| CHRISTIANISME, subst. masc. A.− Religion chrétienne, fondée sur la personne et la parole de Jésus-Christ. Se convertir au, embrasser le christianisme; les dogmes, la morale du christianisme; le christianisme naissant, primitif : 1. Je ne redeviendrai incrédule que quand on m'aura démontré que le christianisme est incompatible avec la liberté; alors je cesserai de regarder comme véritable une religion opposée à la dignité de l'homme.
Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 1, préf., 1797, p. XLV. 2. J'ai parlé du christianisme comme système de croyance; je vais maintenant l'envisager comme souveraineté, dans son association la plus nombreuse.
J. de Maistre, Des Constitutions pol. et des autres institutions hum.,1810, p. 37. 3. Je viens de prouver, tout au contraire, que le christianisme est un développement normal de l'esprit humain, survenu d'abord au sein du mosaïsme, en vertu même des prémisses contenues dans ce mosaïsme, ...
P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 966. 4. Elle [l'Espagne] va reculer d'horreur? Que non! D'un paganisme éblouissant elle tire avec aisance un christianisme ascétique.
Barrès, Greco,1911, p. 150. 5. Le christianisme romain s'inscrit dans les cadres de l'empire d'Occident, comme le christianisme grec dans celui de l'empire d'Orient.
Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 212. 6. ... à mesure que le temps passait et que le catholicisme médiéval perdait de son influence, il s'est produit, par une singulière illusion de perspective, qu'on en est venu à le confondre avec ce christianisme des réformateurs, qui en avait été la négation même.
Gilson, L'Esprit de la philos. médiév.,1932, p. 221. 7. Dès 1914, Mussolini annonçait la « sainte religion de l'anarchie » et se déclarait l'ennemi de tous les christianismes.
Camus, L'Homme révolté,1951, p. 222. 8. L'enseignement du christianisme médiéval sur l'intérêt trouve au xxesiècle des confirmations assez inattendues, en même temps que des occasions pressantes de se reformuler en se rajeunissant.
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 370. SYNT. a) L'établissement du christianisme; le Génie du Christianisme (titre d'une œuvre de Chateaubriand). Le vrai mode de christianisme qui nous convient (Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, p. 320). b) Christianisme + adj. déterminatif. Christianisme historique (Camus, L'Homme révolté, 1951, p. 93); le christianisme (...) paulinien (...) de Hamann (Béguin, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 55); le christianisme proud'honien [de l'évêque Myriel dans Les Misérables] (Arts et litt. dans la société contemp., 1935, p. 6402); le christianisme social ou démocratie chrétienne. c) Christianisme + adj. caractérisant. Christianisme cutané (Amiel, Journal intime, 1866, p. 160); christianisme superficiel (Loti, Le Mariage de Loti, 1882, p. 99); christianisme décoloré (Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 4, 1920, p. 382); christianisme décomposé (Bernanos, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1032); christianisme authentique; christianisme exigeant (Camus, La Peste, 1947, p. 1292); christianisme relâché (Sorel, Réflexions sur la violence, 1908, p. 23); rigoureux christianisme (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 485); christianisme pratique et sensé (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 39); christianisme rationnel et critique (Renan, loc. cit.). B.− Foi chrétienne d'un fidèle : 9. ... il [cet humanisme superficiel] détruisait la naïveté première de ma foi. Mon christianisme subit de grandes diminutions; il n'y avait cependant rien dans mon esprit qui pût encore s'appeler doute.
Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 195. Prononc. et Orth. : [kʀistjanism̥]. Nyrop Phonét. 1951, § 39, signale qu'en Suisse et en Belgique la prononc. de la finale est souvent [-izm̥] dans ce mot. C'est aussi la prononc. méridionale du suff. -isme. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [Mil. du xiiies. a. lim. crestianesmes (Poésie à la Vierge, v. 106 ds Romania, t. 20, p. 461, restitué par P. Meyer en a. fr. sous la forme *crestianismes)]; repris en 1585 christianisme (Noël du Fail, Contes d'Eutrapel, II, 325 ds IGLF). Empr. au lat. chrét. christianismus « id. » (Tertullien ds TLL Onom., 414, 61, s.v. Christus), gr. χ
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ι
σ
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ς « id. » (ca 250, Clément d'Alexandrie ds Bailly). La date de 1500 avancée par quelques dict. est due à une erreur de lecture pour christianissime (Auton, Chron. ds Gdf. Compl.). Fréq. abs. littér. : 3 117. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 729, b) 2 675; xxes. : a) 3 201, b) 3 301. |