| CHLEU(H),(CHLEU, CHLEUH) adj. A.− Propre aux populations berbères du Maroc occidental, à leur langue, à leur culture, à leur territoire. Les ânes chleuhs de l'Atlas (Morand, Air indien,1932, p. 114). − Emploi subst. Soldat des troupes territoriales de 1914-1918. B.− Fam., péj. Allemand, allemande. Un avion chleuh. Pou chleu. Pou au dos marqué d'une « croix de fer ». − Pris subst. Allemand, notamment soldat allemand des troupes d'occupation : « ... le nazisme je ne suis ni pour ni contre : avec les Chleuhs ça peut réussir, mais ça ne convient pas au tempérament français... »
Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 274. Prononc. et Orth. : [ʃlø]. La majorité des dict. écrit chleuh. Rob. Suppl. 1970 traite séparément chleuh (Berbères) et chleuh ou schleu (qui désigne les Allemands). Noter que Guérin 1892 écrit, s.v. chleuh : ,,Syn. de chellouh`` qu'il enregistre à côté de shellous ou chellaha. Étymol. et Hist. 1. 1866 Chellouh ling. et ethnol. (tribu du Maroc) (Lar. 19e); 1891 chleuh (Gde Encyclop.); 2. p. ext. a) 1914-18 chleuh « soldat des troupes territoriales » (arg. des soldats combattant au Maroc, Esn.); b) 1936 « frontalier parlant une langue autre que le français : comtois ou alsacien » (Esn., Dauzat ds Fr. mod., t. 16, p. 139); c) 1939 « personne allemande ou de langue allemande » (à Metz d'apr. Dauzat, loc. cit.); d) mai 1940 « militaire allemand » (Esn., Dauzat, loc. cit.). Empr. à l'ar. du Maroc : šelḥ, plur. šlöḥ, nom d'une tribu du Maroc, šölḥa, nom de leur lang. (Lang. Monde, p. 162). Mot introduit en France vers 1933 par des soldats ayant combattu au Maroc (pour les sens dér. sous 2, Dauzat, loc. cit.). Bbg. Dauzat (A.). Pognon : fillette; chleuh : surnom des Allemands. Fr. Mod. 1948, t. 16, p. 138. |