| CHINOIS, OISE, adj. et subst. I.− [En parlant d'une pers., parfois d'un animal ou d'une plante.] A.− (Personne, parfois animal, plante) qui est né, habite en Chine, originaire de ce pays. Tous, en prose ou en vers, ont écrit sur l'arbuste chinois (Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 19). − Spéc., emplois subst. 1. Personne de ce pays représentée dans des œuvres artistiques. Regardez-vous dans la glace par-dessus les Chinois de votre pendule (Flaubert, Correspondance,1857, p. 162). 2. P. ext. Partisan de la doctrine de Mao-Tsé-Toung. Synon. maoïste.La Chinoise parisienne en casquette (A. Jouffroy, L'Avant-scène du cinéma,Une Affaire à régler avec le monde entier, no114, 1971, p. 10). B.− P. anal., avec une nuance péj. (Personne) qui présente des ressemblances avec les Chinois, leur physique et surtout leur caractère réel ou présumé; qui est étranger, peu intéressant, original, compliqué, rusé. − C'est ce satané farceur de lord Byron qui vous a valu cela. Oh! ce chinois d'Anglais était-il rageur! (Balzac, Un Début dans la vie,1842, p. 368). II.− [En parlant d'un inanimé.] A.− Adjectif 1. [D'une chose, d'un trait physique, moral, d'une œuvre, d'un événement] Propre à la Chine, à ses habitants, à leurs caractéristiques, à leurs mœurs; qui présente des ressemblances avec ce peuple, ses particularités, ses réalisations. Quartier, restaurant, supplice chinois. Ses mouvements sont pleins d'une grâce chinoise (T. Gautier, Poésies,1872, p. 241). SYNT. Art, paravent chinois; caractère chinois; écriture, lanterne chinoise. − P. ell. du subst. manière. À la chinoise. Souen et Peï s'accroupirent à la chinoise (Malraux, La Condition humaine,1933, p. 314). ♦ Spéc. (Coiffure) à la chinoise. Façon de se coiffer en relevant ses cheveux sur le front et les tempes et en les rassemblant sur la nuque. Apercevez-vous une jeune femme coiffée à la chinoise? (Balzac, La Paix du ménage,1830, p. 312).Yeux à la chinoise. Yeux bridés. Une étincelle gaillarde pétillait dans ses petits yeux à la chinoise (Verlaine,
Œuvres posthumes,t. 1, Histoires comme ça, 1896, p. 319). 2. P. ext. Qui présente certaines particularités propres ou qu'on attribue au caractère des Chinois; compliqué, étrange, barbare. Ce vote plural (...) semble au premier abord un peu chinois comme raffinement (Verlaine,
Œuvres posthumes,t. 3, Prose, 1896, p. 136). 3. Spécialement a) ARCHIT., B.-A. Pavillon chinois. Kiosque à toit pointu, rappelant l'architecture, la décoration des habitations chinoises. Un jardin supérieurement tenu, ayant les plus belles eaux, un pavillon chinois et de beaux arbres (Maine de Biran, Journal,1816, p. 199). b) JEUX, SPECTACLES − Casse-tête chinois. Cf. casse*-tête rem. − Ombre chinoise. Silhouette découpée dont l'ombre est projetée sur un écran; au plur., p. méton., spectacle inventé, semble-t-il, par les Chinois, consistant à projeter de telles silhouettes. Il y a ce soir grande soirée d'ombres chinoises chez la princesse de Parme (Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 34). ♦ P. compar. Ces costumes bizarres qui se dessinaient devant lui [Bois-Doré] en ombres chinoises (G. Sand, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,t. 2, 1858, p. 48). − Portrait chinois. Jeu de portrait plus compliqué que le jeu ordinaire, consistant à deviner le nom d'une personne alors qu'elle est comparée à divers animaux, plantes, objets. On jouait à la balle, aux charades, aux portraits chinois (S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 241). c) MUS. Bonnet, chapeau, pavillon chinois. Instrument de musique ayant des formes propres à la Chine, composé d'un disque de cuivre à clochettes disposé au bout d'un bâton qu'on agite en mesure. Concerto pour trois chapeaux chinois (Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels,Le secret de l'ancienne musique, 1883, p. 182). B.− Subst. masc. 1. ARTS MÉN. Passoire fine et conique rappelant la forme du chapeau des mandarins chinois. Tout était demeuré en place; (...) les poêles et les chinois s'alignaient sur les étagères des cuisines (Morand, Parfaite de Saligny,1947, p. 181). 2. BOT., GASTR. Petite orange amère, généralement verte, de Chine, fruit d'une variété de bigaradier, que l'on confit et prépare souvent à l'eau de vie. Il n'y a pas de (...) chinois à l'eau-de-vie en Chine, de chapeaux bangkoks à Bangkok (Morand, Le Voyageur et l'amour,1932, I, 1, p. 56). 3. Genre, style, façon de faire de ce peuple. Il (...) fabriqua de ses mains tout un mobilier d'un chinois tout à fait extraordinaire (E. et J. de Goncourt, Journal,1888, p. 848). 4. LING. Langue des Chinois, difficile à apprendre par des étrangers. Savez-vous le chinois? J'aimerais beaucoup que vous missiez du chinois ou du persan sur mon album (A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, p. 52). − Expr. fig. a) Parler chinois. Parler de façon incompréhensible, peu claire, à mots couverts. Explique donc ça? Qu'est-ce que ça veut dire? ... (...) Parle pas chinois!... (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 608). b) Être du chinois (pour qqn). Etre aussi difficile, compliqué que cette langue. Les comptes lui sont du chinois, mais sa terreur de la pauvreté le pousse à la parcimonie (Blanche, Mes modèles,1928, p. 230). Rem. Rob. Suppl. 1970 atteste un synon. péj. de Chinois, subst. Chinetoque ou Chinetoc. Prononc. et Orth. : [ʃinwa], fém. [-nwa:z]. Pour la finale -ois, cf. -ais et albanais. Dub. transcrit [ɑ] post. pour la finale dans le cas de « relatif à la Chine », [a] ant. dans le cas de « pointilleux, ergoteur ». Ds Ac. 1798-1878. Étymol. et Hist. 1. [1602 chinese d'apr. Pt Rob.] 1605 subst. « habitant de la Chine » (Palma Cayet, Chronologie septenaire, ro440 d'apr. Esnault ds Fr. mod. t. 11, 1943, pp. 209, 210); 2. 1675 à la chinoise (Inventaire général des meubles de la couronne ds Havard t. 1, 1887, p. 810); 3. 1803 subst. masc. « langue parlée en Chine » (Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 2, p. 407); 4. a) 1808 chinois de paravent « figure grotesque » (D'Hautel, Dict. du bas-lang.); b) [1820 subst. « original, homme bizarre » d'apr. Esn.] 1835 (Balzac, Le Père Goriot, p. 24 ds G. Mayer, La Qualification affective ds les romans d'H. Balzac, Paris, Droz, 1940, p. 74). Dér. du nom de la Chine; suff. -ois*. Fréq. abs. littér. : 1 603. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 988, b) 2 341; xxes. : a) 1 653, b) 2 871. DÉR. Chinoisement, adv.De façon chinoise, rusée, méchante, étrange, compliquée. Était-ce une vengeance chinoisement académique (...)? (E. et J. de Goncourt, Journal,1894, p. 521).− 1reattest. 1888 (Verlaine,
Œuvres complètes, t. 2, Amour, p. 57); de chinois, suff. -(e)ment2*. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Pamart (P.), Riverain (J.). Mots ds le vent. Vie Lang. 1969, p. 523. − Quem. 2es. t. 2 1971. |