| CHIQUE1, subst. fém. A.− Morceau de tabac que l'on mâche : 1. Il fila par-dessus bord un jet de salive noir comme sa rancune et passa la chique à gauche.
Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 204. ♦ Carotte à chique. Rouleau de feuilles de tabac, dans lequel on découpe les chiques. Une jeune fille (...) qui pesait des carottes à chique (Huysmans, Marthe,1876, p. 90). − Loc. fig. ♦ Jus de chique (péj.). Toutes sortes de liquides noirâtres. Peinture au jus de chique (Zola, L'Œuvre,1886, p. 43). ♦ Mou comme une chique. En parlant d'une personne sans volonté, sans énergie. ♦ Couper la chique à qqn. Surprendre quelqu'un au point qu'il perd le fil de son raisonnement, de la conversation. Synon. interloquer : 2. C'est fini! tout liquidé! soldé! lavé! voilà! tu me comprends? T'as compris maintenant ma langouste? Ça coupe la chique hein? Ça te calme pas? Demain que je te dis! (...) Demain matin qu'ils viendront! ...
Céline, Mort à crédit,1936, p. 547. ♦ Avaler sa chique. Mourir : 3. Lorsqu'on a fait son temps et qu'on a passé la terre aux autres, on avale sa chique, sans les emmerder davantage!
Zola, La Terre,1887, p. 318. ♦ Poser, déposer sa chique. Cesser une activité, d'où se taire, d'où mourir : 4. Eh bien, moi, je vous dis ceci : l'homme qui n'a pas le cœur de déposer sa chique quand le moment en est venu, et de céder sa place aux autres, est un égoïste et un lâche!
Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-cuir,1893, p. 131. ♦ Cela ne vaut pas une chique. Cela ne vaut rien. B.− Vx., pop. Une chique de qqc. Morceau de quelque chose que l'on mange. Marauder une chique de pain ou une pomme de terre frite (Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1949, p. 125). − Emploi. abs. (région., Belgique). Bonbon (acidulé). Les petits Liégeois (...) mangent des chiques et raffolent également des chiques sures (J. Hanse-Dopp.1971, p. 69). Rem. Dans plusieurs dial., notamment en Suisse, chique signifie « état d'ivresse ». Avoir une chique. C.− P. méton. ,,Enflure de la joue provoquée par un mal de dent`` (Bruant 1901). Prononc. et Orth. : [ʃik]. Ds Ac. 1835-1932. Homon. chic. Étymol. et Hist. 1. 1792 (Romme, Dict., 161 ds Fr. mod., t. 25, p. 308); d'où les expr. fig. 1833 poser sa chique « se taire » (L. Vidal, J. Delmart, La Caserne, p. 90); 1842-43 (Sue, Les Mystères de Paris, 8, 111 : la chose [décapitation] dure le temps d'avaler une chique); 1894 avaler sa chique « mourir » (Ch. Vir-Maître, Dict. d'arg. fin-de-s., p. 17); av. 1865 couper la chique « interloquer » (Gaucher, Chansons ds Larch. 1865, p. 78); 1878 ça ne vaut pas une chique « ça ne vaut rien » (L. Rigaud, Dict. du jargon parisien, p. 86); 1901 « fluxion dentaire » (Bruant, p. 226); 2. 1808 « morceau de pain » (Hautel). Déverbal de chiquer* 1 au sens de « mâcher une chique »; 2 au sens de « manger » avec peut-être infl. de chiquet* (FEW t. 13, 2, p. 369b). Fréq. abs. littér. : 73. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 197. − Sain. Lang. par. 1920, p. 177, 367, 477. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 110, 134; t. 2 1972 [1925], p. 201, 296, 311; t. 3 1972 [1930], p. 44. |