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CHIQUENAUDE, subst. fém.
A.− Léger coup donné avec un doigt qu'on replie contre le pouce et qu'on relâche brusquement. Cf. nasarde, pichenette.Il secouait d'une chiquenaude la cendre de cigarette qui s'égarait sur les revers de son veston (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 102):
1. M. Lepic, hostile aux effusions, ne témoigne sa joie de le revoir qu'en le taquinant. À l'aller, il lui détache une chiquenaude sur l'oreille. Au retour, il le pousse du coude, et Poil de Carotte rit de bon cœur. Renard, Poil de Carotte,1894, p. 149.
P. métaph. :
2. Encore un bâtisseur, pensais-je d'élucubrations mal échafaudées, encore une histoire à dormir debout que je ruinerai d'une chiquenaude. A. Arnoux, Rêverie d'un policier amateur,1945, p. 73.
B.− Au fig.
1. Faible impulsion :
3. Il [Baudelaire] demande à l'idée de suicide ce léger secours, cette chiquenaude qui lui permettra de considérer sa vie comme irrémédiable et accomplie, c'est-à-dire comme un destin éternel, ou si l'on préfère, comme un passé clos. Sartre, Baudelaire,1947, p. 219.
2. Chose insignifiante. Vous savez si je suis homme à me laisser abattre par une chiquenaude (Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 22).Il tourna le dos, l'air heureux et semblant se soucier de ce garçon comme d'une chiquenaude (É. Estaunié, Un Simple,1891, p. 141).
Prononc. et Orth. : [ʃikno:d]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1530 chicquenode « léger coup donné par la détente brusque du doigt médian » (Palsgr.); 1532 chicquenaude (Rabelais, Pantagruel, éd. Ch. Marty-Laveaux, chap. 29, p. 360). Orig. obs.; peut-être dér. avec finale d'apr. baguenaude* (les gousses du baguenaudier en éclatant laissent partir leurs graines en tous sens), plutôt d'une racine onomatopéique tšikk-, exprimant un bruit sec, subit (Bl.-W.5et FEW t. 13, 2, p. 372a) que de chique3* « bille à jouer ». Compte tenu de la faible implantation du mot dans le domaine d'oc, l'intermédiaire du prov. chicanaudo ne paraît pas justifié. Fréq. abs. littér. : 109.
DÉR.
Chiquenauder, verbe trans.Donner des chiquenaudes. Je m'amusais à mâcher des raisins et à chiquenauder les queues à travers la chambre (Baudelaire, Nouvelles hist. extraordinaires,traduit d'E. Poe, 1857, p. 450). Emploi pronom. Jean était bien poudreux : il se chiquenauda et attendit (J. de La Varende, Le Cavalier seul,1956, p. 15).P. métaph. [Correspond à chiquenaude B 2] Ne pas prêter beaucoup d'attention. Allé au Journal. (...) Fait le « premier Paris » et chiquenaudé « les Débats ». − Lu diverses choses (Barbey d'Aurevilly, 2eMemorandum,1838, p. 368). 1resattest. 1599 part. passé adj. chiquenaudé (Ph. de Marnix, Différ. de la Relig., II, i, 21 ds Hug.); xvies. chiquenauder (Opuscules et pièces diverses, dans l'édit. de Brantôme, X, 116, ibid.) 1611, Cotgr., repris dep. 1803 (Boiste); de chiquenaude, dés. -er. Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], pp. 310-311.