de chez Maxim's,1914, II, 5, p. 39).
Grâce au ciel. Expression marquant la satisfaction. Grâce au ciel, je suis d'un rang, d'une fortune qui ne m'exposent point à la flatterie (Courier, Pamphlets pol., Procès de Paul-Louis Courier, 1821, p. 133).
Par le ciel, le ciel m'est témoin que, j'en atteste le ciel. Formules d'insistance.
Plût au ciel que. Formule de souhait.
(Que) le ciel confonde, punisse, etc. Formules de malédiction.
Proverbe. Aide-toi, le ciel t'aidera.
C.− Lieu où les élus jouissent de la béatitude éternelle après la mort. Le royaume des cieux; aller au ciel; gagner, mériter le ciel :
24. Ils priaient pour tous les leurs, pour la longue rangée de grands-parents qui dormaient à l'ombre des châteaux, dans le petit cimetière du village, et dont les âmes étaient à cet instant, à midi, le 12 juillet, réparties en purgatoire, dans l'attente douloureuse, ou au ciel, dans la béatitude, selon les décrets de la justice et de la miséricorde divines. De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 433.
25. ... à partir du moment où ils ont leur billet pour le ciel, c'est fini, c'en est fini de la charité, comme de toutes les autres vertus. Ils sont les élus, les heureux. Et ils jouissent de leur bonheur. Et ils vont en jouir pendant le reste de l'éternité, tranquillement, égoïstement. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Cécile parmi nous, 1938, p. 15.
P. ext. Le bonheur parfait. Voir les cieux ouverts. Goûter une joie extrême :
26. Sa vie fut le ciel et l'enfer : l'enfer quand elle ne voyait pas Julien, le ciel quand elle était à ses pieds. Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 116.
27. ... il avait pu, sentant et partageant son désespoir, s'éprendre d'un amour désespéré comme elle et qui leur ouvrait le ciel à tous deux. Gide, Les Nouvelles Nourritures,1935, p. 268.
Rem. gramm. Au plur., ciel fait ciels ou cieux suivant les emplois. ,,(...) quand on compte les ciels, c'est-à-dire quand on passe au pluriel dans la rigueur de la définition, on le forme régulièrement en ajoutant un s au singulier`` (Jullien ds Littré). Ainsi on dit ciels de lit, ciels de carrière. Ciels est également utilisé pour désigner les parties du ciel considérées sous leur aspect pittoresque. Le gris des ciels couverts (Loti, Pêcheur d'Islande, 1886, p. 145). De même comme terme techn. de peint. (cf. ex. 16). Au contraire cieux est un simple coll. à valeur emphatique que l'on rencontre en partic. dans les emplois I A 1 et I B 1, l'immensité des cieux, la voûte des cieux et dans le vocab. relig. (cf. II). Il y a concurrence des 2 formes lorsque le mot désigne les différentes sphères concentriques de l'astron. anc. Ainsi cieux dans l'ex. 6, mais les septs ciels de la physique chrétienne (Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 904). De même les 2 formes coexistent lorsque le mot est pris dans le sens de région, pays : cf. d'une part la loc. sous d'autres cieux, d'autre part sous les ciels attiques (Moréas, Les Syrtes, Remembrances, 1884, p. 9). Ciels aussi dans le lang. de l'aviat. Sur toutes les mers et dans tous les ciels (De Gaulle, Mémoires de guerre, 1959, p. 500).
Prononc. et Orth. : [sjεl], plur. [sjø], [sjεl]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. ixes. « lieu de séjour de Dieu » et « séjour des âmes après la mort » (Eulalie, 6 et 25 ds Henry Chrestomathie); ca 1050 « voûte céleste » (Alexis, 118c ds T.-L.); 1604 par faveur du ciel (Montchrestien, Hector, p. 36 ds IGLF); 1604 ô Ciel! (Id., Aman, p. 260, ibid.); 2emoitié du xives. « dais (dressé au-dessus d'une table) » (Eustache Deschamps, Œuvres, éd. Queux de St Hilaire, t. 2, p. 212); 1676 technol. les ciels d'une carrière (Félibien Dict., p. 526). Du lat. class. caelum « voûte céleste; séjour de la divinité » et terme techn. « voûte, voussure ». Fréq. abs. littér. : 28 481. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 50 830, b) 43 915; xxes. : a) 39 566, b) 30 422. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 152. − Gottsch. Redens. 1930, pp. 1-2. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 134. − Rog. 1965, p. 57, 102.