| CHARITABLE, adj. Qui a la charité en lui, qui est la charité même. Dieu charitable (Chateaubriand, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 343 et G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Les Maîtres, 1937, p. 181). A.− [En parlant des pers. ou des composantes de la personnalité] 1. Qui a de la charité; qui pratique la charité envers son prochain. Blessé trouvé sur le bord de la route (...) et pansé par un passant charitable (É. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 204): 1. ... car être charitable c'est se donner, être amoureux c'est s'emparer d'autrui.
J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 201. − Spéc. Qui fait l'aumône, des aumônes : 2. Ils [les pèlerins indigents] vont souvent par la ville, de porte en porte, tendant humblement une moitié de calebasse desséchée qu'ils portent sans cesse avec eux. Les gens charitables y déposent leur aumône : une poignée de farine, une mesure de pois chiches, quelquefois même une petite pièce de monnaie.
Du Camp, Le Nil,1854, p. 287. 2. Qui a une attitude indulgente, compatissante : 3. Des deux écrivains, ici Voltaire est assurément le plus charitable, le plus humain, et partant le plus religieux.
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 185. − Fam. Particulièrement aimable. Ce n'est pas très charitable de votre part que de + inf. Joseph m'a fait remarquer, l'autre jour, que je rougissais comme un enfant pour un oui et pour un non. Ce n'est pas charitable de me l'avoir fait remarquer, parce que je ne pensais jamais à cette malheureuse disposition de ma nature (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 70). B.− [En parlant d'inanimés, en partic. d'institutions] 1. Qui est inspiré par la charité envers le prochain; qui a sa source dans la charité. Fondations charitables qui, dans l'intention de leurs auteurs, avaient eu pour objet de venir au secours des habitants (Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution,1856, p. 294): 4. ... c'était cet égoïsme qui rendait vain tout mon effort charitable. Je ne participais pas à cette douleur que je pansais. J'étais enfermée en moi-même, murée...
Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 266. Rem. Bureau charitable (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 448), confrérie charitable (Guéhenno, Journal d'une « Révolution », 1938, p. 67), synon. de bureau de charité, confrérie de charité (cf. charité I B 2 b). 2. [En parlant d'attitudes morales] a) Souvent iron. et/ou péj. Qui a sa source dans une charité plus ou moins fondée, dans le désir par exemple de ménager la sensibilité d'autrui. Mensonge charitable (Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 44). b) Qui pousse à pratiquer la charité, la bonté : 5. Tu as une propension à ne plus voir dans la vie que ce qu'elle a de triste. Que le Bon Dieu te bénisse! Ce pessimisme est charitable, assurément; mais il est déprimant. Veux-tu faire du bonheur? D'abord, sois heureux!
R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1261. − En partic. Qui pousse à pratiquer l'aumône. Les maximes charitables dont la générosité des heureux se plaît à envelopper les souffrances d'autrui (Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 77). Prononc. et Orth. : [ʃaʀitabl̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1172-1175 « qui a de la charité envers les autres » (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. M. Roques, vers 3277 : Si prodon ne si charitables); 2. 2emoitié xiiies. « de charité, inspiré par la charité » ouvraingne charitable (Rutebeuf, Mir. de Théophile, éd. G. Frank, 618). Dér. de charité*; suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 509. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 712, b) 777; xxes. : a) 855, b) 625. Bbg. Lyer (S.). Part. prés. actif avec le sens passif. Archivum Romanicum. 1932, t. 16, p. 294. − Rigaud (A.). Parlez-vous hexagonal? Vie Lang. 1969, p. 650. |