| CHOU, subst. masc. A.− Plante de la famille des Crucifères dont existent de nombreuses variétés cultivées pour l'alimentation de l'homme et des animaux. Planter des choux; chou farci; soupe aux choux. Un carré où se pommelaient quelques choux aux feuilles veinées et vert-de-grisées (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 3): 1. Au carrefour de la rue des Halles, les choux faisaient des montagnes; les énormes choux blancs, serrés et durs comme des boulets de métal pâle; les choux frisés, dont les grandes feuilles ressemblaient à des vasques de bronze; les choux rouges, que l'aube changeait en des floraisons superbes, lie de vin, avec des meurtrissures de carmin et de pourpre sombre.
Zola, Le Ventre de Paris,1873, p. 627. SYNT. Chou cabus, pommé; chou vert; feuille, trognon de chou. Un carnet à couverture vert chou (Gide, Journal, 1904, p. 142). ♦ Chou de Bruxelles. Chou à longue tige dont on consomme les bourgeons. Le vieil homme récoltait, sur le talus de la voie ferrée, des choux de Bruxelles. Car il avait converti le remblai en jardin (Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 446). B.− [P. anal. de forme, d'aspect] 1. Pâtisserie soufflée généralement fourrée à la crème. Chou à la crème; pâte à chou. La pyramide était composée de minuscules choux à la crème, enduits d'un caramel résistant (Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 380): 2. Madame Lebègue, une vieille dame en deuil qui avait des boucles blanches et qui était toujours assise à la caisse, me proposa des éclairs succulents et des choux glacés à la crème, mais je ne voulus rien qu'un chou sec pour le manger dans la rue.
Gyp, Souvenirs d'une petite fille,1927, p. 91. 2. Nœud de ruban ou d'étoffe à nombreuses coques, utilisé en confection. [Un] bonnet de nuit orné de touffes de rubans jaunes, appelées techniquement des choux (A. Dumas Fils, La Dame aux Camélias,1848, p. 121). C.− Au fig. 1. Terme d'affection désignant le plus souvent un enfant lorsqu'on s'adresse à lui. Mon pauvre chou; mon petit chou. Je n'ai pas le temps de lire. (...) Tu comprends, avec les deux choux à soigner (Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 78). ♦ Bout de chou. Petit enfant (cf. bout III B). Rem. Attesté ds Lar. encyclop.-Lar. Lang. fr., Dub. − Spéc., emploi adj. invar. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Charmant, joli, mignon. Sorel avait un chapeau chou (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 194).Vous allez être tout à fait chou, vous allez dédicacer quelques livres (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 266). 2. Vieilli. Chou colossal. Entreprise montée à grands renforts de promesses alléchantes pour duper le monde : 3. Tâche d'arriver à la croyance du plan de l'univers, de la moralité, des devoirs de l'homme, de la vie future et du chou colossal; (...) à la véracité de tous les mensonges possibles.
Flaubert, Correspondance,1838, p. 35. 3. Fam. Feuille de chou. Journal insignifiant. J'ai écrit quelquefois, jadis, dans des feuilles de chou (L. Daudet, La Vie orageuse de Clemenceau,1942, p. 25). D.− Expr. fam. − Aller à travers choux. Agir avec étourderie. Rem. Attesté ds les dict. gén. du xixesiècle. − Aller planter ses choux. Se retirer à la campagne ou quitter la vie active. Une fois cette campagne finie, (...) je plante mes choux; car, après tout, qu'est-ce que je veux, moi? Je n'ai pas d'ambition (Sue, Atar Gull,1831, p. 2). ♦ Envoyer qqn planter ses choux. Le congédier ou le destituer. Rem. Attesté ds les dict. gén. du xixes. ainsi que ds Rob., Lar. Lang. fr. − Avoir été trouvé (ou être né) sous un chou. ,,Mode de génération supposé qu'on propose à la crédulité des enfants (...)`` (Nouv. Lar. ill.). Cet innocent! S'il ne croit pas que les enfants naissent dans les choux, c'est tout juste (Colette, Claudine à l'école,1900, p. 25). ♦ P. ext. Être de naissance inconnue. Je ne me regarde point comme né sous un chou; j'entre dans la vie avec certains avantages (Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1, 1836, p. 169). − Proverbes ♦ Chou pour chou (Aubervilliers vaut bien Paris). [En parlant de deux pers. ou deux choses] Qui se valent. Rem. Attesté ds les dict. gén. du xixesiècle. − Être bête comme (un) chou. Être stupide. Sans compter qu'elle est bête comme un chou! Elle écrit catégorie par un th (Flaubert, L'Éducation sentimentale,t. 1, 1869, p. 209). ♦ [En parlant d'une pers.] Rem. Les dict. enregistrent l'expr. avec ou sans l'art. un; Lar. Lang. fr. la note comme étant ,,vieillie``. ♦ [En parlant d'une chose] Être facile, simple. À Aix la vie de l'internat coulait bête comme chou (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 294). − C'est bête comme chou. C'est facile à comprendre ou à faire. C'est bête comme chou, c'est simple, vous pouvez en faire autant... Essayez (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 182). − Être dans les choux. Être le dernier d'un classement : 4. « Vous venez du golf, Octave? lui demanda-t-elle [Albertine]. Ça a-t-il bien marché? Étiez-vous en forme? − Oh! ça me dégoûte, je suis dans les choux, répondit-il. »
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 878. ♦ P. ext. Être dans une position très fâcheuse (cf. Proust, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 871). − Faire chou blanc. [P. allus. au jeu de quille où cette expr. signifie ne rien abattre] Échouer dans une démarche, une entreprise : 5. Après s'être assurés par ce dernier ou par Mirolier qu'ils ne feraient pas chou blanc, ceux qui désiraient voir l'évêque en demandaient la permission au Supérieur qui leur remettait alors sa clef, ...
Billy, Introïbo,1939, p. 61. − Faire ses choux gras de qqc. Faire son profit ou son régal de ce que les autres dédaignent. Je fais mes choux-gras d'un vieux tricot que m'a donné madame Edmond et d'un imperméable de l'armée américaine (Giono, Les Grands chemins,1951, p. 93). ♦ P. ext. Exploiter une situation avantageuse. Vous êtes un tas de galapiats qui vous fichez du monde, et faites vos choux gras de la France (Balzac, Le Médecin de campagne,1833, p. 176). − Faites-en des choux, (faites-en) des raves. [En parlant d'une chose] Disposez-en, utilisez-la à votre guise. Je vous rends vos broderies tout de suite, donnez-les à un autre, faites-en des choux, des raves, ça ne me regarde pas (Champfleury, Les Souffrances du professeur Delteil,1853, p. 189). − Il en fait comme des choux de son jardin. ,,Il dispose de cela comme s'il en était le maître, le possesseur`` (Ac. 1835). Rem. Attesté ds Ac. 1835-78, Besch. 1845, Lar. 19e. − Ménager la chèvre et le chou (cf. chèvre I B). − Ne pas valoir un trognon de chou. N'avoir aucune valeur. Rem. Attesté ds Ac. 1835-78, Littré, Lar. 19e, Lar. encyclop., Lar. Lang. fr., Quillet 1965. − Rentrer dans le chou à qqn. Le heurter violemment ou l'attaquer de front. Rem. Attest. ds Rob., Lar. encyclop.-Lar. Lang. fr., Dub. − S'entendre à qqc. comme à ramer des choux. [P. allus. au fait que les choux ne se rament pas] Ne pas savoir s'y prendre pour faire quelque chose. Prononc. et Orth. : [ʃu]. Ds Ac. 1694-1932. Fait partie des 7 mots qui prennent x au plur. au lieu de s : bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou et pou. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 bot. chous (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, vers 3617); 2. a) 1549 pâtiss. (Est.); b) 1694 « nœud de ruban » (J.-F. Regnard, Attendez-moi sous l'orme ds Brunot t. 6, 2, pp. 1103-1104); c) 1809 terme de tendresse (P. Leclair, Les Méditations d'un hussard, p. 14). Du lat. class. caulis « tige des plantes, chou ». Fréq. abs. littér. : 692. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 503, b) 1 103; xxes. : a) 1 519, b) 1 008. COMP. 1. Chou-navet, subst. masc. Variété de chou dont on mange la racine ronde et charnue. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que ds Rob., Quillet 1965, Lar. 20e, Lar. Lang. fr. − [ʃunavε]. Ds Ac. 1762-1932. Au plur. des choux-navets. − 1reattest. 1732 (Trév.); composé de chou et de navet*. 2. Chou-palmiste, subst. masc. Bourgeon terminal comestible de certains palmiers (cf. arec, aréquier). De petites tranches de choux-palmistes saupoudrées de sucre et de vanille (Sue, Atar Gull, 1831, p. 26). − Seule transcr. ds Land. 1834 : chou-pale-micete (-icete = [ist]). Ds Ac. 1878 et 1932. Au plur. des choux-palmistes. − 1reattest. 1694 (Corneille, s.v. palmiste); composé de chou et de palmiste*. − Fréq. abs. littér. : 6. 3. Chou-rave, subst. masc. Variété de chou dont la tige, renflée en boule au-dessus du sol, est comestible. Un beau chou-rave qu'on peut manger avec de l'oie ou du cochon (Renard, Journal, 1903, p. 835). − [ʃuʀa:v]. Ds Ac. 1762-1932. Au plur. des choux-raves. − 1reattest. 1600 choux-raves (O. de Serres, Théâtre d'agriculture, VI, 8 ds Gdf. Compl.); composé de chou et de rave*. Lat. class. coles rapicii (TLL, s.v. caulis, 653, 40), b. lat. ravacaulus (fin du viiies., Capitulare de villis ds André Bot., p. 271).BBG. − Gottsch. Redens. 1930, passim. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 96. − Millepierres (F.). De qq. légumes. Vie Lang. 1966, no166, pp. 21-24. − Rog. 1965, passim. − Sain. Lang. par. 1920, p. 383. |