| CHEMIN, subst. masc. Voie reliant un point de l'espace à un autre : 1. Une civilisation est un héritage de croyances, de coutumes et de connaissances, lentement acquises au cours des siècles, difficiles parfois à justifier par la logique, mais qui se justifient d'elles-mêmes, comme des chemins, s'ils conduisent quelque part, puisqu'elles ouvrent à l'homme son étendue intérieure.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 314. I.− [La voie en tant que moyen de communication] A.− [Voie, en tant que support matériel fixe, tracé et aménagé] 1. Voie de communication terrestre d'intérêt local, le plus souvent à la campagne, d'importance secondaire par rapport à la route*. Les chemins sont mauvais dans un pays où il n'y a pas de chaussées (Napoléon Ier, Lettres à Joséphine,1806, p. 122).Il m'entraîne vers le bourg, par un chemin herbu, trempé, vaseux, où nous nous enlisons (R. Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1388): 2. − Vous ruinez la commune. On goudronne les routes pour les automobiles, et le chemin de Saint-Timothée, pour nos charrettes n'est pas fait.
Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 127. 3. Le langage courant réserve le nom de routes aux chemins de principale importance; officiellement, le mot route désigne des voies construites et entretenues aux frais de l'état et des départements; l'appellation chemin est réservée aux voies qui sont en tout ou en partie aux frais des communes qu'elles traversent ou qui les utilisent.
J. Bourde, Les Trav. publ.,t. 2, 1929, p. 6. SYNT. Un petit, un étroit, un large, un mauvais chemin; un chemin encaissé, sinueux, tortueux, montueux, abrupt; un chemin poudreux, sablonneux, caillouteux, pierreux, rocailleux; un chemin défoncé, accidenté, verglacé; un chemin facile, rude. Un chemin (peu) fréquenté, passant (Ac. 1835-78), (im)praticable, carrossable; un chemin familier. Un chemin muletier; un chemin bordé (de peupliers, de fleurs); un chemin en pente, en lacets; un chemin de côte, de crête, de montagne; la boue, les cahots du chemin; à la croisée, à l'embranchement, au carrefour des chemins; ouvrir, tracer un chemin. Le chemin projeté passera par ici (Ac. 1835-78). S'engager dans un chemin; suivre, quitter, traverser un chemin. Prendre le chemin sur la gauche. Prenez le chemin à main droite, à main gauche (Ac. 1835-78). Prendre le même chemin, un autre chemin, le chemin le plus direct, un chemin détourné. Il ne tient, il ne suit point de chemin, il va à travers champs (Ac. 1835-78). Mettre en état les chemins. Réparer les chemins (Ac. 1835-78). Les pluies, le dégel, les charrois ont gâté, ont rompu les chemins (Ac. 1835-78). Chemin qui va à (nom de lieu). Chemin qui tourne, descend, monte, grimpe. Les chemins ne sont pas sûrs (Ac. 1835-78). − [Avec un compl. prép. de désignant le point d'aboutissement d'une voie] Prendre le chemin de l'église, de l'école, de la gare. − Plus rare. [Le compl. désigne le lieu de passage] Prendre, pour aller à la ville, le chemin de la forêt (Lar. 19e). 2. Syntagmes et loc. a) Syntagmes. Chemin de terre. Chemin étroit, non-aménagé, pas même empierré, au travers des champs, des bois (cf. sentier, piste). Les chemins de terre toujours humides du sous-bois (Pergaud, De Goupil à Margot,1910, p. 50).Passez par les chemins de terre, on a le pied moins leste que sur la route, mais c'est plus court (Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 114).Chemin creux. Chemin encaissé, resserré entre des talus ou des haies. Chemin de traverse. Chemin qui, en coupant à travers champs, abrège le trajet par rapport à la route ordinairement empruntée. La cantinière (...) prit un chemin de traverse au milieu des prairies (Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 37).Chemin ferré (vx). Chemin empierré dans lequel les chevaux, en particulier, n'enfoncent pas. Le massif est longé d'un côté par un chemin ferré, permettant de l'aborder en tout temps (Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 137).Chemin forestier. Chemin frayé dans une forêt pour son exploitation. Chemin d'exploitation (rurale). Chemin servant à l'exploitation des terres. Construction de chemins d'exploitation pour accès aux pâturages communaux (J. Fonteneau, Le Conseil municipal,1965, p. 90).Chemin rural. Chemin d'usage public, d'intérêt strictement communal, non classé chemin vicinal (cf. infra) et appartenant au domaine privé de la commune. Chemin privé. Chemin desservant une propriété privée, interdit à l'usage de quiconque à moins d'une autorisation du propriétaire ou de la création d'une servitude. Région. (Canada). Chemin de pied. Sentier. − Chemin battu. Cf. battu, ue II B.Au fig. Suivre le chemin battu. S'écarter du chemin battu. Sortir des chemins battus. Fuir, mépriser les chemins battus. ♦ Proverbe. À chemin battu il ne croît point d'herbe. ,,Il n'y a aucun profit à espérer d'un commerce, d'une industrie dont beaucoup de gens se mêlent`` (Nouv. Lar. ill.). − Grand chemin (vx). Voie interurbaine, route de grande communication. Nos chevaliers s'arrêtèrent dans une maison de paysan, qu'ils trouvèrent sur le grand chemin (Mmede Genlis, Les Chevaliers du cygne,t. 1, 1795, p. 241). Rem. Au courant du xixes., on a groupé, sous l'appellation grands chemins, les routes nationales et départementales, p. oppos. aux chemins vicinaux ou secondaires (cf. Bouillet 1859 et George 1970). ♦ Voleur de grand chemin (vx). Voleur s'attaquant aux voyageurs sur les grands chemins, sur les grandes routes (cf. Mérimée, Carmen, 1847, p. 9).Brigandage des grands chemins (Lamennais, L'Avenir,1831, p. 287).P. ext., mod. Voleur, bandit de grand chemin. Voleur, bandit impudent. ♦ P. ext., expr., rare Au sing. [P. réf. au vagabond des grands chemins, au chemineau (cf. chemineau1)] Être sur le grand chemin. Être sans travail et sans domicile. Cf. être à la rue : 4. La chaise, un jour, fut brisée par des gens ivres; le cirque vendu et tous ces malheureux sur le grand chemin.
Jacob, Le Cornet à dés,1923, p. 87. Au plur. [L'accent est mis sur la notion de voyage aventureux] Être sur les grands chemins. Aller à l'aventure, sans aucune idée de l'itinéraire et des événements qui peuvent survenir : 5. − Pourquoi fais-tu cette tête? demanda-t-il. Nous voilà sur les grands chemins, à l'aventure : tu devrais être contente. Elle baissa les yeux : je ne voulais pas partir, Jacques, je me moque des Allemands, je voulais rester chez moi : ...
Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 158. − Chemin vicinal [ou communal (p. oppos. à chemin rural, cf. supra) ou secondaire (p. oppos. à grand chemin, cf. supra)] Chemin servant, à l'intérieur d'un département, aux communications intercommunales : 6. La France est sillonnée actuellement par à peu près 700 000 kilomètres de routes et de chemins d'importance bien diverse, depuis la grand'route nationale qui relie une ville comme Paris aux villes voisines, jusqu'au chemin vicinal qui relie deux villages perdus de Bretagne ou d'Auvergne.
H. Chardon, Les Trav. publ.,1904, p. 109. SYNT. Chemin vicinal de grande communication. Chemin vicinal qui dessert plusieurs communes, les relie entre elles ainsi qu'aux routes départementales et nationales souvent. Chemin vicinal d'intérêt commun ou de moyenne vicinalité. Chemin vicinal qui dessert plusieurs communes et les relie entre elles. Chemin vicinal ordinaire ou de petite vicinalité. Chemin vicinal qui relie une commune à une autre située à proximité immédiate. − Chemins départementaux [dep. 1938]. Ensemble résultant du groupement des chemins vicinaux de grande communication (cf. supra) et des chemins vicinaux de moyenne vicinalité (ou d'intérêt commun, cf. supra) d'un département, avec les routes départementales proprement dites existant déjà, et appartenant au domaine public départemental. ♦ Chemin départemental. Chacune des voies regroupées dans cet ensemble. − Chemin de halage. Étroite bande de terrain ménagée le long d'un cours d'eau navigable pour permettre de haler les bateaux depuis la rive : 7. La plateforme du chemin de halage doit être à une cote un peu supérieure à celle des hautes eaux navigables afin que la navigation y soit toujours possible. Si la circulation sur la rivière est active, on sera amené à construire un chemin empierré et à profil régulier.
J. Bourde, Les Trav. publ.,t. 2, 1929, p. 329. − FORTIFICATIONS ♦ Chemin de ronde [Au Moyen Âge] Étroite plate-forme faisant saillie derrière les créneaux, à la partie supérieure des remparts et sur toute leur longueur, où circulent les gardes chargés de faire la ronde ou les défenseurs de la place. Synon. allée des murs.Un chemin de ronde sur les remparts de Thèbes. Hautes murailles. Nuit d'orage. Éclairs de chaleur (Cocteau, La Machine infernale,1934, p. 27).[Mod., dans un ouvrage fortifié, une tranchée] Tout chemin à ciel ouvert d'où l'on peut tirer à l'abri d'un parapet. Rem. Ac. 1835-78 et Littré écrivent également chemin des rondes. ♦ Chemin couvert. Chemin à ciel ouvert tout autour d'une place forte, sur le bord extérieur du fossé, où les défenseurs sont à couvert du feu ennemi. Emporter le chemin couvert. Se loger sur le chemin couvert (Ac. 1835-78). b) Loc. et proverbes − Loc. fam. [En parlant de qqc. ou de qqn] (Être) vieux comme les chemins. (Être) très vieux (cf. Ac. 1835-1932). − Chemin de velours. Chemin dessiné sur une pelouse : 8. Il n'y a pas de pente dans la vie d'un gosse. Avec nos petites joies, nos petites peines, nos petites révoltes, nette et rase comme une pelouse, un chemin de velours. Si le sol manque sous moi, c'est donc que je suis sorti de la pépinière!...
Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1372. ♦ P. ext. Chemin facile, aisé, agréable. Synon. chemin de fleurs. − [P. réf. à la porte étroite, à la voie étroite mentionnées dans la Bible (cf. infra rem.)] Chemin du paradis. Chemin étroit, raide, plein de difficultés; couloir, défilé où l'on ne peut passer qu'un par un. Rem. Texte du verset de réf. : 9. Le pasteur avait d'abord lu tout le verset : « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition, et nombreux sont ceux qui y passent; mais étroite est la porte et resserrée la voie qui conduisent à la vie, et il en est peu qui les trouvent. »
Gide, La Porte étroite,1909, p. 505. − [P. réf. à la Bible, Acte des Apôtres, IX, 3-19] Chemin de Damas. Chemin sur lequel Saint Paul, qui se rendait à Damas persécuter les Chrétiens, se convertit au christianisme à la suite d'une révélation aux portes de la ville où il entendit la voix de Jésus qui lui demandait : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? » ♦ Fig. (Voie de la) conversion. Munificences dont MmeKey entourait pour l'église son chemin de Damas (Peyré, Matterhorn,1939, p. 157).Trouver son chemin de Damas. Se convertir; s'amender; modifier profondément ses convictions, ses idées dans un domaine ou un autre : 10. Ah! Si vous saviez, Louise, quel homme j'étais. Heureusement, j'ai trouvé hier mon chemin de Damas. Désormais, je m'appliquerai à être l'ami des animaux et à les défendre tous, quels qu'ils soient.
Aymé, Clérambard,1950, p. 89. Région. (Canada). Chemin du roi. Route principale qui conduit d'un village à un autre. La rue Saint-Laurent qui était aussi la route nationale et le chemin du roi (J. Ferron, L'Amélanchier,Ottawa, 1970, p. 65).Rem. Sous la domination française, les premiers chemins de colonisation s'appelaient chemins du Roi. Depuis le nom s'est conservé pour désigner toute route principale conduisant à un chef-lieu. − Proverbes. Bonne(s) terre(s), méchant(s)/mauvais chemin(s). ,,Les terres grasses et fertiles font des chemins qui se rompent aisément et qui sont peu praticables`` (Nouv. Lar. ill.). En tout pays, il y a une lieue de méchant/mauvais chemin. ,,(...) il n'y a point d'affaires où l'on ne trouve des difficultés`` (Littré). Bien dépenser et peu gagner, c'est le chemin de l'hôpital (Littré). − Proverbe. Tous les chemins mènent à Rome. Il y a diverses voies pour se rendre au même endroit : 11. Tous les chemins mènent à Rome, dit-on, et c'est ici même qu'ils aboutissent.
Toutes les amorces au Sud jusqu'à la mer, toutes les voies comme une émission de son sol même que par tous les interstices
Des couronnantes Alpes à l'horizon, le plissement et l'accumulation de la terre au-dessus de l'Italie,
Glisse et pousse et ramifie de tous côtés au travers de l'Europe, ...
Claudel, Poèmes de guerre,1916, p. 535. ♦ Fig. Il y a divers moyens de parvenir au même but : 12. Lettre de Claudel, à qui j'avais demandé s'il n'écrirait pas une préface pour le livre de Unamuno (...). Il y flaire l'hérésie : modernisme, protestantisme... Comment ai-je pu m'y méprendre?... Décidément tous les chemins ne mènent pas à Rome et celui-là seul qui se tait peut être bien sûr de rester dans l'orthodoxie.
Gide, Journal,1916, p. 549. − RELIG. CHRÉT. Chemin de (la) croix. ♦ Chemin parcouru par Jésus Christ chargé de sa croix, de Gethsémani où il fut arrêté, au Golgotha où il fut crucifié. ♦ P. ext. Ensemble des arrêts, des moments les plus marquants de la marche du Christ jusqu'au Calvaire (chacun d'eux étant appelé station de la croix). Fig. [En parlant d'un être humain] Le chemin de croix que devient la vie des impotents menacés (Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 1018): 13. Ceux qui ont eu méfiance de la croix, c'est qu'ils n'étaient pas faits pour l'amour.
Ce doit être bon sur son dos de sentir quelque chose de lourd,
Quelque chose d'inflexible et de pesant et le chemin devant nos pas tout tracé,
Le Chemin de la Croix comme on dit avec les stations bien indiquées.
Il y a toute espèce de croix et chaque temps pour les Saints a produit la sienne.
Claudel, Poésies diverses,Pauline Jaricot, 1952, p. 831. 14. De la salle du palais à cette rue qui conduit à la tour, des landes galloises à la prison de Pomfret (...), nous accompagnons Richard tout au long de ce royal chemin de croix, car seul demeure ce cheminement inexorable vers l'accomplissement de la mort.
M.-T. Serrière, Le T.N.P. et nous,1959, p. 73. P. méton. [Dans une église, un lieu de pèlerinage] Suite de quatorze tableaux ou bas-reliefs figurant les principaux moments de la Passion, les quatorze stations de la croix. Un chemin de croix. Les quatorze stations du chemin de la croix : 15. ... il l'emmena devant les images douloureuses du chemin de la croix.
− Tiens, dit-il, voici ce que mon Dieu a souffert... Jésus est battu de verges. (...) Jésus est couronné d'épines. (...) Jésus est insulté par les soldats.
Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1470. Faire le chemin de (la) croix, faire un chemin de croix, faire son chemin de croix. Se prosterner et prier devant chacune de ces quatorze stations, en commémoration de la Passion. À l'église (...) il (...) rencontra (...) des convers à genoux, les uns faisant leur chemin de croix, les autres égrenant leur chapelet (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 217).Fig. [En parlant d'un être humain] :
16. Il lui avait fait faire son chemin de croix, à sa mère.
(...)
Un chemin de croix beaucoup plus douloureux que le sien.
Car il est beaucoup plus douloureux de voir souffrir son fils.
Que de souffrir soi-même.
Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc,1910, p. 116. P. méton. Livre contenant les textes des prières à réciter devant chacune de ces quatorze stations. À Mimi, mon chapelet, (...) mon chemin de la croix, mes méditations du père Judde (E. de Guérin, Journal,1838, p. 179).3. P. ext. [Au plur. ou au sing. à valeur générique, ou à valeur de symbole] Toute voie terrestre pour aller d'un lieu à un autre : 17. ... Je n'en persiste pas moins à regarder le chemin des airs comme infiniment plus facile, comme infiniment moins dangereux que le chemin des rues, pour accéder au pôle.
L. Martinet, L'Aéron.,oct. 1875, p. 300 ds Guilb. Aviat. 1965. 18. ... il y a une rêverie de l'homme qui marche, une rêverie du chemin. Emmenez-moi, chemins!... dit Marceline Desbordes-Valmore, en pensant à la Flandre natale (Un ruisseau de la Scarpe). Et quel objet dynamique qu'un sentier! (...) un poète évoque tout ce dynamisme en un seul vers : ô mes chemins et leur cadence (Jean Caubère, Déserts, éd. Debresse, p. 38).
Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 29. ♦ Par voie(s) et par chemin(s). De tous côtés, en tous sens. Synon. par monts et par vaux : 19. ... quoiqu'elle eût, (...) battu depuis son enfance tout le pays d'alentour, son industrie étant de quémander et chercher sa misérable vie par voies et par chemins.
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 369. SYNT. Marcher au hasard des chemins; errer par les chemins; être (toujours) sur les chemins, par chemin. Aller (toujours) par les chemins, par voie(s) et par chemin(s). Être toujours dehors; aller de tous côtés, selon les chemins qui se présentent; ne cesser de se déplacer, de voyager. Ce pauvre gentilhomme de Touraine allant et couchant par les chemins de la Hongrie (Balzac, Le Lys dans la vallée, 1836, p. 58) : 20. ... ce cousin, (...) gagne des millions. Ça ne vit pas, ça se brûle le sang, c'est toujours par voies et par chemins, au milieu de trafics d'enfer.
Zola, Le Ventre de Paris,1873, p. 654. − Remettre qqn sur les chemins. L'inciter à se déplacer, à voyager de nouveau; lui faire reprendre la route. Les hasards seuls, à l'entendre, l'auraient remis sur les chemins (Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions », 1948, p. 56). − Par les quatre chemins. Partout. Où est-il mon maître? Il vous cherche par les quatre chemins (Toepffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 127). − [P. oppos. à l'eau et à l'air, p. oppos. aux voies maritimes et aériennes] Le (grand) chemin des vaches. La terre ferme (cf. dans la lang. des marins et des aviateurs, l'expr. le plancher* des vaches). ♦ Fig., proverbial. ,,L'usage commun et ordinaire`` (Ac. 1835-78). − Plus rare, gén. au plur. Toute voie par mer ou par air pour aller d'un lieu à un autre. Le chemin aérien habituel aux migrateurs (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 104): 21. Ils [nos ports] sont le carrefour des routes terrestres et notamment des voies ferrées vers les chemins de la mer.
H. Chardon, Les Trav. publ.,1904, p. 201. 22. ... une destinée très profonde a fixé une fois pour toutes la capitale britannique au croisement des routes nordiques et de la grande diagonale européenne. C'est à Londres que j'ai acquis ma première expérience des chemins du monde, (...) j'y appris (...) le sens de la terre. Au sein de ses brumes, je fus initié à l'Italie, à la Flandre, aux Tropiques, aux Antipodes.
Morand, Londres,1933, p. 330. Rem. Cf. aussi le chemin des airs ds l'ex. 17. B.− P. anal. 1. Ce qui conduit à un lieu; voie, passage pour avancer, se déplacer, se rendre quelque part. L'araignée, (...) ne pouvant trouver de chemin sur terre, s'en fait un en l'air (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 246).Le verre qu'on range hors du chemin de peur qu'il ne blesse les enfants (Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 193).Un chemin avait été creusé dans la neige (Green, Moïra,1950, p. 232): 23. La jeune femme pénétra dans le théâtre en empruntant non pas l'étroit couloir des acteurs, mais le grand chemin du public, ainsi qu'eût pu le faire une visiteuse étrangère.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 262. SYNT. Se frayer un chemin vers la sortie, parmi les voitures, à travers la foule; s'ouvrir un chemin dans la foule; couper, barrer le chemin à qqn; se placer, se mettre sur le chemin de qqn; laisser le chemin libre à qqn. − P. métaph. [En parlant de qqc. qui se déplace dans une certaine direction, tend vers un certain but (ondes lumineuses, ondes sonores...)] La lumière du couchant se frayait un difficile chemin jusqu'à ce monde enseveli (Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 268).N'est-ce pas la voix de M. le Président qui se fraye un chemin dans la broussaille des phrases de son hôte (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 100). 2. Emplois techn. [P. anal. de forme et/ou de fonction; pour désigner des objets sur lesquels qqn ou qqc. passe, la voie suivie par un outil en mouvement, des installations permettant le déplacement de certains appareils...] − Chemin (de table). Étroite et longue bande de lingerie que l'on dispose sur une table, dans le sens de la longueur. Chemin d'escalier. Longue et étroite bande de tapis que l'on dispose, à l'endroit du passage, sur les marches d'un escalier, le long d'un vestibule, ou dans une pièce, d'une porte à une autre. Un chemin de tapis rouge, (...) menait jusqu'à l'ascenseur (R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 108). − MAR. Chemin (-planche). ,,Planche ou assemblage de planches, établissant la communication entre le navire et le quai`` (Gruss 1952). Rem. Gruss 1952 note que l',,On dit généralement planche`` et signale le synon. passerelle d'embarquement. − TECHNOLOGIE ♦ Chemin de roulement. ,,Rail ou profilé sur lequel se déplace un chariot, pont roulant, ou organe mobile, montés sur des roues ou galets`` (Poignon 1967). Chemin de roulement des chariots (J. Bourde, Les Trav. publ., t. 2, 1929, p. 303). Rem. Lar. encyclop. enregistre un emploi du syntagme chemin de roulement en aéron. pour désigner la ,,voie cimentée qui, sur un aérodrome, permet aux avions roulant au sol de se rendre de l'aire de stationnement à la piste d'envol et vice versa``. ♦ [Dans un extracteur de tôles] Chemin roulant. La tôle tombe sur un chemin roulant constitué par une grille articulée formant chaîne sans fin (M. Gasnier, Dépôts métalliques directs et indirects,1927, p. 71).[Pour effectuer le lancement d'un bateau] Chemin de glissement suifé (A. Perpillou, L'Industr. des constructions navales,1967, p. 11).[Dans un métier à tisser] Chemin de glissement de la navette. ♦ Trait dans lequel va et vient la lame d'une scie. II. [La voie en tant qu'espace parcouru et/ou direction suivie ou à suivre vers un but déterminé; le mot peut être précédé d'un adjectif possessif à valeur de complément déterminatif] A. Au sing. [Le but est un lieu] 1. Itinéraire ou direction vers un lieu déterminé. Il prit d'abord son chemin par la Hollande (Bernardin de Saint-Pierre, La Chaumière indienne,1791, p. 67).Lou Lugran m'enseigne la piste. L'étoile du berger me montre le chemin (Pesquidoux, Chez nous,t. 2, 1923, p. 124).L'espace qui reste à franchir n'est point la mer. Nulle route n'est le chemin qu'il me faut suivre (Claudel, Poésies diverses,Vers d'exil, 1952, p. 13): 24. [À Naples]... si vous demandez à un homme du peuple votre chemin dans la rue, il tend la main après vous avoir fait un signe : car ils sont plus paresseux pour les paroles que pour les gestes; ...
Mmede Staël, Corinne,t. 2, 1807, p. 199. 25. Ainsi qu'un âne n'imagine pas qu'on aille du moulin au four autrement que par le plus court, le plus plat, le meilleur chemin : ainsi un touriste n'imagine pas davantage qu'on aille de Servoz à Genève autrement que par le plus long, le plus ardu, le plus détestable chemin.
Toepffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 331. SYNT. Chercher son chemin; prendre le chemin indiqué; perdre, retrouver son chemin; s'écarter de son chemin, détourner qqn de son chemin; passer par le même chemin, par un autre chemin; ne pas connaître le chemin; se tromper de chemin. − Suivre le bon chemin. Être, avancer dans la bonne direction. Remettre qqn en bon chemin. Prendre le mauvais chemin. S'engager dans la mauvaise direction. Indiquer le mauvais chemin à qqn. Tenir un chemin. Suivre un certain itinéraire. Tenir le chemin de/vers + (destination). Se diriger vers (destination). Le prince ordonna à son lieutenant général de retourner par le même chemin qu'il avait tenu (Lamartine, Voyage en Orient, t. 1, 1835, p. 269).Elles essayaient de tenir leur chemin droit vers le couchant; et sans cesse quelque fondis ou quelque fourré les contraignait à un détour (Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 240). Rem. Cf. supra I A 1 ne point tenir de chemin dans la rubrique synt. − [Avec un compl. prép. de indiquant le but à atteindre ou, d'une façon plus gén., la destination] (Prendre) le chemin de + (indication de la destination). (Prendre) la direction de (indication de la destination). (Prendre) le chemin du village. Il prit le chemin du midi par la route la plus sûre (Thierry, Récits des temps mérovingiens, t. 2, 1840, p. 129).Ce dernier reprit par la voie de terre le chemin de Damas (Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 200).Ils devraient peu à peu apprendre à aimer la musique, prendre le chemin du concert (L'Enseign. en France. L'enseign. de la mus. et l'éduc. musicale, 1, 1950, p. 19). ♦ Plus rare. [Le compl. est un mot abstr.] (Prendre) le chemin du retour, de l'exil. Rem. Cf. supra I A 1, le cas où le compl. désigne une voie de communication précise. ♦ Être sur le chemin de − (indication de la destination). Se diriger vers : 26. d'estrigaud. − ... tu viens de me faire manquer un mariage magnifique.
navarette. − Dame! quand je suis entrée, tu n'étais pas sur le chemin de la mairie, ce me semble.
Augier, La Contagion,1866, V, p. 436. − Loc. Lire son chemin dans les étoiles. Se diriger d'après la carte du ciel. Tu as franchi des forêts. Tu as lu notre chemin dans les étoiles (Audiberti, Quoat-Quoat,1946, 1ertabl., p. 36). − P. ext. [Il y a déplacement de personnes mais en dehors de toutes voies de communication proprement dites] Elle prit le chemin de la porte (Pourrat, Gaspard des Montagnes,La Tour du Levant, 1931, p. 251): 27. − C'est l'abbé Châtellier que je viens voir. Le valet (...) dit, l'air indifférent :
− Monsieur veut-il que je l'accompagne?
− Non. Je connais le chemin.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 45. − P. métaph. [En parlant de qqc.] Une boîte de cachous qu'il avait eu l'imprudence de montrer avait pris le chemin de la poche de Pol (Malraux, L'Espoir,1937, p. 674). 2. Espace parcouru ou à parcourir d'un lieu à un autre; distance de l'un de ces points à l'autre. Comme si elle n'en avoit été séparée que par un court espace de chemin (Nodier, Jean Sbögar,1818, p. 195).« Je vais aux halles. Je peux vous conduire un bout de chemin dans ma bagnole » (Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 166).Il demeurait loin, lui, en banlieue, il avait du chemin pour venir (Céline, Mort à crédit,1936, p. 167): 28. Mais les enfants ce qui les intéresse ce n'est que de faire le chemin.
D'aller et de venir et de sauter. D'user le chemin avec leurs jambes.
De n'en avoir jamais assez. Et de sentir pousser leurs jambes.
Ils boivent le chemin. Ils ont soif du chemin. Ils n'en ont jamais assez.
Péguy, Le Porche du mystère de la 2evertu,1911, p. 285. 29. Pour revenir de mon village, je traverse presque toute la France. Ce long chemin, je l'appelle, je ne sais pourquoi, le ruban vert, comme si c'était le chemin de l'espérance. C'est neuf cents kilomètres, le long desquels, au volant de ma machine, je me raconte des histoires.
Guéhenno, Journal d'une« Révolution », 1938, p. 208. SYNT. Faire, parcourir le chemin (qui sépare un lieu d'un autre); faire, parcourir une partie du /un bout de/la moitié du/tout le/ chemin à pied; faire le chemin d'une seule traite, par étapes; abattre beaucoup de chemin; il reste un long chemin à parcourir; accompagner qqn un bout de chemin; la ligne droite est le plus court chemin d'un point à un autre. − Faire (du) chemin. Franchir un certain espace, accomplir un certain trajet, marcher, voyager (cf. faire [de la] route*). Faire chemin avec qqn. N'as-tu pas ton vélo, de bonnes jambes? On fait du chemin dans une nuit! (Genevoix, Raboliot,1925, p. 169).Cependant, Gaspard faisait chemin. Le pays allait par montées, par descentes (Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes,1922, p. 77).Allonger/abréger le chemin. Prendre l'itinéraire le plus long/le plus court pour parvenir à destination. Se mettre en chemin, sur le chemin; prendre son chemin. Prendre le départ pour franchir un certain espace, accomplir un certain trajet, pour marcher, voyager un certain temps (cf. se mettre en route*, prendre la route*). Sans attendre que la nuit tombât, elle prit son chemin (Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère,1925, p. 248).Il lui fallait se mettre sur le chemin pour trouver un logis. Tous les printemps, ils déménageaient (G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 113).Être en chemin (vers). Être en train de franchir l'espace, d'accomplir un trajet, de marcher, de voyager (pour une certaine destination) (cf. être en route* pour). À peine étais-je en rapide chemin vers ce nouveau monde (...) le temps, (...) devint plus menaçant et nous rabattit aux Sorlingues (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 37).Continuer, poursuivre son chemin. Continuer sa marche, son voyage vers une certaine destination (cf. continuer, poursuivre sa route*). Il continua son chemin à travers les sapins dans la direction du « pigeonnier » (Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes,1913, p. 75).Passer (droit) son chemin; aller, marcher, continuer, suivre (tout) droit son chemin. Poursuivre sa marche, son voyage sans s'arrêter, sans se préoccuper de ce qui se passe autour de soi. Mêlez-vous, cher monsieur, de ce qui vous regarde et laissez-moi passer mon chemin (Cocteau, La Machine infernale,1934, p. 73).Une demi-heure, une journée ... de chemin. Une demi-heure, une journée ... de marche, de voyage (cf. une demi-heure ... de route*). Rester (tant de) jours en chemin. Mettre (tant de) jours pour parcourir la distance séparant son point de départ de son lieu de destination; marcher, voyager durant (tant de) jours : 30. Ce n'est pas faute d'envie que je ne suis pas en chemin Si vous saviez, (...) le bonheur que j'ai d'être avec vous, vous me plaindriez au lieu de vous fâcher.
E. de Guérin, Lettres,1847, p. 35. 31. Passer droit son malheureux chemin et être pris pour un suiveur, (...). Ah! non! et cela simplement parce que, (...) je marchais peut-être depuis trois ou quatre minutes à la même allure que cette péronnelle. Et voilà, voilà la vie des grandes villes! Il faut avoir son rythme à soi et faire constamment en sorte qu'il ne coïncide avec celui d'aucun autre. Marcher du même pas que quelqu'un, c'est déjà attenter un peu à la liberté, ...
G. Duhamel, Confession de minuit,1920, p. 98. − P. méton., au sing. Temps passé à faire le chemin, à marcher, à voyager. Ne pas s'apercevoir du chemin. Sans s'être aperçu du chemin. En causant ainsi, le chemin parut très-court, quoiqu'Isambard eût extrêmement ralenti le pas de son cheval (Mmede Genlis, Les Chevaliers du cygne,t. 1, 1795, p. 261). ♦ Tromper le chemin. Faire en sorte de ne pas se rendre compte du temps mis pour effectuer un certain trajet. 3. P. anal. [En parlant de qqc. qui franchit l'espace vers une certaine destination] Des lettres qui devaient rester cinq jours en chemin (Mmede Staël, Lettres de jeunesse,t. 1, 1790, p. 408).Mettre moins de temps en chemin. Franchir plus rapidement la distance séparant le point de départ du lieu de destination; marcher, voyager plus vite. Il venait à cheval pour mettre moins de temps en chemin (Mmede Duras, Ourika,1824, p. 117).[Le suj. désigne un lieu ou un voyageur; pour les situer dans l'espace par rapport à un autre lieu] Être à une heure, une journée ... de chemin (de + nom de lieu). Se situer à une heure, une journée ... de marche, de voyage (de tel lieu) (cf. être à une heure ... de route*). Chambéry n'était pas à une heure de chemin (Guéhenno, Jean-Jacques,En marge des « Confessions », 1948, p. 119).Rebrousser chemin. Faire demi-tour et refaire en sens inverse tout ou partie du trajet déjà effectué. Rebrousser chemin vers le nord. Sur, pendant, durant le chemin (du retour). Au cours de la marche, du voyage, du trajet effectué (pour revenir, rentrer). − (Prendre, suivre) le chemin des écoliers. (Prendre, suivre) le parcours que l'on a délibérément voulu le plus long et le plus agréable. Les sangliers isolés (...) la panse garnie, ceux-ci prennent le chemin des écoliers, vermillant ici, se souillant là, se frottant ailleurs (F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois,1945, p. 103). ♦ P. anal. [En parlant de qqc. qui se déplace] :
32. ... dans les premières installations, au lieu de revenir à l'usine par la voie qu'on lui offrait, le courant prenait le chemin des écoliers, s'échappait des rails et gagnait les conduites d'eau ou de gaz voisines qui lui offraient un chemin plus long mais meilleur, c'est-à-dire plus conducteur.
A. Soulier, Les Gr. applications de l'électr.,1916, p. 146. Fig. Elle [la jeune peinture française] revenait de la sorte à la tradition de la plus grande peinture par le chemin des écoliers (É. Faure, Hist. de l'art,1921, p. 222).− Loc. adv. ♦ À mi-chemin, à moitié chemin. Au milieu de l'espace à parcourir, au milieu du trajet. Rester, être à mi-chemin, à moitié chemin; reculer à mi-chemin du but. Les petites maisons qu'ils occupaient se trouvaient (...) à mi-chemin des deux chantiers (Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 166).P. anal. [En parlant de qqc. qui se développe sur un certain trajet que l'on parcourt] Un escalier étroit et raide qui se coudait à mi-chemin pour ménager la percée d'une fenêtre (Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 10). ♦ Chemin faisant. Tout en parcourant l'espace, tout en effectuant le trajet d'un lieu à un autre; tout en cheminant. L'empereur (...) se mit en route pour gagner le canot. Chemin faisant, il saluait (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 51).Au fig. Chemin faisant. Tout en faisant telle ou telle chose, par la même occasion, en même temps. Rem. Littré enregistre également la constr. en chemin faisant. ♦ En chemin. Au cours du trajet. Synon. en cours de route.S'arrêter, rester en chemin; rencontrer, rejoindre qqn en chemin; se quitter en chemin. Emma et Berthe l'accompagnaient dans sa promenade (...) en chemin, Berthe questionnait Édouard sur ce peuple des oiseaux (Chardonne, L'Épithalame,1921, p. 142).Fam. Semer qqn en chemin. Le distancer nettement alors qu'on effectue le même trajet. Au fig. En chemin. Avant d'aboutir, d'atteindre le terme, le but. L'homme qui se préoccupe des difficultés (...) résiste au mouvement qu'il faudrait suivre et demeure en chemin (Maine de Biran, Journal,1818, p. 105).Je me suis mêlé de paix et de guerre; j'ai signé des traités, des protocoles et publié chemin faisant de nombreux ouvrages (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 2).Ma pensée s'arrêta en chemin (S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 24).Proverbe. Qui trop se hâte, reste en chemin. ,,Il faut ménager ses forces, si l'on veut arriver à un but`` (Nouv. Lar. ill.) (cf. qui veut voyager loin ménage sa monture). 4. P. ext. [En parlant de qqn qui se déplace, mais en dehors de toute voie de communication proprement dite] Bien comprendre (...) la répartition des meubles, leurs distances (...) le chemin à faire d'un point à un autre (Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 56). ♦ Spéc., MAN. Entamer le chemin. ,,Commencer à galoper`` (Littré). Manger le chemin. ,,Avancer trop rapidement`` (Littré). − P. anal. [En parlant d'un corps en mouvement] Trajet effectué. Tu n'auras pas la surprise désagréable de rencontrer une jambe poilue sur le chemin de tes orteils (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 227).Déceler le chemin suivi par le virus (A. Calmette, L'Infection bacillaire et la tuberculose chez l'homme et chez les animaux,1920, p. 154).Chaque électron émis suit alors son chemin (Leprince-Ringuet, Des Atomes et des hommes,1957, p. 44). ♦ MAR. ,,Espace parcouru, en un temps donné, par un bâtiment`` (Bonn.-Paris 1971). Rem. Jal 1848 ajoute ,,Quelquefois : Vitesse du navire. Ainsi l'on dit : Ce bâtiment fait beaucoup de chemin, pour dire, il est bon marcheur, il est rapide, il suit sa route avec une grande vitesse``. ♦ BALIST. Soient F la force perturbatrice perpendiculaire au rayon vecteur et Ds le chemin parcouru par la lune pendant le temps Dt (H. Poincaré, Leçons sur les hyp. cosmogoniques,1911, p. 133): 33. ... dans le tir à courte distance, la trajectoire n'a pas toute la roideur désirable, la parabole s'exagère, le chemin du projectile n'est plus assez rectiligne pour qu'il puisse frapper tous les objets intermédiaires, ...
Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 439. ♦ OPT. Chemin optique. ,,Produit de la distance parcourue par la lumière dans un milieu homogène, isotrope et transparent, par l'indice de réfraction de ce milieu`` (Laitier 1969). B.− P. métaph. ou au fig. [Le but est un terme abstr. vers lequel conduit un mouvement linéaire et orienté] Voie suivie ou à suivre pour atteindre un but déterminé; ligne de conduite, suite d'actes orientés vers un objectif; moyen(s) mis en œuvre ou à mettre en œuvre pour parvenir à une fin. Chacun suit son chemin. Chacun est le prisonnier de son chemin. Il n'est pour chacun, sans doute, qu'un seul chemin (Audiberti, Quoat-Quoat,1946, 1ertabl., p. 30).Tu avais choisi les chemins les plus difficiles, la solitude, la pureté (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 257).Il ne faut pas nous arrêter à mi-chemin : il faut foncer dans la direction où nous venons de nous engager (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954p. 385).Mère, ce sont mes premiers pas sur les chemins de la perfection (Camus, Le Chevalier d'Olmedo,adapté de F. Lope de Vega, 1957, p. 769): 34. Son caractère le portait à prendre le chemin le plus court, en apparence le plus agréable, à saisir les moyens décisifs et rapides.
Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 278. 35. Je suis ici, l'autre est ailleurs, et le silence est terrible :
...
Je souffre, et l'autre souffre, et il n'y a point de chemin
Entre elle et moi, de l'autre à moi point de parole ni de main.
Claudel, Corona Benignitatis Anni Dei,1915, p. 422. 36. ... ils pensent trop vite; ils ignorent profondément que le chemin le plus court d'un point à un autre n'est pas toujours la ligne droite.
Green, Journal,1946, p. 50. − Montrer, ouvrir, tracer le chemin à qqn. Lui montrer la voie à suivre pour atteindre un but déterminé, lui donner l'exemple; être, pour lui, un guide, un initiateur. Anton. suivre le chemin tracé.Deux, mille ... chemins s'ouvrent devant qqn. Deux, mille ... possibilités ou moyens de parvenir au but s'offrent à qqn. Fermer le(s) chemin(s) de qqc. Ôter toute possibilité, priver de tout moyen de parvenir à quelque chose. On contracte une dette envers ceux qu'on a vaincus; on prend l'engagement tacite de marcher devant eux, de leur montrer le chemin (R. Rolland, Jean-Christophe,La Nouvelle journée, 1912, p. 1434): 37. Moi j'ai beaucoup évolué, mais c'est ma propre voie que j'ai suivie.
− On n'a pas des chemins tracés d'avance, dis-je. Le monde n'est plus le même, personne n'y peut rien; il faut essayer de s'adapter.
S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 177. − Sur le chemin de, en chemin de. En voie de, sur le point de, près de. Prendre, tenir le chemin de qqc. Tendre à quelque chose, aller à/vers quelque chose, être en voie de... Mettre qqn sur le chemin de qqc. L'inciter, l'entraîner à quelque chose, l'engager dans la voie de quelque chose. Ne pas en prendre le chemin. [Le suj. désigne une pers.] Être loin de faire, de penser ... quelque chose. [Le suj. désigne une chose] Être loin d'avoir lieu, de se produire. Le toast de l'Hôtel de ville était en chemin de se réaliser (MmeV. Hugo, Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie,1863, p. 37).Tu n'es qu'un niais si ta cousine, avant quinze jours, ne t'écrit pas tout aussi longuement, aisément, agréablement... − Elle n'en prend guère le chemin (Gide, La Porte étroite,1909, p. 544). − Aller, passer, suivre, poursuivre son chemin. [Le suj. désigne une pers.] Avancer, progresser sans faiblir, sans se laisser détourner de sa voie et de son but. [Le suj. désigne une chose] Progresser, s'étendre, se développer. Lui, il ne coupe pas les cheveux en quatre. Il va son chemin. Un homme quoi (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 179): 38. Il importe donc assez peu que la loi laisse ou refuse la liberté aux idées nouvelles; car elles vont leur chemin sans cela, elles se font sans la loi et malgré la loi, ...
Renan, L'Avenir de la science,1890, p. 363. − Grand chemin [cf. le (grand) chemin des vaches, supra I A 3 et chemin battu, supra I A 2 a]. 1. [P. réf. au fait que le grand chemin est une voie publique très fréquentée] Subst. abstr. + du grand chemin. Commun, de tout le monde : 39. ... La morale que M. Saint-Marc Girardin a prêchée dans ses cours avec beaucoup de suite et de piquant, c'est la petite morale, comme il l'appelait, celle de tout le monde, celle de la société et du grand chemin, celle de la religion sans doute, mais celle aussi de l'intérêt bien entendu...
Sainte-Beuve, Correspondance,t. 5, 1818-69, p. 312. ♦ Aller, suivre le grand chemin, son grand chemin. Mener sa vie en toute quiétude, selon la règle commune. Il ne suffit pas de suivre le grand chemin de la vie humaine, de naître, de se marier et de mourir (J. Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 226). 2. [P. réf. aux époques où des voleurs exerçaient leurs méfaits sur les grands chemins et les rendaient dangereux; cf. voleur de grand chemin, supra I A 2 a] Subst. de l'animé + de grand chemin.Qui est audacieux; qui ne craint pas le danger, les risques : 40. Ce qui me donne, dit le Marquis, un grand avantage sur beaucoup de gens, et notamment sur ceux qui calculent, (...) ceux qui prévoient, organisent, s'entourent des sécurités de leur intelligence (...) c'est que je suis un homme de grand chemin. J'ai reconnu en vous cette même volonté d'explosion. Nous abordons tout comme des ondes.
Giono, Angelo,1958, p. 211. Rem. Dub. enregistre le syntagme prendre le grand chemin, avec le sens de « ne pas s'embarrasser de petitesses ». − Fam. Aller, suivre son petit bonhomme de chemin. Avancer doucement mais sûrement. Je me suis mis à mon nouveau roman, La Bête Humaine ... Cela va son petit bonhomme de chemin, mon train ordinaire (Zola, Correspondance,1902, p. 711). − Être en bon chemin [Le suj. désigne une chose] Être en bonne voie de se produire, de se réaliser, de réussir; être près de parvenir à son terme. S'arrêter en si beau chemin, en si bon(s) chemin(s). S'arrêter si près de toucher au terme, renoncer sur le point d'arriver au but. Ne pas s'arrêter en si beau chemin, en si bon(s) chemin(s). Ne pas se contenter d'une réussite, faire en sorte de lui en ajouter d'autres plus déterminantes encore. Ce n'est pas tout, car la calomnie ne s'arrête pas en si beau chemin : on prétend que ... (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 220).Le progrès humain est arrivé à son terme ou est en bon chemin (Nizan, Les Chiens de garde,1932, p. 84): 41. C'était aux yeux du monde l'aveu de la défaite subie par nos ennemis dans cette bataille de Verdun (...). Le général Nivelle ne voulut pas s'arrêter en si bons chemins. Le 11 novembre, il m'exposa ses projets.
Joffre, Mémoires,1931, p. 272. − Aller dans le bon, le droit chemin. Se conduire bien, et en particulier avec droiture, loyauté, honnêteté. Combien de garçons, engagés déjà sur de mauvaises pentes, ai-je ramenés dans le droit chemin (R. Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1399): 42. C'était trop bête d'aimer, ça ne menait à rien. Puis, elle avait des scrupules, à cause du jeune âge de Zizi; vrai, elle s'était conduite d'une façon pas honnête. Ma foi! Elle rentrait dans le bon chemin, elle prenait un vieux.
Zola, Nana,1880, p. 1258. − Être à la croisée des chemins. Être au moment décisif où, dans une conjoncture difficile, il faut, entre plusieurs possibilités, entre plusieurs voies, en choisir une et que ce soit la meilleure : 43. « ... cette nuit encore il a dit à Paule : on est à la croisée des chemins ». Il le disait souvent et c'est par lâcheté que j'évitais de donner leur vrai poids à ces mots. « La croisée des chemins ». Donc aux yeux de Robert, le monde était en danger.
S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 38. − Faire du chemin. Avancer, progresser, gagner du terrain. Tu es dans la voie qui mène au pouvoir. − Il arrivera, dit Coralie. − Mais il a déjà fait bien du chemin en six semaines (Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 420).À travers d'incroyables obstacles, nous avons fait pas mal de chemin vers le mieux (De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 594): 44. Les vérités ne reculent jamais. Une fois levées sur notre horizon des nuages peuvent les voiler, mais elles reparaissent plus avant dans le ciel et pendant qu'on les croyait perdues elles ont fait du chemin et éclairent les masses.
Lamartine, Correspondance,1834, p. 72. ♦ Faire un joli, un beau, un fier chemin. La question juive (...) a fait un joli chemin depuis dix ans. (...) elle est au fond de toutes les discussions, elle préoccupe tous les esprits (Doc. d'hist. contemp.,t. 2, 1852-59, p. 54). − Faire son chemin. [Le suj. désigne une pers.] Avancer avec succès; progresser, dans la hiérarchie sociale, jusqu'à une position élevée; faire carrière, réussir. [Le suj. désigne une chose abstr.] Se développer avec succès, progresser vers un terme positif. Quand il sera grand, pour faire son chemin, faut un nom ... sans ça, on végète (E. Labiche, Frisette,1846, 15, p. 253).L'humanité fera son chemin sans les libéraux et malgré les rétrogrades (Renan, L'Avenir de la science,1890, p. 362).Mais le mot avait porté et, sans preuves, fit toujours son chemin dans l'esprit des Ligneul (Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 38): 45. − Ah! Je savais bien que Nicolas ferait son chemin! Ah! Voyez-vous comme on avance! C'est parce que nous restons toujours aux baraques, que nous sommes si pauvres. Mais Nicolas deviendra noble, ...
Erckmann-Chatrian, Hist. d'un paysan,t. 1, 1870, p. 117. − Prendre un chemin détourné, prendre un/des chemin(s) de traverse. Employer des moyens détournés. Ne pas y aller par quatre chemins. Aller tout droit au but sans user de moyens détournés ou de faux-fuyants. Synon. aller droit son chemin.J'ai l'habitude, reprit le géomètre, d'aller droit mon chemin : voici ce qui m'amène (Toepffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 233).Je n'aime point ces raisonnements qui vont, par chemins de traverse, à réduire ce que l'on me doit. Je veux être payé (Alain, Propos,1922, p. 407): 46. ... il ne peut jamais penser tout droit; il faut qu'il aborde toujours les idées de biais. De son biais, je l'accorde, et cela constitue déjà une originalité; mais, ne pas confondre l'originalité de l'itinéraire et l'originalité du but : prendre un chemin détourné, inhabituel pour atteindre un point connu, ce n'est pas explorer un pays neuf...
R. Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1409. − Chemin de fleurs, chemin de velours. Moyen, voie facile, agréable, d'atteindre le but auquel on tend. Fleurir le(s) chemin(s) de qqn. Lui faciliter les choses. Aplanir le chemin à qqn. Supprimer les difficultés, les obstacles susceptibles d'entraver sa progression. Trouver une/des pierre(s), trouver qqc. ou qqn sur son chemin. Se heurter à des difficultés, à des obstacles, à un adversaire qui entravent la progression vers le but auquel on tend. ,,Il me trouvera en son chemin, ou je le trouverai en mon chemin, je trouverai occasion de le contrecarrer`` (Littré). Se mettre sur le chemin de qqn, en travers du chemin de qqn. Lui créer des difficultés, entraver ses projets. Synon. couper, barrer le chemin à qqn.Sur le chemin de velours du stratagème s'organise toute une technique de la plaisance, une académie de flatterie (Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 6): 47. ... je me tue à lui sarcler ses heures, à lui embaumer son air, à lui sabler, à lui fleurir les chemins qu'il a semés de pierres. Ma récompense est ce terrible refrain :
« − Je vais mourir! La vie me pèse! »
Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 87. ♦ P. iron. Mener qqn par un chemin où il n'y a pas de pierres. ,,Le mener rondement, le traiter durement`` (Littré). Faire voir du chemin à qqn. Lui ,,susciter des difficultés`` (Nouv. Lar. ill.-Lar. 20e). − Trouver le chemin du cœur de qqn. Découvrir la façon, le moyen de susciter, selon le cas, ou la sympathie ou l'affection ou l'amour de quelqu'un. Je me flatte d'avoir enfin trouvé le chemin de son cœur, au bourgeois! Je l'ai incarné pour l'assassiner plus à loisir et plus sûrement (Villiers de L'Isle-Adam, Correspondance,1867, p. 113). − [Souvent en parlant des relations entre hommes et femmes] Faire la moitié du chemin. Prendre, auprès de quelqu'un, l'initiative des premières et nécessaires démarches pour créer − ou recréer − des relations avec elle. Il [Byron] n'avance jamais que lorsque la femme a fait spontanément plus de la moitié du chemin (Du Bos, Journal,1928, p. 225). ♦ [P. allus. à cette loc.] :
48. ... au lieu d'être sur la trace effacée de mon ancienne passion, je suis au contraire sur les traces de ma nouvelle, qui est déjà ma voisine un peu, et qui le deviendra davantage; car je consens à faire tout le chemin nécessaire, et, si elle veut faire le reste, nous ne serons pas longtemps à nous entendre.
Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 259. Prononc. et Orth. : [ʃ(ə)mε
̃]. Les dict. hist., de Fér. 1768 à DG, transcrivent [ə] muet. Cf. aussi pour les dict. mod. Passy 1914, Dub., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. [ə] muet est indiqué entre parenthèses ds Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob. et Warn. 1968. A ce sujet cf. Nyrop Phonét. 1951, § 89 : ,,Pour traiter à fond cette question de l'e féminin, il faudrait se lancer dans des considérations de phonétique syntaxique, distinguer entre les mots isolés et les mots en groupe, examiner ces derniers et étudier l'influence exercée sur la prononciation par le rôle grammatical des mots et leur place dans la phrase. Ainsi le mot chemin isolé, lu dans un dictionnaire, se prononce [ʃ
əmε
̃]; précédé de l'article il se prononce [lə
ʃmε
̃].`` Attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 « voie reliant un point à un autre » (Roland, éd. J. Bédier, 2426); 1538 se mettre en chemin (Est.); 1676 chemin de ronde, chemin couvert (Félibien Dict.); 1690 chemin du halage (Fur.); 2. p. anal. « ce sur quoi on fait passer quelque chose » 1680 technol. (tonnellerie) (Rich.). B. 1. 2emoitié xiies. « direction » son cemin torner vers (Aiol, éd. J. Normand et G. Raynaud, 10576); d'où l'emploi fig. ca 1360 aller le droit chemin pour (Frois., III, IV, 63 ds Littré); 2. ca 1306 fig. « moyen de parvenir à un but » (G. Guiart, Royaux Lignages, éd. J.-A. Buchon ds Chron. fr., t. 7, vers 1282). C. 1. 1489-91 a my chemin de (Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. 2, p. 78); 1498 emploi abstr. « distance, espace à parcourir entre deux points » (Id., ibid., t. 3, p. 194); 2. 1643 « trajet effectué par un objet en mouvement » (Fournier, Hydrographie, Paris, p. 707). Du lat. vulg. *cammīnus − attesté dans un texte esp. av. 680 (Du Cange t. 2, p. 52c : in camino) − d'orig. celte (FEW t. 2, p. 147a; Thurneysen, p. 52). Fréq. abs. littér. : 14 709. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 17 700, b) 22 791; xxes. : a) 23 402, b) 21 165. Bbg. Amiguet (A.). Un Régionalisme de charme : dévestiture. Vie Lang. 1961, p. 269. − Baldinger (K.). Die Bezeichnungen für Weg im Galloromanischen. In : [Mél. Rohlfs (G.)]. Tübingen, 1968, pp. 89-106. − Gottsch. Redens. 1930, passim. − Hochuli (E.). Einige Bezeichnungen für den Begriff Straße, Weg und Kreuzweg im Romanischen. Aarau, 1926. − Pauli 1921, p. 94. − Ribard (J.). Chaussée et chemin ferré. Romania. 1971, t. 92, no2, pp. 262-266. |