| CHIRURGIE, subst. fém. A.− MÉD. Partie de la thérapeutique qui met en œuvre des procédés manuels et l'usage d'instruments, et qui groupe elle-même diverses spécialités selon les organes ou appareils intéressés (chirurgie thoracique), les buts recherchés (chirurgie réparatrice), etc. : 1. Chirurgie, manuopera, manœuvre, œuvre de main. Tout homme se sert de ses mains. Mais n'est-il pas significatif que depuis le xiiesiècle, ce terme
œuvre de main ait été spécialisé au point de ne plus désigner que le travail d'une main qui s'applique à guérir?
Valéry, Variété V,1944, p. 55. SYNT. Chirurgie à cœur ouvert, conservatrice, esthétique, d'exérèse, d'urgence, sanglante; docteur, thèse en chirurgie; congrès, professeur, service, table, traité, trousse de chirurgie; exercer, pratiquer la (une) chirurgie; étudier en chirurgie; être traité à la chirurgie; chirurgie dentaire, du cœur, de la tête. Petite chirurgie ou chirurgie ministrante. Chirurgie simple (bandages, plâtres, prélèvements, etc.). − P. ell., fam. [Jargon des hôpitaux]: Chirurgie (Être en). Être en traitement dans un hôpital pour une affection chirurgicale. [Cf. être en médecine.] (L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 96). B.− P. anal., dans le domaine végétal : 2. Il donnait à cette chirurgie des prétextes rationnels et je l'ai vu s'escrimer sur les lilas en consultant une encyclopédie rustique. Un jour, pendant notre absence, il fit tomber un des grands arbres, avec la complicité du tâcheron Herbelot. Malgré les difficultés, l'opération fut menée à bien, si j'ose ainsi parler, en une seule matinée.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la Terre promise, 1934, p. 117. − Spéc., ARBORIC. Intervention manuelle sur un arbre (d'apr. Forest. 1946). C.− P. métaph., dans le domaine moral : 3. − Mais le mal d'amour? − On n'a pas encore inventé de chirurgie morale pour arracher la douleur; ...
Murger, Scènes de la vie de jeunesse,1851, p. 193. Prononc. et Orth. : [ʃiʀyʀ
ʒi]. Pour la prononc. de l'initiale par [ʃ] cf. chimère. Fér. Crit. t. 1 1787 fait la rem. suiv. : ,,Chirurgie, chirurgien. Suivant le Dict. Gram., on devrait prononcer sirugie, sirugien. On ne cite point d'autorités pour justifier cette prononciation. Tenons nous-en à La Touche qui avertit qu'il faut dire chirurgien, et non pas chirugien. La prononciation marquée dans le Dict. Gram. est du peuple. Dans la Comédie du Portrait, Fanchon, domestique villageoise, dit : A (elle) travâilloit jour et nuit, pour pouvoir payer le Médecin et le Sirugien. Ceux qui parlent mal, dit Richelet, disent, chirugie, chirugien.`` Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1175 cirurgie (Chr. de Troyes, Chevalier lion, éd. W. Foerster, 4698); 1381 chirugie (Invent. de la Bibl. de J. de Neufchâtel, Bull. Soc. hist. Paris, nov.-déc. 1889, p. 169 ds Gdf. Compl.); fin xvies. chirurgie (A. Paré ds Littré). Empr. au lat. class.de même senschirurgia, cyrurgia « id. », lui-même empr. au gr. χ
ε
ι
ρ
ο
υ
ρ
γ
ι
́
α « activité manuelle, travail, industrie » d'où, dep. Hippocrate « opération, pratique chirurgicale ». Fréq. abs. littér. : 146. |