| CHARMILLE, subst. fém. A.− Vx. Plant, pépinière de petits charmes. B.− Charmes plantés et taillés pour former une allée, une haie, des palissades, des berceaux, des tonnelles de verdure. Charmille à la française (Versailles); allée, labyrinthe, rideau de charmille; émonder la charmille. Cette magnifique allée en berceau, fermée sur les côtés par des charmilles taillées en portiques (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 2, 1812, p. 231): 1. Vascœuil, admirablement frais dans cette chaleur. (...) des charmilles se fermant au bout et formant comme des boudoirs de verdure. Lieu d'intimité, de plaisir, de rêverie.
Michelet, Journal,1842, p. 410. − P. ext. 1. [En parlant d'autres arbres ou arbustes plantés et taillés tels que buis, églantiers, épine-vinette, ifs, etc.] La place de la Carrière (...) plantée de tilleuls taillés en charmilles (Gyp, Souvenirs d'une petite fille,1927, p. 21). 2. Berceau de verdure ou de fleurs. Un jardin microscopique, découpé en petites tonnelles de verdure, dont la charmille est assez épaisse, à la fin de mai, pour ne point permettre de voir au travers (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 5, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 25): 2. Ce n'est point connaître l'Italie d'aimer un Raphaël et tous les chefs-d'œuvre de Vénétie. Il faut surtout avoir été sous une charmille de roses, de liserons, d'acacias, d'orangers où ne jouent que d'innombrables lézards, des oiseaux et des abeilles.
Barrès, Mes cahiers,t. 5, 1906-07, p. 242. − Spéc., MODES : 3. ... les charmilles sont une garniture nouvelle; c'est un nombre considérable de feuilles très-serrées et dont les pointes seulement saillent en tous sens. Ces feuilles sont frappées à l'emporte-pièce, en soie sur soie, en percale sur mousseline.
L'Observateur des modes,t. 6, 1820, p. 128. Prononc. et Orth. : [ʃaʀmij]. [λ] mouillé à la finale ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Nod. 1844, Fél. 1851 et Littré; yod ds Land. 1834, Besch. 1845 et DG; DG note [i:] long, Passy 1914 [i:] mi-long. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. a) 1669 « plantation, pépinière de jeunes charmes » (Comptes des Bâtiments du Roi Louis XIV, I, 281 ds IGLF : L'arrachement de la charmille); b) 1732 « palissade ou haie de charmes » (Trév.). Dér. de charme*, nom d'arbre; suff. -ille*. Fréq. abs. littér. : 290. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 353, b) 571; xxes. : a) 487, b) 331. Bbg. Millepierres (F.). Promenade philol. parmi les arbres. Vie Lang. 1969, p. 131. |