| CHARPENTE, subst. fém. A.− Assemblage de pièces de bois, de métal, de béton armé servant à constituer l'ossature fixe ou provisoire d'une construction. La charpente du toit, d'une église. Charpente de fonte (Zola, Le Ventre de Paris, 1873, p. 633); pièces de la charpente (Pesquidoux, Le Livre de raison, 1925, p. 141) : 1. En bas, pour ne point nuire aux marchandises, la décoration était sobre, de grandes parties unies, de teinte neutre; puis, à mesure que la charpente métallique montait, les chapiteaux des colonnes devenaient plus riches, ...
Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 626. 2. Le chalet était presque terminé. Il ne restait à poser que les tuiles du toit et à entreprendre les aménagements intérieurs. Les ouvriers venaient de fixer au sommet de la charpente le rameau de buis symbolique qui annonçait que la maison avait pris toute sa hauteur.
Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 276. − P. métaph. Éléments liés les uns aux autres qui composent la structure (par exemple de l'univers). Divine charpente [de l'univers] (Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1,1803, p. 20);un morceau de la charpente du monde (Loti, La Troisième jeunesse de Madame Prune,1905, p. 4). − P. méton. 1. Fabrication d'éléments de charpente. Une boutique de menuiserie et de charpente. 2. Lieu ou profession consacrée à cette fabrication. Il travaillait, il était dans la charpente. Dans la charpenterie (Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc,1910, p. 85). 3. Au sing. Matière sélectionnée pour cette fabrication (bois ou fer). Des magasins en charpente (Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 3, 1801, p. 302); arcs transversaux en charpente métallique (J. Galopin, Cours de lang. mar.,Matelotage et technol., 1925, p. 314). ♦ Bois de charpente. Bois propre à servir à la réalisation d'ouvrages de charpente (cf. Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane, 1802, p. 262). − Au sing. ou au plur. Pièce de bois ou de métal préparée pour l'assemblage en charpente. Synon. poutrelle.Un camion chargé de charpentes de fer (Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-cuir,1893, 4etabl., I, p. 128). B.− P. anal. 1. Domaine biol. a) ANAT. Ensemble des parties osseuses qui servent de soutien au corps humain. La charpente humaine; avoir une solide charpente. Synon. squelette, carcasse.Une charpente forte (Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 1, 1808, p. 40); charpente osseuse (A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 135): 3. La petite vérole (...) ne put rien contre ses muscles [du curé] nerveux et durs comme l'acier, contre sa charpente d'Hercule Farnèse.
F. Fabre, Les Courbezon,1862, p. 53. b) ARBORIC. Ensemble des branches principales d'un arbre (et plus généralement d'un arbre fruitier) (cf. É.-A. Carrière, Encyclop. hortic., 1862, p. 96) : 4. Son feuillage [d'un hêtre] était d'un dru, d'une épaisseur, d'une densité de pierre, et sa charpente (...) devait être d'une force et d'une beauté rares pour porter avec tant d'élégance tant de poids accumulé.
Giono, Un Roi sans divertissement,1947, p. 36. Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. charpentière « constituant la charpente » dans le syntagme branches charpentières (A. Arnoux, Rhône, mon fleuve, 1944, p. 226). c) BOT. Charpente d'une feuille. Ensemble des nervures (cf. Rob.). 2. Domaine littér.Plan, parties constitutives d'un ouvrage de l'esprit; ce qui en constitue la structure. La charpente d'une pièce de théâtre, d'un roman; une charpente malhabile, solide, logique. La charpente des tragédies d'Euripide (P. de Kock, L'Âne à M. Martin,1862, p. 65): 5. Thiers. − Son histoire de la révolution est la peinture des détails de cette grande époque, dont Mignet n'a donné que le plan et la charpente. On dit qu'il y a du mérite dans cet ouvrage; je le crois.
Delécluze, Journal,1826, p. 308. 3. Domaine de l'organisation sociale ou admin.Charpentes sociales (Taine, Philosophes classiques au XIXes., 1857, p. 216); charpente administrative (Morand, Chroniques de l'homme maigre,1941, p. 138): 6. Tout le Palais était ainsi bouleversé, traversé de grands courants de colère et de terreur, dans l'attente du cataclysme qui finirait par emporter l'antique charpente vermoulue de la justice humaine.
Zola, Vérité,1902, p. 78. Prononc. et Orth. : [ʃaʀpɑ
̃:t]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1563 « assemblage de bois servant de structure à un bâtiment ou à un toit » (B. Palissy, Récepte véritable, p. 41 ds IGLF : la charpante d'un bois couppé en la saison susdite); 2. 1726 fig. la charpente d'un sermon (Mémoires de Trévoux ds Brunot t. 6, p. 1398). Soit directement tiré de l'a. fr. charpent attesté au sens de « stature, corps » (xiies. Ph. de Thaon, Comput, 1735 ds T.-L.), soit, étant donné que charpent ne semble pas attesté apr. le xiiies., déverbal de charpenter* (FEW t. 2, p. 401a); l'a. fr. charpent est issu du lat. carpentum « chariot à 2 roues », d'orig. gaul. (ce chariot étant constitué par un assemblage de pièces de bois; cf. lat. mérovingien carpenta « pièce de bois », 662 ds Bambeck, p. 9); carpente « conduite, intrigues » (ca 1350, G. Le Muisit, Poésies, I, 153 et II, 232 ds T.-L.) est le déverbal de carpenter « machiner, tramer » (Gilles le Muisit et Froissart ds T.-L.), emploi fig. de charpenter*. Fréq. abs. littér. : 566. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 762, b) 825; xxes. : a) 1 095, b) 655. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 143. |