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CHENAPAN, subst. masc.
Fam. Personne que l'absence de scrupules et de sens moral, rend capable de méfaits divers. Un chenapan de fils qui vole et assassine les honnêtes gens (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Un Fils, 1882, p. 316).Un chenapan auquel on avait mis des menottes (R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Cahier gris, 1922, p. 652):
1. ... très curieuse race de filles (...) ramassis de chenapans femelles, écloses pour la plupart dans un bouge et qui ont, dès l'âge de quatorze ans, éteint les premiers incendies de leurs chairs, derrière le mur des abattoirs ou dans le fond des ruelles. Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 18.
2. Il y avait parmi eux de francs chenapans. Ils s'entendaient au mieux avec les fraudeurs, fonceurs, voyous, qui venaient parfois aussi chez Édith vendre de la marchandise. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 197.
Par exagération. [En parlant d'enfants] :
3. ... c'était un petit vaurien, vicieux et effronté, qui passait ses journées avec quelques chenapans de sa sorte, et qui, dans leur société, avait pris non seulement des façons déplorables, mais de honteuses habitudes, ... R. Rolland, Jean-Christophe,Le Matin, 1904, p. 143.
P. plaisant., fam. Petit malin. Des petits chenapans d'écoliers qui se cachent de rire et se mouchent (Barrès, Les Déracinés,1897, p. 87):
4. Gaspard rêva une minute. Le bon curé lui vit un tel air de diablerie qu'il s'écria : − Au moins, chenapan, si c'est une farce, qu'elle ne soit pas trop carabinée! Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 181.
Prononc. et Orth. : [ʃ(ə)napɑ ̃]. [ə] muet ds Land. 1834, Littré, DG, Passy 1914; [ə] muet facultatif ds Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob., Warn. 1968 et Lar. Lang. fr.; [ə] muet n'est pas transcrit ds Fél. 1851, Dub. et Pt Lar. 1968. À ce sujet cf. chemin. Attesté ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. I. 1551, 6 juill. liég. snaphaine « voleur de grand chemin » (Ordonnance de Georges d'Autriche ds Studi francesi, 2eannée, 1958, p. 89); 1568 snaphan (Morillon in Corresp. de Granvelle, III, 450, n. 2 ds Barb. Misc. 20, no3 : Il n'est à croire comme il faict dangereux allez hors du pays vers Allemagne, Cleves, Liege, car nous banniz y sont partout pour guecter ceulx qui viendroient d'icy, et se feront à la fin snaphans). II. 1694 schnaphan (Ménage : Schnaphan. On appelle ainsi dans les Armées d'Allemagne, du côté de la Lorraine, des Payïsans retiréz dans les bois, lesquels volent les passans, & qui sans faire de cors, s'at[ta]chent au parti qui est en campagne, duquel ils ont la permission de faire des courses [Addition de S. de Val Hébert : nous prononçons Schenapan]) − 1771, Trév.; 1739 chenapan (Caylus, X, 531, Les Ecosseuses ds Brunot t. 6, p. 1239). I empr. au néerl. snaphaan « voleur de grand chemin » m. néerl. snaphaen (Verdam), lui-même empr. à l'all. Schnapphahn (De Vries Nederl.) II empr. par les soldats fr. pendant les guerres du xviies. à l'all. Schnapphahn « voleur de grand chemin » (dep. 1494 au sens de « voleur de grand chemin monté à cheval » d'apr. Weigand); l'all. est composé d'une forme du verbe schnappen « attraper » (impér. schnapp ou ind. prés. [er] schnappt) et de Hahn qui, au sens propre de « coq » serait complément du verbe (allusion au vagabond faisant main basse sur la volaille du paysan), ou qui, au sens fig. de « gaillard » (début xvies. ds Weigand) serait sujet du verbe. Le sens techn. de « fusil, arquebuse » de l'all., littéralement [Flinte mit] schnappendem Hahn « [fusil] dont le chien [Hahn] s'enclenche » (fin xvies. ds Paul-Betz; sens attesté en fr. dep. Ac. Compl. 1842) ne paraît pouvoir être à l'orig. du sens de « vagabond » [« paysan maraudeur armé d'une arquebuse »] comme le propose Dauzat 1973, v. Kluge20et Paul-Betz. Fréq. abs. littér. : 106. Bbg. Boulan 1934, p. 169. − Maquet (A.). À propos du mot fr. chenapan. St. fr. 1958, no4, pp. 87-92. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 92.