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CHÂTELET, subst. masc.
A.− FÉOD. Petit château fort destiné à défendre l'accès d'un pont, d'une route, d'un château fort (cf. Proust, Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 28). Doublet de castelet (cf. castelet A) :
Sur la dix-huitième arche et ses deux piliers, formant culée, s'élevait un châtelet composé de deux tours réunies par un porche voûté. A. France, Vie de Jeanne d'Arc,1908, p. 128.
HIST. Le grand et le petit Châtelet. Anciennes forteresses de Paris défendant la Cité, transformées en siège de la justice royale et en prison. Absol. Le grand Châtelet, ,,la juridiction, le tribunal où les affaires civiles et criminelles se jugeaient en première instance`` (Ac. 1835-1878). Conseiller, notaire, commissaire au Châtelet; la sentence, la procédure du Châtelet (cf. Ac. 1835-1878 et Marat, Les Pamphlets, Dénonciation contre Malouet, 1792, p. 213).
[xxes.] Place du Châtelet, située sur l'emplacement du grand Châtelet. Colonne, fontaine du Châtelet; théâtre du Châtelet et absol. féeries du Châtelet (S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 56), les concerts nationaux du Châtelet (Mallarmé, La Dernière mode,1874, p. 792).
P. anal., TECHNOL. ,,Dans certains métiers à tisser, réunion des montants verticaux qui soutiennent les hautes lisses`` (DG); cf. aussi P. Araud, Ch. Thomas La Fabrication du drap, 1921, p. 20.
Rem. 1. Sens technol. attesté encore ds Lar. 19e-20eet Littré. 2. Un terme de jeu d'enfants bien attesté sous castelet (cf. castelet B) est mentionné par Besch. 1845, Lar. 19e, Littré.
B.− Rare. Petit château. De jolis châtelets à poivrières enfouis dans des massifs de verdure (Hugo, Le Rhin,1842, p. 45).
Prononc. et Orth. : [ʃ ɑtlε]. Ds Ac. 1694 et 1718 s.v. Chastelet; ds Ac. 1740-1878 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. 1155 chastelet « château fortifié » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 937), considéré comme anc. par les dict. de Trév. 1704 à Guérin 1892; châtelet repris par les écrivains du xixes. au sens de « petit château » 1842 (Hugo, loc. cit.); spéc. désigne Le Châtelet de Paris [peut-être 1291 (Lett. de Ph. roi de Fr., Martène, Thes., I, 1243 ds Gdf. Compl.)]; 1360-70 (Baudouin de Sebourc, éd. Bocca, XX, 119 d'apr. T.-L.); ca 1400 (Froissart, X, 152 ds IGLF), subsiste comme arch. de civilisation; p. anal. 1579-83 technol. « sorte de dévidoir » (MmesDes Roches, La Femme forte, 148 rods Hug. : Le chastelet aussi pour devider le lin); 1680 (Rich. : Chastelet. La partie du métier du Rubanier qui soutient les ardoises et les hautes-lices). Dér. de l'a. fr. chastel (château*); suff. -et*. Le Châtelet de Paris est mentionné sous la forme du lat. médiév. castelletum av. 1209 par Rigord ds Du Cange t. 2, p. 210b. Fréq. abs. littér. : 165. Bbg. Hasselrot 1957, p. 218.